Le conseil des ministres dévoilé à Ottawa
OTTAWA – Assermenté mercredi 4 novembre, le nouveau premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a dévoilé le nom des membres de son conseil des ministres. Plusieurs nominations étaient très attendues par les communautés francophones en milieu minoritaire.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
La veille de l’assermentation, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Sylviane Lanthier, rappelait, à l’occasion du lancement de la Semaine nationale de l’immigration francophone, à Saint-Boniface : « Le ou la nouvelle ministre de Citoyenneté et Immigration Canada aura un rôle très important à jouer dans l’avenir de nos communautés de langue officielle en situation minoritaire. (…) Nous l’avons dit au lendemain des élections, nous voulons travailler avec le nouveau gouvernement dans un esprit de collaboration et d’ouverture. Ceci dit, notre premier message au prochain ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, c’est que nous avons pris du retard au cours de la dernière année à cause de l’absence totale de mesures pour appuyer le recrutement d’immigrants francophones ».
Nommé à ce poste clé pour les francophones en milieu minoritaire qui comptent sur l’immigration francophone pour maintenir leur présence et assurer leur vitalité, John McCallum, député ontarien de Markham-Thornhill, se sait donc attendu de pied ferme. Son prédécesseur, Chris Alexander, avait suscité beaucoup de déception, notamment lors de l’abolition du programme Avantage significatif francophone.
Que deviennent les langues officielles?
Autre ministère surveillé de près par les francophones hors Québec, le poste de ministre du Patrimoine canadien et des langues officielles sera occupé par la députée québécoise, Mélanie Joly. Toutefois, la mention de « langues officielles » a disparu du nom du ministère. Une décision qui inquiète la FCFA.
« Est-ce la nouvelle ministre du Patrimoine canadien, l’honorable Mélanie Joly, qui est responsable des langues officielles, ou ce portefeuille fait-il partie des responsabilités directes du Premier Ministre, sachant que celui-ci s’est gardé les Affaires intergouvernementales? Ce n’est pas clair à ce moment. Ce qui est clair, c’est que personne n’en porte le titre, et ça envoie un drôle de message », note la présidente, Sylviane Lanthier, dans un communiqué.
Enfin, Marie-Claude Bibeau, députée de Compton-Stanstead et épouse du maire de conviction souverainiste de Sherbrooke, Bernard Sévigny, a hérité de la responsabilité de ministre du Développement international et de la Francophonie.
Présence francophone
Sur les 184 élus pour le Parti libéral du Canada, plusieurs députés francophones pouvaient espérer une responsabilité ministérielle. Compte tenu de sa forte percée au Québec, Justin Trudeau a nommé six ministres québécois. Outre Mélanie Joly et Marie-Claude Bibeau, Diane Lebouthillier au ministère du Revenu national, Jean-Yves Duclos, au ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social, Marc Garneau, au ministère des transports et Stéphane Dion, père de le Feuille de route pour les langues officielles, au ministère des Affaires étrangères ont été nommés.
Hors Québec, seul le député acadien de Beauséjour, Dominic Leblanc a hérité du poste de leader du gouvernement à la Chambre des communes.
Toutefois, le conseil des ministres compte de nombreux francophiles comme le néo-écossais Scott Brison, président du Conseil du Trésor, ou l’ontarienne, Catherine McKenna, nommée au ministère de l’Environnement et du Changement climatique.
L’Ontario sera particulièrement représentée au sein du conseil des ministres avec 11 ministres au sein d’un conseil qui en compte 30. Parmi eux, Kirsty Duncan hérite du ministère des Sciences, Carolyn Bennett du ministère des Affaires autochtones et du Nord, Patricia A. Hajdu devient ministre de la Condition féminine, Chrystia Freeland est nommée ministre du Commerce international, Jane Philpott est désigné ministre de la Santé et enfin, Bill Morneau occupera le poste de ministre des Finances.
Comme il s’y était engagé, le nouveau premier ministre a composé un cabinet paritaire avec 15 femmes et 15 hommes autour de la table.
Interrogé sur les raisons de cette parité, il a simplement déclaré : « parce que nous sommes en 2015 ».
L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) s’est réjouie de « cette décision du premier ministre de mettre un cabinet paritaire au service des Canadiennes et des Canadiens. »