La quête de Lumie : à la recherche de jeunes franco-ontariens afro-descendants
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Sabine Daniel est productrice chez Apartment 11 Productions. Elle produit l’émission Sunny’s Quest à TVOkids, qui connaîtra bientôt une version francophone à TFO, La quête de Lumie.
LE CONTEXTE :
L’émission veut montrer la diversité de la francophonie ontarienne en racontant les histoires quotidiennes d’enfants noirs de partout en province. Il est aussi possible, pour un enfant bilingue, de participer aux versions francophones et anglophones lors d’un même tournage.
L’ENJEU :
La productrice souhaite rejoindre les enfants des communautés rurales comme urbaines afin de dresser un portrait plus représentatif de la population et que les jeunes téléspectateurs se reconnaissent dans l’émission. La quête de Lumie sera diffusée à l’automne 2024. Il est possible de poser la candidature d’un enfant en cliquant sur ce lien pour accéder au formulaire, d’ici le 15 octobre.
« Quel est le concept de l’émission Sunny’s Quest?
C’est une émission qui met à l’avant-plan des enfants afrodescendants de 8 à 11 ans de partout au Canada. Pour la version française, qui s’en vient à TFO, nous voulons miser sur la population de l’Ontario. Nous cherchons autant dans les grandes villes, comme Toronto ou Ottawa, que dans les plus petites municipalités et dans les milieux ruraux, parce que l’immigration francophone a pris beaucoup d’ampleur. Nous voulons montrer cette diversité aussi rurale qu’urbaine. Nous voulons montrer que la population noire est multifacettes et que cette nouvelle génération vient de partout en Ontario.
Quel est l’enjeu de recrutement?
La version anglophone a été faite à travers le pays. Les Noirs au Canada ont 400 ans d’histoire, comme les francophones. L’enjeu, pour les Franco-Ontariens, c’est qu’on a une grande immigration francophone de première génération. Ces gens qui viennent de s’installer ont un héritage culturel riche, mais ne savent pas nécessairement qu’ils peuvent le partager dans une émission comme la nôtre, car nous ne le faisions qu’en anglais.
L’enjeu est de trouver des jeunes de 8 à 11 ans qui connaissent leur culture, ou peut-être pas tant que ça, mais qui veulent la partager à travers des danses ou des mets traditionnels, tout en montrant leur intégration dans leur ville.
C’est une émission qui met à l’avant-plan leur héritage culturel noir, mais qui montre en même temps le paysage qu’ils habitent à Timmins, Welland, Sudbury, Ottawa, etc.
Quels genres d’enfants cherchez-vous?
Nous voulons montrer l’excellence noire. Il y a des enfants qui excellent dans plein de domaines. Nous cherchons des enfants dynamiques et passionnés que ce soit de sport, de musique ou autres. Nous avons trouvé un poète dernièrement, un garçon qui aime le slam et qui en fait en français… nous cherchons aussi des gens qui font des choses atypiques et qui démontrent leur région.
En tant que productrice, l’enfant idéal incarne son identité nord-américaine, par exemple en jouant au soccer ou en faisant de la planche à neige. Et en même temps, quand il arrive à la maison, il mange des mets traditionnels avec ses parents, et il n’est pas moins franco-ontarien qu’un autre. Nous voulons voir et entendre l’environnement dans lequel ces enfants évoluent, leurs amis, leurs accents, leurs régionalismes.
Pourquoi la représentativité est-elle importante à la télévision?
Parce qu’on parle souvent de diversité, et ça s’arrête souvent à la couleur de peau. Ce que je prône en tant que productrice est que la diversité vient aussi de ton lieu et de ton environnement. Si tu habites à Ottawa ou à Timmins, les réalités ne sont pas pareilles, même s’il y a des traits communs. Cette diversité est dans les accents, dans l’environnement rural ou urbain, dans la proximité avec l’anglais et tout ce qu’il faut faire pour conserver notre langue.
Quand je suis arrivée en Ontario depuis le Québec, il y avait beaucoup d’immigration de la Somalie et du Rwanda, mais il n’y avait pas autant de diversité que maintenant. Le portrait des Franco-Ontariens a changé et je veux le refléter dans cette émission-là. Je veux montrer la diversité de l’Afrique, évidemment, mais aussi des Caraïbes. Moi, je suis d’origine haïtienne, mais il y a aussi la Martinique, St-Vincent et les Grenadines, la Guadeloupe, etc. Ce ne sont pas nécessairement des pays dont on parle souvent.
Par exemple, on vient de trouver une enfant qui habite à Embrun, qui connaît sa culture martiniquaise et qui, en même temps, aime rouler 12 kilomètres chaque fin de semaine sur les pistes cyclables de l’Est ontarien.
On cherche aussi des familles exogames, où les parents ne viennent pas nécessairement tous les deux d’Afrique, où il y a un parent anglophone et un parent francophone, etc.
Le fait d’être Franco-Ontariens n’enlève pas le fait d’être originaire d’un autre pays, qu’on y ait grandi ou pas. On veut conserver notre culture et marier les deux. La francophonie est plurielle. Et plus les enfants vont se voir et s’entendre avec leurs différents accents, les accents de leurs parents, plus ils vont se retrouver et plus ils vont être fiers de porter tous leurs drapeaux.
Comment se passe un tournage?
C’est un tournage sur deux jours. Nous cherchons aussi des enfants bilingues, qui pourraient participer autant en anglais qu’en français. Si l’enfant est choisi pour un tournage bilingue, c’est trois jours.
Nous voulons filmer tout ce qui rend l’enfant unique. Nous allons faire des recettes traditionnelles, le voir dans sa tenue traditionnelle. Nous allons aussi le voir dans ses activités dites canadiennes : nous allons faire de la raquette, cueillir des pommes, etc. Nous voulons mettre l’accent sur l’univers, et voir les paysages de l’Ontario, parce qu’on ne les voit pas assez. »