Le couperet tombe sur la Maison Fraternité

La Maison Fraternité est située dans le quartier Vanier. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTAWA – Faute d’argent, la Maison Fraternité à Ottawa va devoir fermer son Centre résidentiel pour jeunes. Le seul centre uniquement en français en Ontario destiné aux jeunes affectés par le problème de la toxicomanie ne pourra plus offrir un service résidentiel.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

En cause : la Maison Fraternité a appris récemment que la subvention annuelle de 816 000 $ ne sera dorénavant plus renouvelée par le Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) de Champlain à compter d’avril 2020. Les RLISS sont des agences de santé régionale, directement sous le couvert de la province.

Conséquence : quelque 20 travailleurs devraient perdre leur emploi. On compte environ une vingtaine de jeunes de 12 à 21 ans qui chaque année bénéficient des services résidentiels de la Maison de la Fraternité, pour des séjours généralement de plusieurs semaines.

« Il y a trois ans, le RLISS nous a dit qu’on ne rencontrait pas les chiffres. On a essayé de leur faire comprendre que nous ne sommes pas une chaîne de montage, que l’on ne travaille pas avec les jeunes comme on travaille dans une industrie… On leur a suggéré de regarder le niveau de succès, ça n’a jamais fonctionné », laisse entendre Raymond Jacques, président de la Maison Fraternité.

M. Jacques affirme que le RLISS a fixé le taux d’occupation du centre à 89 %. Mais dernièrement, les cinq lits des résidents étaient occupés, selon lui.

Pour le responsable, c’est aujourd’hui l’inquiétude qui domine pour les jeunes. « S’il n’y pas de services en français, ils vont se tourner vers des services bilingues, donc des services qui vont être faits en anglais. »

Si les services du Centre résidentiel pour jeunes sont donnés à l’étage de la bâtisse située sur la rue Olmstead dans le quartier Vanier, des services de jours sont aussi offerts. Ces soins sont donnés si le traitement n’est pas jugé trop lourd.

L’ombre de Doug Ford?

À savoir si l’ombre du gouvernement progressiste-conservateur plane sur cette compression, M. Jacques donne un indice. « On a reçu la lettre une semaine avant les compressions sur les services en français annoncées par Doug Ford. La coïncidence est belle. Il y a un synchronisme entre la lettre et les annonces de Ford. C’est curieux. »

La Maison Fraternité continuera toutefois à offrir des services pour les jeunes et les adultes en proie à des problèmes de toxicomanie.

Malgré la date d’avril 2020 fixé par le RLISS, la fermeture pourrait arriver bien avant, pour M. Jacques. D’après ses informations, l’agence s’apprête à demander des soumissions pour offrir un service similaire.

À l’heure de mettre ces informations sous presse, le RLISS de Champlain n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue.