L’AFO reformule ses demandes en santé

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TORONTO – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a présenté, ce mardi matin, une mise à jour de son livre blanc sur la santé afin d’améliorer les services pour les francophones de la province.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

S’il ne contient aucune nouveauté majeure, cette nouvelle version du Livre blanc sur la santé vise avant tout à « obtenir un engagement renouvelé du gouvernement de l’Ontario à rendre le système de santé plus performant ».

« Le premier livre blanc date de 2014. Depuis, il y a eu une réforme sur les services de santé et on a un nouveau gouvernement. Ce n’est pas les mêmes valeurs, les mêmes manières de faire les choses, donc c’était important d’avoir un document qui parle le langage du gouvernement actuel pour qu’il comprenne bien nos priorités », explique le président de l’AFO, Carol Jolin.

Tout au long du document, l’organisme n’hésite donc pas à adapter les demandes franco-ontariennes au discours du gouvernement progressiste-conservateur. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens cite ainsi la plateforme électorale du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, soulignant qu’un « système de santé qui ne fonctionne pas pour les patients, les personnes âgées et les familles est un système de santé qui ne fonctionne pas du tout ».

« On est une population qui est vieillissante, plus que la moyenne en Ontario. Ce n’est pas une question identitaire de vouloir des meilleurs services de santé en français, c’est une question de sécurité, d’éviter de mauvais diagnostics qui peuvent conduire à des hospitalisations prolongées et donc plus coûteuses », souligne M. Jolin.

Dix recommandations

L’organisme réitère donc ses demandes, formulées autour des trois enjeux que sont le renforcement de la collecte de données probantes, l’amélioration de l’accès aux soins de santé en français et l’élargissement du bassin des ressources humaines.

« L’objectif fondamental, c’est d’avoir plus de services de santé en français partout en province », précise Jacinthe Desaulniers, présidente-directrice générale du Réseau des services de santé en français de l’Est (RSSFE) de l’Ontario. « On s’attend à ce que le gouvernement fasse des investissements en santé. Pendant la campagne, il nous a parlé des soins de longue durée, de la santé mentale… On veut que tout de suite, quand il développera ces programmes-là, il prenne en compte la santé des francophones. »


« Même dans l’Est, il y a des lacunes et des trous de services » – Jacinthe Desaulniers, RSSFE


Pour ce faire, l’AFO fait dix recommandations. L’organisme réclame notamment un appui financier à la création de modèles de soins intégrés et novateurs en français, comme des carrefours multiservices et des centres de santé communautaire et de l’aide pour développer des formations en santé accélérées ou de mise à niveau pour répondre à la pénurie de personnel.

L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens continue également de militer pour que l’identité linguistique se retrouve sur la carte Santé de l’ensemble de la population ontarienne. Promise dans le budget libéral 2018-2019, cette demande pourrait se concrétiser bientôt malgré le changement de gouvernement, espèrent plusieurs intervenants en santé interrogés par #ONfr.

« Sans données, on ne peut pas bien planifier ni de mesurer », explique Mme Desaulniers. « Avoir l’identité linguistique sur la carte de santé c’est important parce que ça permet de savoir où les francophones se présentent pour avoir des services et quels sont leurs besoins. On a aussi besoin de savoir où sont les ressources humaines capables de livrer des services en français. Beaucoup de francophones ne savent pas où ils peuvent avoir leurs services en français. »

Quelques avancées

Quatre ans après la sortie de la première version du livre blanc, certains progrès ont toutefois été constatés, assure l’AFO. Parmi eux, la création d’un poste de sous-ministre adjoint, chargé des services en français au sein du ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Le poste a pour le moment résisté aux changements de parti politique au pouvoir à Queen’s Park.

« C’est un pas de géant, car ça faisait longtemps qu’on le demandait. Et on voit déjà des changements significatifs au niveau de la façon de prendre les décisions. Il y a une attention plus portée sur les services de santé en français », assure le président de l’AFO.

En revanche, l’Hôpital Montfort, mandaté pour aider l’accès aux services et appuyer les professionnels de la santé à travers toute la province, n’a pas reçu le financement nécessaire pour bien remplir sa mission.

« On est en discussions avec le gouvernement pour pleinement jouer ce rôle-là. L’idéal serait que chaque patient est un contact direct avec un intervenant, bien sûr, mais on sait que ce n’est pas toujours réalisable. Il faut donc utiliser la technologie dans les domaines où c’est possible. », explique le président-directeur général de l’Hôpital Montfort, Bernard Leduc. « À Kapuskasing, par exemple, des patients se sont retrouvés orphelins après le départ de leur médecin de famille. Via la télémédecine, un médecin à Montfort a pu prendre environ 80 de ces patients qui en avaient le plus besoin. Il y a plein d’initiatives possibles, il faut juste avoir les ressources pour le faire. »


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