Langues officielles : tous les ministres vont voter pour C-13, assure Trudeau

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau. Crédit image: Stéphane Bédard
Tous les ministres vont appuyer C-13, assure Justin Trudeau. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau assure que son gouvernement va voter en faveur de la refonte de la Loi sur les langues officielles et que celle-ci n’est pas en péril, même si l’opposition pense le contraire.

« Tous les ministres vont évidemment appuyer le projet de loi C-13 », a-t-il affirmé, vendredi après-midi en conférence de presse, questionné sur quel bord pencherait son gouvernement.

Le doute subsiste au sein des rangs libéraux, notamment depuis que le ministre Marc Miller a invoqué la possibilité de ne pas appuyer le projet de loi de sa collègue des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor. Il faut savoir que tous les ministres votent de la même façon au gouvernement par solidarité ministérielle et si l’un d’eux ne vote pas comme les autres, il peut perdre ses fonctions ministérielles.

Cette position de Marc Miller fait suite à près de deux semaines d’échanges d’opinions contraires entre députés sur la place publique. Des députés de circonscriptions anglophones du Québec, comme Anthony Housefather et Emmanuella Lambropoulos, ont déjà indiqué qu’ils voteraient contre C-13, si jamais la version actuelle était finale.

D’autres députés de l’île de Montréal n’ont pour leur part pas encore décidé alors que les députés francophones hors Québec chez les libéraux se disent en faveur du projet de loi. Le député franco-ontarien Francis Drouin avait qualifié certains propos de ses collègues de « show de boucane » et de « honteux ».

Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones ne ferme pas la porte quant à voter contre le projet de Loi C-13. Crédit image : Stéphane Bédard.
Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones ne ferme pas la porte quant à voter contre le projet de Loi C-13. Crédit image : Stéphane Bédard.

Justin Trudeau n’a pas voulu dire si le vote serait libre, sachant que les mesures contenues dans la plateforme électorale – comme c’est le cas avec la modernisation de la Loi sur les langues officielles – doivent suivre la ligne du parti.

« Je sais aussi qu’il y a des députés aussi – comme tout député – qui vont vouloir défendre et représenter les intérêts de leurs communautés. Ce sont des conversations que nous sommes en train d’avoir », a-t-il signalé.

Le secrétaire parlementaire de la ministre Petitpas Taylor, Marc Serré, estime de son côté qu’il ne sera « pas nécessaire » d’imposer une ligne de parti. Il pense que ce n’est pas « un ou deux députés du Parti conservateur qui votent contre ou deux députés du Parti libéral » qui vont faire balancer le vote.

« Regardez, ça va bien », a-t-il dit en référence aux délibérations en Comité des langues officielles, qui se sont tenues ce vendredi matin.

C-13 en péril selon l’opposition

Les partis de l’opposition croient que la dissension à l’interne chez les libéraux signifie que la refonte de la Loi est en danger.

« Oui », a répondu le porte-parole en Langues officielles chez les conservateurs Joël Godin, questionné sur un éventuel péril du projet de loi. « Ils ont perdu le contrôle », a-t-il ajouté soutenant que son parti, à l’heure actuelle, voterait en faveur de C-13.

Justin Trudeau a toutefois indiqué être derrière ses députés francophones et sa ministre Petitpas Taylor qui assure avoir la majorité nécessaire dans les rangs libéraux.

« Je peux vous assurer que C-13 va passer (…) C’est la solution qui va protéger les minorités linguistiques à travers le pays en reconnaissant qu’on a une responsabilité en plus de protéger le français incluant au Québec », a-t-il vanté.

Chez les néo-démocrates, les propos de Marc Miller viennent changer la donne.

« Je suis très troublé par les déclarations de Marc Miller. Je pense que c’est complètement inacceptable (…). On est en train de voir plein de libéraux qui sont contre, mais ça devient beaucoup plus sérieux une fois que c’est un ministre », estime la députée Niki Ashton.

Cette dernière possède la balance du pouvoir au sein de ce comité en départageant souvent les votes, alors que les libéraux votent à l’opposé du Bloc québécois et des conservateurs. Elle estime avoir beaucoup de discussions avec différents députés, mais n’est pas prête à qualifier cela de la pression de la part du gouvernement Trudeau pour qu’elle penche de leur côté.

« La pression qu’on voit émane des communautés (francophones) et on entend un message clair lors des dernières semaines. Le monde est très préoccupé que le projet de loi soit en péril. »