L’avenir du Centre Jules-Léger toujours incertain
TORONTO – Le gouvernement de l’Ontario accordera un sursis d’un an au Centre Jules-Léger et aux autres écoles spécialisées dans la province. Mais une menace de fermeture continue de peser sur ces établissements après la fin de la prochaine année scolaire.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufaultSÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz
Le ministère de l’Éducation est directement responsable de l’administration de cinq écoles spécialisées accueillant des élèves sourds, d’une école pour élèves aveugles ou sourds et aveugles, et de quatre écoles pour enfants ayant des difficultés d’apprentissage graves.
Depuis quelques semaines, l’avenir des écoles spécialisées se conjugue au conditionnel alors que Queen’s Park a entrepris une consultation pour savoir si ces établissements ont toujours leur raison d’être ou s’il est possible d’offrir « avec succès » les mêmes programmes dans les écoles publiques et catholiques de la province.
« Cette annonce (d’un sursis d’un an) ne garantit pas que les écoles resteront ouvertes », a déploré Carine Lafrance, directrice générale du Regroupement des parents et amis des enfants sourds et malentendants franco-ontariens
Le Centre Jules-Léger, à Ottawa, est la seule école de langue française pour les enfants sourds, malentendants et aveugles ou ayant des troubles graves d’apprentissage dans la province.
Quelques centaines de parents et d’enfants ont manifesté à Queen’s Park pour la survie des écoles spécialisées, jeudi 14 avril. Ils ont demandé à la province de s’engager à maintenir leurs lieux d’apprentissage au-delà de la prochaine année.
Talonné par l’opposition, le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a donné, la veille, le feu vert aux inscriptions dans les écoles spécialisées pour l’année scolaire 2016-2017. Mais il a refusé de s’engager à plus long terme.
« Le processus d’inscription dans les écoles spécialisées est ouvert pour la prochaine année scolaire », a fait savoir Liz Sandals, ministre de l’Éducation. « Nous n’avons pas encore pris une décision pour la suite des choses. Mais je peux vous assurer que nous cherchons un moyen d’offrir les meilleurs programmes possibles. »
« Très grandes distances »
Les écoles spécialisées offrent « des programmes formidables » pour les quelque 160 enfants qui les fréquentent à travers la province, affirme Mme Sandals. Mais étant donné qu’il n’y a que quelques écoles du genre, et une seule francophone, plusieurs de ces enfants « doivent se déplacer sur de très grandes distances », soupèse-t-elle.
« Nous écoutons les parents. Certains parents veulent garder le Centre Jules-Léger et d’autres veulent avoir les services près de chez eux », a expliqué à son tour Madeleine Meilleur, ministre déléguée des Affaires francophones de l’Ontario. « C’est tout ça que nous analysons présentement. »
Pour plusieurs parents francophones, le scénario idéal serait l’annexion du Centre Jules-Léger à un conseil scolaire de langue française.
« Le travail et les déterminations finales doivent être faites et prises par la minorité francophone, les parents et les autres acteurs du domaine de l’éducation, donc les conseils scolaires », estime Jean-Guy Perron, représentant des parents d’élèves du Centre Jules-Léger.
Le commissaire aux services en français, François Boileau, avait lui aussi recommandé l’an dernier l’annexion du Centre Jules-Léger à l’un des 12 conseils scolaires de langue française de l’Ontario pour que l’établissement jouisse d’une gouvernance « par et pour » les francophones. Sa recommandation est demeurée lettre morte.
« Pas assez », dit l’opposition
Les leaders de l’opposition à Queen’s Park ont pris part à la manifestation pour le maintien des écoles spécialisées, le 14 avril. Ils ont continué à réclamer du gouvernement un engagement ferme et à long terme pour les établissements qui sont situés à Belleville, Brantfort, London, Milton et Ottawa.
« Ces écoles sont importantes », a insisté à #ONfr le chef progressiste-conservateur Patrick Brown à sa sortie de la Législature. « Chaque élève qui a fréquenté (une école spécialisée) dit que c’est (une expérience) incroyable. Ça change la vie de ces élèves. C’est important que le gouvernement garde ce service. »
« Le gouvernement s’est comporté d’une manière odieuse avec les élèves et les familles qui dépendent de ces écoles », a pesté à son tour la néo-démocrate Andrea Horwath. « Le gouvernement a clairement pris sa décision avant de se lancer dans sa consultation. Nous avons réussi à le forcer à ouvrir les inscriptions pour une autre année. Mais ce n’est pas assez. »