L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) demande au gouvernement du Canada d’inclure la création d’une norme pour les soins de longue durée en français dans son projet de loi à venir sur les soins de longue durée sécuritaires. Source : Canva

OTTAWA – En juillet dernier, Ottawa avait lancé une consultation publique sur les soins de longue durée dans le cadre de l’élaboration d’une loi visant à améliorer la sécurité dans les centres de soins de longue durée. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) propose de nouvelles recommandations au gouvernement. Le but : bien intégrer la lentille francophone en situation minoritaire dans la loi

Des experts avaient déjà formulé des normes pour améliorer la santé des résidents, durant des consultations publiques, qui se sont terminées le 21 septembre. Les recommandations étaient d’améliorer les conditions de travail du personnel, l’amélioration de la collecte de données et l’ajout d’imputabilité en ce qui concerne la qualité et la sécurité des résidences.

L’AFO a transmis au ministère de la Santé une liste d’améliorations pouvant servir à l’élaboration de cette loi et en incluant la lentille francophone.

D’après l’AFO, il y aurait un lit pour 3400 francophones en Ontario. Archives ONFR

En entrevue avec ONFR, le président de l’organisme franco-ontarien, Fabien Hébert, explique qu’il y a des disparités entre les lits pour anglophones et francophones. 

«  En Ontario, on sait qu’il y a un lit pour 3 400 francophones, et la province de l’Ontario n’a pas de compréhension de ce qu’est un lit francophone.  »

D’après M. Hébert le reste de la population peut jouir d’un ratio plus important, soit un lit pour 170 Ontariens. 

C’est pourquoi l’AFO liste cinq recommandations. D’abord, l’organisme propose aux gouvernements la reconnaissance que le fait de vivre en situation linguistique minoritaire à un impact sur la santé des individus et constitue un déterminant social de la santé. 

«  Prenons l’exemple de la Loi 7, de la province de l’Ontario, qui enlève des ressources de la communauté.  »

D’après M. Hébert, à Toronto, de nombreux lits francophones sont occupés par la population anglophone. 

Des soins adaptés linguistiquement et culturellement

L’AFO demande à ce que le gouvernement définisse des standards de services de soins de longue durée pour les francophones qui comprennent, des soins culturellement et linguistiquement adaptés.

Fabien Hébert parle d’une participation à la vie sociale et récréative du foyer adapté culturellement et linguistiquement. 

«  Que toutes les activités francophones que les gens faisaient dans leur vie de tous les jours soient présentes. Pour les francophones de l’Ontario, on aurait la célébration de la Saint-Jean ou dans le temps des sucres, la tire sur la neige, par exemple.  »

«  On doit offrir une programmation qui est adaptée aux besoins de la communauté  », reprend-il. 

Fabien Hébert, président de l’AFO, interpelle le gouvernement pour inclure des normes francophones dans sa future loi fédérale. Archives ONFR

Des recommandations pour la création de normes

L’AFO souhaite aussi que dans l’élaboration de cette future loi, le gouvernement assure aux francophones l’accès, «  au minimum dans les régions désignées selon la loi sur les services en français de l’Ontario  », à des places en soins de longue durée comprenant le standard francophone (des soins culturellement et linguistiquement adaptés, des soins de qualité et sécuritaires et une participation à la vie sociale et récréative du foyer).

Dans sa 4ᵉ recommandation, l’AFO demande à ce que les gouvernements fédéraux et provinciaux, conjointement, mettent en place «  des stratégies agressives d’augmentation des ressources humaines francophones et bilingues  ».

Pour ce faire, M. Hébert propose d’augmenter les programmes, de façon équitable, dans la province et de les gouverner sous le Consortium national de formation en santé (CNFS). 

De plus, l’organisme suggère qu’il faille faciliter le processus de reconnaissance des diplômes étrangers « qui reflète les qualifications réelles et met fin au protectionnisme que démontrent certains ordres professionnels en Ontario  ».

Enfin, un standard de qualité devrait être obligatoire et comprendre un module général, un module de langues officielles et un module de prévention des infections, accessibles en français. 

Un moment charnière en santé 

Pour ce qui est de l’élaboration de la loi, il faudra certainement prendre son mal en patience. «  On sait que le système est en transformation  », estime le président de l’AFO. «  Je peux vous dire que de façon régulière, nous avons des rencontres avec les politiques et justement pour marteler ces idées.  »

M. Hébert pense que dans les prochains mois, il y aura un effort intensif. «  Une fois le projet de loi adopté, il faudra attendre de nombreux mois avant une application. Cela reste une possibilité d’avancement  », conclut-il.