L’admission à 10 programmes en français rétablie à l’Université Laurentienne
SUDBURY – Le sénat de l’Université Laurentienne s’est opposé à la décision de suspendre les admissions de 17 programmes, dont 10 en français, mardi. Il donne ainsi raison au syndicat des professeurs de l’institution.
« Nous sommes satisfaits de cette décision. L’administration avait fait fi de la Loi [sur l’Université Laurentienne de Sudbury]. Seul le sénat a le pouvoir de décider si un programme universitaire ou les admissions à un programme universitaire peuvent être suspendus ou non », lance le secrétaire et trésorier de l’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne (APPUL), Jean-Charles Cachon, à ONFR+.
En août dernier, le syndicat des professeurs avait vertement critiqué la décision de l’Université Laurentienne de suspendre les admissions de 17 de ses programmes. Dénonçant « une décision unilatérale, sans consultation du sénat et des instances académiques », l’APPUL avait promis un recours judiciaire avec l’Association des étudiantes et étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF).
Finalement, l’avis juridique présenté aux membres du sénat, composé de membres du corps professoral, de représentants des étudiants et d’administrateurs dirigeants, a convaincu ces derniers de renverser la décision annoncée par le vice-recteur intérimaire et Provost, Serge Demers, dans une note de service datée du 30 juillet.
Cette mesure ne concernait pas les étudiants déjà dans le programme depuis au moins l’année dernière, mais plutôt ceux inscrits en première année. Mais par 24 voix contre 17, le sénat enjoint la direction de l’université à rétablir les admissions suspendues.
« C’est une décision qui n’avait ni queue ni tête et qui contredisait même un rapport du comité de planification économique. On se pose encore la question pourquoi la direction de l’université a voulu faire ça », s’interroge M. Cachon.
Une bonne nouvelle pour la communauté franco-ontarienne
Parmi les programmes visés, dix étaient des programmes en français, soit études de l’environnement/environnement durable, kinésie humaine, mathématiques, outdoor adventure leadership, ressources humaines, théâtre, anthropologie, archéologie, géographie et musique.
« C’est une décision vraiment importante pour la communauté franco-ontarienne », souligne M. Cachon, sachant que l’université offre 25 % de ses cours en français.
Pour Robert Lemay, elle arrive comme un soulagement. Le chargé de cours au département de musique ne cache pas l’inquiétude qui l’a saisi en juillet dernier.
« Pour nous, couper les admissions à la spécialisation en musique, où se trouve une grande partie de nos étudiants, c’était l’annonce de la fermeture du département d’ici quelques années », dit-il.
S’il reconnaît que les classes y sont moins occupées que dans certains programmes, il insiste sur l’importance du programme.
« En français, il y a toujours moins d’étudiants dans certaines disciplines, mais nous en attirons de toute la province, notamment de Toronto et du Sud de l’Ontario. Ils apprécient d’évoluer dans de plus petites classes où nous avons du temps pour eux et aussi, parce que nous leur offrons la possibilité d’obtenir parallèlement un diplôme en éducation afin de devenir enseignant. »
Son département, dit-il, a reçu l’appui de l’orchestre symphonique de Sudbury où jouent plusieurs anciens étudiants et qui accueille également des musiciens encore aux études.
« C’est une bonne expérience pour nos étudiants et ça fait plus de musiciens déjà sur place pour l’orchestre. La décision de fermer l’admission au programme aurait eu un impact très négatif sur la vie musicale à Sudbury. »
Être consulté
Pour autant, M. Lemay ne nie pas que des choses pourraient être améliorées au sein du programme.
« Nous sommes prêts à discuter de façons d’améliorer le programme pour le rendre moins cher, mais ce qu’on veut, c’est être consulté », souligne-t-il. « La décision de fin juillet nous est tombée sur la tête. Des parents dont les enfants avaient déjà payé leur année et qui étaient déjà inscrits en première année étaient très fâchés qu’on leur dise, quatre semaines avant le retour en cours, que les règles du jeu avaient changé. »
Joint par ONFR+, le recteur et vice-chancelier de l’Université Laurentienne, Robert Haché, n’était pas disponible pour répondre à nos questions. Son bureau a toutefois transmis un commentaire par écrit en réaction à la décision du sénat.
« Nous prenons note de la recommandation du sénat de l’Université Laurentienne, hier. Le Comité de la planification académique (COPA), un sous-comité du sénat, entreprendra ses travaux et discutera de ces programmes dès vendredi. »
Au moment de publier cet article, l’AEF n’avait pas répondu à la demande d’entrevue d’ONFR+.