La sénatrice Gagné veut porter le flambeau

La nouvelle sénatrice, Raymonde Gagné (au centre), lors de son assermentation, le mardi 12 avril, accompagnée du sénateur ontarien, représentant du gouvernement au Sénat, Peter Harder et de la sénatrice franco-albertaine, Claudette Tardif. Courtoisie Sénat du Canada

OTTAWA –Successeur annoncée de Maria Chaput, la nouvelle sénatrice franco-manitobaine, Raymonde Gagné, sait que les attentes de la communauté francophone en contexte minoritaire sont élevées à son égard.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Ça a été deux semaines chargées, entre l’assermentation, les rencontres… C’est un apprentissage très intéressant! », explique Mme Gagné, entre deux rendez-vous, à #ONfr.

L’ancienne rectrice de l’Université de Saint-Boniface fait partie des sept nominations au Sénat annoncées, le 18 mars, par le premier ministre Justin Trudeau. L’absence de Franco-Ontariens à la Chambre haute avait suscité une certaine déception chez les francophones en contexte minoritaire, atténuée toutefois par l’arrivée de Mme Gagné.

Fraîchement assermentée, la Franco-Manitobaine fait partie des quelques rares francophones hors Québec à siéger au Sénat. Elle est donc consciente que les attentes sont élevées. D’autant qu’elle succède à une sénatrice très engagée en matière de langues officielles.

« Ce sont de grands souliers à remplir, mais je vais tâcher de porter le flambeau. En déposant ma candidature, je voulais faire une différence, faire avancer les dossiers qui me touchent et qui sont importants pour les Canadiennes et les Canadiens. »

Faire évoluer le Sénat

Ayant œuvré dans le domaine de l’éducation en français pendant 35 ans, elle aura forcément à cœur ce dossier, mais elle cite également le domaine de la santé parmi ses champs d’intérêt, ainsi que les affaires sociales, des sciences et de la technologie et la modernisation d’une institution qui fait débat au Canada.

« Le Sénat est une institution à laquelle je crois et qui n’est pas vouée à disparaître du jour au lendemain, si on se fie à ce qu’a dit la Cour suprême du Canada. Alors, autant s’y impliquer et la moderniser pour qu’elle réponde mieux à sa mission et aux attentes des Canadiens. Le Sénat est un lieu essentiel pour avoir des débats indépendants et libres pour améliorer la vie de nos citoyens. »

Malgré les critiques entourant le nouveau processus de nomination mis en place par le gouvernement Trudeau, Mme Gagné indique que c’est le discours de M. Trudeau et sa volonté de changement qui l’ont convaincue de postuler.

« C’était important pour moi que les nominations soient non partisanes et que les sénateurs soient indépendants car je ne voulais pas être affiliée à un parti politique. »

La sénatrice affirme qu’elle ne se gênera donc pas pour prendre des positions qui feront une différence, quel que soit l’avis du gouvernement fédéral, et pour travailler avec tous les sénateurs, quel que soient leurs appartenances politiques.

La piqûre au Nouveau-Brunswick

Originaire de Saint-Pierre-Jolys, au sud de Winnipeg, Mme Gagné se dit très sensible au développement et à la vitalité des communautés francophones vivant en situation minoritaire. Dans sa famille de neuf enfants, elle s’est, dès sa jeunesse, impliquée dans les organismes de la francophonie manitobaine.

« Ça n’est pas toujours facile au Manitoba d’avoir des services en français, mais il y a eu des progrès dans ma province comme dans tout le Canada. Aujourd’hui, nous avons certains acquis, mais encore de nombreux défis. Nous souffrons encore des ravages de l’assimilation et devons travailler à l’intégration des nouveaux arrivants dans nos communautés. Il faut toujours rester aux aguets pour nous épanouir. »

Ayant vécu trois ans au Nouveau-Brunswick, Mme Gagné a pu découvrir une autre réalité de la francophonie canadienne. Et c’est là-bas qu’elle a été influencée par la motivation et la force de caractère des francophones et des Acadiens de la seule province officiellement bilingue du Canada.

« Ça m’a donné la piqûre! », explique-t-elle.