La Pride de Toronto à nu

La Pride de Toronto attirent les visiteurs par million. Archives ONFR+

Se déroulant ce week-end dans la Ville reine après une impasse de deux ans due à la pandémie, la parade de Toronto est le point d’orgue qui clôture les festivités du mois de la fierté. Plus d’un million et demi de participants y sont attendus dont beaucoup viennent de l’extérieur de l’Ontario et même en dehors du Canada, un pouvoir attractif qui s’explique par plusieurs éléments.

Très attendu par la communauté LGBTQ+, à plus forte raison après l’annulation des deux précédentes éditions pour cause de la Covid-19, le week-end de parade qui se déroule à Toronto du 24 au 26 juin, clôture le mois de la fierté en beauté.

« C’est un évènement majeur. Pour les jeunes gens de Sudbury par exemple, ou de Windsor ou encore d’Ottawa, c’est la seule fois dans leur vie où ils peuvent se retrouver dans un espace aussi vaste pour être à la fois vus et anonymes parmi les anonymes dans une foule. Pour ces jeunes, cet évènement est libérateur, ils en parlent toute l’année et l’attendent avec impatience », déclare Mathieu Chantelois, ancien directeur général de Pride Toronto.

Ceci étant, l’attractivité du festival dépasse les frontières ontariennes. En effet, selon le rapport de Pride Toronto traitant de l’impact économique de l’édition 2019, 5 % des participants sont venus d’au-delà les frontières du Canada et 30 % d’en dehors de la région du Grand Toronto.

Tout est une question de taille!  

« La Pride de Toronto a un grand pouvoir attractif parce que, tout simplement, ce sont les plus grandes festivités de la fierté en Amérique du Nord. Le défilé de Toronto attire plus de monde que celui de New York par exemple. Durant la parade dominicale, ce sont deux millions d’âmes qui dansent, qui s’embrassent, qui s’aiment et qui se sentent libres et eux-mêmes. Je pense que c’est ce sentiment extraordinaire qui attire les gens », livre Mathieu Chantelois.

Mario Longtin, habitant à London et participe aux festivités du week-end dans la Ville reine. Gracieuseté

Des propos qu’atténue quelque peu Mario Longtin qui participe aux festivités du week-end dans la Ville reine.

« Pour nous, Toronto est la grande ville en comparaison avec London où j’habite et où il y a très peu de clubs, de saunas ou de boîtes de nuit. À London, ça demeure communautaire alors qu’à Toronto l’évènement prend une autre dimension en termes de grandeur. Mais ce sont deux types de parades différentes, c’est comme comparer des pommes et des oranges. »

Et de concéder : « Pour certaines personnes, c’est difficile de s’afficher dans leur communauté gay par exemple, alors qu’à Toronto, ils sont immergés dans l’anonymat. Il y a ça aussi qui joue, à mon avis. »

« Mieux que le TIFF »

L’autre aspect, ô combien important, qui fait la renommée discrète de l’évènement est la manne économique qu’il génère.

« Les gens ne se rendent pas nécessairement compte de l’importance de cette Pride, y compris sur le plan économique. Les retombées dans ce domaine pour la ville sont plus importantes que celles du TIFF. Je vous mets au défi de trouver ce week-end une chambre d’hôtel libre à Toronto, c’est impossible », avance l’ex-directeur de Pride Toronto. 

Mathieu Chantelois (à gauche), ancien directeur général de Pride Toronto en compagnie de John Tory, maire de Toronto. Gracieuseté

Les chiffres ne sont pas pour le faire mentir. Toujours selon le rapport économique de l’organisme, en 2019, le festival a contribué à hauteur de 374 millions de dollars au PIB de la province et a généré quelque 149 millions de dollars en revenus fiscaux. De quoi donner envie aux responsables de la Ville de lui accorder une place de choix dans leur agenda.