La SSTA veut assurer l’avenir de la francophonie
SUMMERSIDE – La Société Saint-Thomas d’Aquin (SSTA) souhaite enrayer l’érosion de la communauté acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard en travaillant avec les écoles.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
L’avenir de la francophonie à l’Île-du-Prince-Édouard passe par les écoles, selon la SSTA qui avait choisi de consacrer son Assemblée générale annuelle au thème du rapprochement scolaire-communautaire, le samedi 15 octobre, à Summerside.
« Nous travaillons sur un plan de développement global pour les cinq prochaines années en commun avec la Commission scolaire de langue française (CSLF) », explique le président Guy LaBonté. « Les ressources sont rares et nous devons les maximiser en travaillant ensemble. Et puis, nous constatons que notre communauté traverse des difficultés. Il y a moins d’intérêt pour les organismes. Nous devons changer ça, si nous voulons que la francophone survive ici. »
Selon Statistique Canada, l’Île-du-Prince-Édouard comptait 5 685 personnes ayant le français comme langue maternelle en 2011, contre 5 880 en 2006. Une légère baisse de 3,3% qu’il ne faut pas négliger, selon M. LaBonté.
Preuve de cette volonté de rapprochement avec le milieu scolaire et d’encourager les plus jeunes à prendre le flambeau, ce sont les élèves de la classe de 10e année de l’École-sur-Mer qui ont reçu de l’ordre du mérite acadien 2016, qui récompense généralement un Acadien ou un Francophone « ayant contribué ou contribuant d’une façon exceptionnelle à l’épanouissement de la vie acadienne et francophone insulaire ».
« Ils sont les premiers élèves à avoir déposé une demande officielle pour une école secondaire dans leur communauté. Ils ont suivi leurs croyances et leurs convictions personnelles en choisissant de poursuivre leurs études secondaires dans une institution de langue française. Peu d’adultes feraient preuve d’une telle conviction », remarque M. LaBonté.
Et de poursuivre : « Si on embarque pas les jeunes de moins de 25 ans, il n’y aura plus de francophonie à l’Île-du-Prince-Édouard! Nous voulons qu’ils sortent de leur école avec un sentiment d’appartenance. Nous avons la chance d’avoir des écoles qui sont toutes des centres scolaires communautaires. Nous sommes tous réunis sous un même édifice, ça permet de travailler ensemble. »
Attentes envers le gouvernement provincial…
Le plan de développement global conjoint devrait être rendu public d’ici un ou deux mois, selon M. LaBonté.
Mais la SSTA compte également sur le gouvernement libéral de Wade MacLauchlan pour avancer sur le dossier de l’éducation et de la petite enfance.
Récemment, la CSLF a rejeté le projet d’une école secondaire unique pour desservir les élèves de la 10e, 11e et 12e années de la région Évangéline et de la région de Summerside, telle que proposée par le ministère de l’Éducation, du Développement préscolaire et de la Culture. Le CSLF souhaiterait plutôt ajouter le niveau secondaire à Summerside et rénover l’école Évangéline.
« On a de l’écoute de la part du gouvernement, mais les dossiers n’avancent pas vite », regrette le président de la SSTA qui dit attendre avec impatience le plan d’action du gouvernement, avec un échéancier précis, pour répondre aux recommandations du Comité consultatif de la communauté acadienne et francophone.
Présent lors de l’AGA, le premier ministre MacLauchlan n’a fait aucune annonce, alors que la SSTA souhaiterait que soient améliorés les services bilingues dans la province, notamment dans le domaine de la santé pour les aînés.
… et fédéral
Au niveau du gouvernement fédéral, la SSTA attend également beaucoup de Patrimoine canadien. Comme de nombreux organismes à travers la francophonie en situation minoritaire, l’organisme porte-parole des Acadiens et des Francophones de l’Île-du-Prince-Édouard espère une bonification financière dans le prochain plan d’action pour les langues officielles.
« Cela fait plus de dix ans que les budgets sont les mêmes », rappelle le président sortant de la SSTA qui rempile pour un nouveau mandat de deux ans, après avoir été élu sans opposition lors de l’AGA de samedi.
« Ça fait plus de 25 ans que je suis impliqué dans la communauté. Il faut toujours se battre, mais il y a beaucoup de dossiers intéressants, comme celui du développement touristique avec les Îles de la Madeleine ou les préparatifs entourant le congrès mondial acadien en 2019 qui s’étendra jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard et dont nous espérons qu’il laissera des legs pour la communauté. Sans oublier, en 2020, le 300e anniversaire de l’Ile Saint-Jean (rebaptisée Île-du-Prince-Édouard en 1799)! »