La nomination de Mona Fortier vue par plusieurs de ses proches

Le premier ministre Justin Trudeau, la ministre Mona Fortier et la gouverneure générale, Julie Payette. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – Élue en 2017 à la Chambre des communes, la députée franco-ontarienne d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a été nommée ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances, le 20 novembre. Pour plusieurs de ceux qui la connaissent, cette nomination vient récompenser le fruit de son travail acharné.

« J’ai reçu un texto de mon père me disant qu’il avait vu Mona arriver à Rideau Hall. J’étais en réunion, mais j’ai tout de suite allumé mon écran pour suivre l’assermentation en direct. Je ne peux pas cacher que les larmes me sont montées, j’étais tellement fière et contente pour elle! », raconte Marie-Andrée Hueglin.

Marie-Andrée Hueglin. Gracieuseté

Aujourd’hui enseignante à l’École élémentaire catholique Mgr-Rémi-Gaulin, à Kingston, Mme Hueglin a rencontré Mona Fortier au début des années 90 et a partagé une colocation avec elle.

« On s’est rencontré la première fois à l’Université d’Ottawa. Elle était co-animatrice à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et c’est grâce à elle que je m’y suis impliquée. Puis, quand je suis devenue présidente de Direction-jeunesse, elle présidait la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) au niveau national et nous a beaucoup aidés à militer pour la création du réseau collégial. »

Un succès de la FESFO

Car Mona Fortier a fait ses classes dans les organismes jeunesse franco-ontariens.

« Sa nomination est une histoire à succès pour la FESFO qui donne des outils aux Franco-Ontariens pour savoir comment s’impliquer », estime Stewart Kiff, qui a rencontré Mona Fortier plus tard, en 2002, au sein de la compagnie Nadeau-Beaulieu, avant de devenir partenaire d’affaires ensuite.

C’est également à la FESFO que Benoît Hubert a fait la connaissance de Mona Fortier, en 1991.

« On venait de deux écoles différentes, mais on se rencontrait pour des évènements militants. Elle était déjà passionnée, engagée et voulait changer les choses. »

Le rêve de Mona Fortier

Animatrice au sein de l’organisme, Judith Charest a rencontré Mona Fortier quand celle-ci n’était alors qu’une adolescente.

« Son rêve était déjà clair : elle voulait se lancer en politique et devenir première ministre! », sourit-elle.

Judith Charest. Gracieuseté

Raison pour laquelle Mme Charest n’a pas été vraiment surprise de la voir devenir ministre.

« Elle n’arrive pas de nulle part. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience de terrain, qui a toujours été très impliquée politiquement et qui a déjà un gros réseau. Ça accélère les choses. »


« C’est beau pour ses enfants de voir leur maman réaliser son rêve » – Marie-Andrée Hueglin


Ancienne directrice principale des communications et du développement des marchés au Collège La Cité, Mme Fortier a travaillé sur plusieurs campagnes de Mauril Bélanger, auquel elle a donc succédé comme député d’Ottawa-Vanier après la disparition tragique de ce dernier. Son appartenance au Parti libéral du Canada (PLC) ne date pas non plus d’hier.

« Depuis qu’elle est jeune, elle a toujours été très impliquée au sein du Parti libéral. J’ai l’impression que ce parti représente bien ses valeurs », poursuit Mme Charest.

Une nomination surprise

Sa loyauté fait partie de ses qualités, soulignent les personnes interrogées par ONFR+. Le parti ne s’y est d’ailleurs pas trompé lui confiant la coprésidence du Comité national de la plateforme libérale lors de la dernière campagne.

Mais en fin connaisseur de la politique, puisqu’il travaille comme lobbyiste à Queen’s Park, M. Kiff ne manque pas de souligner la performance de Mme Fortier d’accéder si vite à un poste de ministre.

« Elle a été choisie comme un des 36 ministres parmi 157 élus libéraux, qui plus est dans un château fort libéral comme Ottawa-Vanier, alors que d’habitude, le choix va plutôt vers des députés issus de circonscriptions plus concurrentielles. Cela démontre ses qualités et son leadership. »

Benoît Hubert. Gracieuseté

Une analyse que partage M. Hubert qui note la pertinence de son portefeuille.

« C’est un ministère névralgique par rapport aux priorités du gouvernement et elle devra sans doute travailler de manière horizontale avec tous les ministres. Je pense que c’est un excellent choix stratégique de la part de M. Trudeau, car Mona a une très grande capacité à communiquer et à rassembler les gens. »

Mme Charest insiste également sur la capacité de Mme Fortier à écouter et surtout à entendre d’autres idées que les siennes.

« C’est quelqu’un qui n’a pas peur de s’entourer de gens qui vont lui dire les vraies affaires. Quand elle a été nommée, elle m’a d’ailleurs appelé pour me demander de continuer à le faire », sourit-elle. 

Le drapeau franco-ontarien dans son cœur

Mais plusieurs défis existent pour la députée franco-ontarienne, reconnaissent ses proches.

« Il va falloir qu’elle clarifie la portée de son ministère », juge ainsi M. Hubert.

Mère de trois enfants, dont deux adolescents, elle devra aussi réussir à concilier son rôle de ministre et sa famille, ajoute Mme Hueglin.

« La politique, c’est très demandant et ça l’est encore d’autant plus pour les femmes ministres », rappelle-t-elle. « Mona va aussi devoir s’affirmer davantage. Mais pour ça, je n’ai aucune crainte! », plaisante Mme Hueglin.

Décrite comme « fonceuse et tenace » par M. Kiff, il lui faudra aussi apprendre la patience, estime Mme Charest.

« Mona est une femme d’action, qui a une bonne lecture de son environnement et qui est perspicace. Elle aime que ça bouge vite, ce qui peut être difficile dans la machine gouvernementale. »

Stewart Kiff. Source : Facebook AFO

La nouvelle ministre devra aussi gérer les nombreuses attentes suscitées par sa nomination de la part de la communauté franco-ontarienne.

« Je suis sûr qu’elle va très bien nous défendre. Elle a le drapeau franco-ontarien dans son cœur, elle ne peut pas faire autrement, c’est en elle! », dit Mme Hueglin.

Et M. Kiff de souligner : « Dès que je l’ai rencontrée, elle avait un objectif clair dans sa vie : celui de représenter les Franco-Ontariens au parlement! »