La Nuit sur l’étang, une tradition identitaire

La nuit sur l'étang en 1974. Gracieuseté
La nuit sur l'étang en 1974. Gracieuseté

SUDBURY – Événement incontournable de la culture francophone du Nord ontarien, La Nuit sur l’étang est de retour ce samedi pour sa 49e édition. Avec pour thème En voie d’évasion, la soirée mettra en vedette la relève artistique d’expression française et se tiendra en présentiel devant une centaine de participants à guichet fermé en plus d’être retransmis en ligne.

« Ça va faire du bien de revenir devant public! », lance Stef Paquette du groupe Les Bilinguish Boys en entrevue avec ONFR+.

« Je m’attends à une belle foule chaleureuse contente de revenir en salle », ajoute l’animatrice de la soirée, Chloé Thériault.

« Les organisateurs m’ont donné carte blanche. Je parle de musique, du quotidien et de comment j’ai traversé la pandémie. On va garder ça light et on va beaucoup rire », continue-t-elle.

Après deux ans de spectacles virtuels, La Nuit sur l’étang recevra une centaine de spectateurs au Collège Boréal. Ils pourront danser sur la musique de Meagan Bigras et Zachary Clément en plus de la chanteuse Patricia Cano.

Chloé Thériault animera sa première Nuit sur l’étang. Gracieuseté

Après avoir reporté le spectacle quatre fois en raison des restrictions sanitaires, les organisateurs ont choisi le thème « En voie d’évasion » pour exprimer leur soulagement d’enfin pouvoir le tenir. « Quand on accepte que la pandémie est là et que l’on continue de vivre, on s’en libère », explique le directeur artistique de l’événement, Pierre Paul Mongeon.

Aux origines de La Nuit sur l’étang

Créé en mars 1973 à l’Université Laurentienne, La Nuit sur l’étang a émergé à la suite du colloque « Franco-parole » alors qu’un gros party s’est tenu pour les gens qui étaient venus de très loin pour y participer. Environ 600 personnes ont participé à cette fête musicale francophone ce qui a provoqué la surprise générale dans la communauté.

Affiche de La Nuit sur l’étang en 1973. Gracieuseté

« On s’est alors rendu compte qu’il y avait un besoin criant pour la musique francophone dans le Nord de l’Ontario », raconte Pierre Paul Mongeon.

« Ma mère était enceinte de moi lors de la première Nuit sur l’étang alors c’est peut-être pour ça que je suis devenu musicien qui sait », ajoute Stef Paquette d’un ton rieur.

Remis année après année, l’organisation a développé plusieurs événements comme les ateliers de formation professionnelle « La Brunante ». Au fil du temps, la soirée a servi de tremplin pour de nombreuses grandes figures de la communauté comme Robert Paquette et Michel Paiement.

« Il y avait beaucoup d’artistes amateurs qui voulaient virer professionnels, La Nuit a offert un endroit et de l’équipement afin que les gens deviennent professionnels en musique francophone », raconte M. Mongeon.

Une fierté bien vivante

« Combien de soirées artistiques francophones peuvent célébrer 49 ans en Ontario? C’est vraiment quelque chose! », se réjouit Stef Paquette.

Stef Paquette, auteur-compositeur-interprète au lancement de la saison du MIFO. Crédit : Etienne Ranger Le Droit

Pour l’artiste, La Nuit sur l’étang représente bien un trait du caractère de la communauté francophone. « C’est toujours comme ça chez les Franco-Ontariens, on s’adapte et on fait preuve de résilience », commente-t-il en entrevue avec ONFR+.

Alors que d’autres festivals franco-ontariens ont pris une plus grande place dans le secteur culturel, La Nuit sur l’étang continue d’être un événement « identitaire » incontournable pour célébrer la culture francophone.

« Toutes les cultures et toutes les identités surtout en milieu minoritaire doivent avoir leur voix quelque part », affirme Pierre Paul Mongeon. « C’est important pour les gens que tu sois autochtone, que tu sois francophone ou ukrainien, qu’il y ait des artistes qui te représentent. Quand tu te vois à la télévision, quand tu t’entends à la radio, quand tu te vois dans les nouvelles, tu sais que tu existes. »