La province lève le voile sur son plan en mathématiques et lecture

Le plan gouvernemental prévoit l'embauche d'un millier d'enseignants et une évaluation des élèves "normalisée". Source: Canva

TORONTO – Avec cette nouvelle feuille de route dotée de 180 millions de dollars et applicable dès la rentrée prochaine, le gouvernement veut redresser le niveau des élèves en mathématiques, écriture et lecture. Face à la promesse d’un millier d’embauches, les enseignants demeurent sceptiques.

Les intentions du ministre de l’Éducation sont claires : « revenir aux fondamentaux ». Stephen Lecce veut combler les lacunes des élèves enregistrées ces dernières années en concentrant les efforts sur les matières de base que sont les mathématiques, l’écriture et la lecture.

L’enveloppe de 180 millions, annoncée ce dimanche en conférence de presse à Toronto, portera sur l’année 2023-2024.

Près de 71 millions iront dans le soutien en mathématiques et 109 millions en littératie. Un millier d’enseignants supplémentaires aideront les élèves à développer leurs compétences dans ces deux domaines.

Cette annonce s’inscrit dans la droite ligne de la modernisation de deux importants programmes-cadres : mathématiques et langage.

Stephen Lecce, ministre de l’Éducation, a fait cette annonce depuis une succursale de la Bibliothèque publique de Toronto. Source : YouTube Gouvernement de l’Ontario

« Ce plan nous permettra de faire des avancées concrètes et signalera à toute la province que nous ferons encore mieux pour améliorer les compétences qui comptent réellement pour la réussite des enfants, depuis la salle de classe jusqu’au marché du travail », a notamment déclaré le ministre.

« Ce financement est une étape positive et nécessaire qui aidera les conseils scolaires de l’Ontario à changer leur approche de la littératie des jeunes enfants pour l’aligner sur les pratiques fondées sur des preuves », a assuré Alicia Smith, la directrice générale de Dyslexie Canada, présente lors de l’annonce.

Un millier d’enseignants en renfort

« En aidant nos enfants à acquérir des compétences solides et durables dans des domaines importants comme la lecture, l’écriture et les mathématiques, nous les préparons à réussir à long terme », a ajouté Patrice Barnes, son adjointe parlementaire.

Outre l’embauche d’enseignants additionnels (300 en mathématiques, 700 en littéracie), ce plan comprend, pour le volet mathématiques, le doublement du nombre d’accompagnateurs en salle de classe et la désignation d’un « leader en mathématiques » dans chaque conseil scolaire pour mettre en œuvre le programme-cadre.

Il prévoit aussi un accès élargi aux outils numériques et le maintien des services de tutorat virtuels dirigés par des enseignants en direct et axés sur les mathématiques. Les nouveaux enseignants devraient aussi recevoir une formation spécifique et être exonérés du coût des cours de qualification additionnelle.

Dans son volet littéracie, le financement servira entre autres à financer les postes d’enseignants spécialisés, à mettre en œuvre le programme-cadre et à évaluer le niveau de lecture des élèves du jardin d’enfants à la 2e année. Le ministre a évoqué l’instauration d’un « outil d’évaluation normalisé ».

Scepticisme syndical sur fond de pénurie de main-d’œuvre

 « Si le gouvernement est sérieux avec ce nouveau plan pour appuyer les élèves, il doit, une fois pour toutes, prendre le temps d’écouter les enseignants, car ce sont eux les mieux placés pour aider les élèves en salle de classe », a réagi Anne Vinet-Roy.

La présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) ne comprend pas comment le gouvernement compte recruter autant de professionnels de l’éducation.

Anne Vinet-Roy, présidente de l’AEFO (au centre). Crédit image : Rudy Chabannes

« C’est bien beau d’embaucher mais, pour y arriver, le gouvernement doit s’attaquer aux vrais enjeux de la pénurie qui menace notre système » – Anne Vinet-Roy

« C’est bien beau d’embaucher mais, pour y arriver, le gouvernement doit s’attaquer aux vrais enjeux de la pénurie qui menace notre système d’éducation. Et, par-dessus tout, pour évaluer les élèves en littératie, il faut aussi des outils adaptés pour les francophones et il faut leur assurer l’accès à des ressources et des services équitables de haute qualité en français, et ce, partout en Ontario. »

La représentante des enseignants francophones de la province estime que l’annonce d’aujourd’hui amène plus de questions que de réponses, « mais une chose est certaine : M. Lecce, n’oubliez pas que l’éducation, ça passe par une vraie collaboration avec les enseignants ».