Le documentaire Un. Deux. Trois, nos identités franco-canadiennes, accessible dès ce soir
OTTAWA – Le documentaire d’ONFR+, Un. Deux. Trois, nos identités franco-canadiennes, sera présenté ce soir en primeur aux visiteurs du Centre national des arts (CNA) à Ottawa. Il sera ensuite diffusé sur les ondes de TFO à 20 h 30, puis accessible sur le site du diffuseur public par la suite. La réalisatrice Joanne Belluco a suivi la troupe d’Un. Deux Trois. de Mani Soleymanlou lors la portion ontarienne de sa tournée, et en a profité pour aller encore plus loin dans les conversations identitaires avec certains acteurs clés de la pièce.
La saison du théâtre français du CNA avait commencé en grand. La pièce Un. Deux. Trois, écrite par son directeur artistique Mani Soleymanlou, réunit 36 actrices et acteurs franco-canadiens qui s’interrogent sur leur identité et leur place dans notre société. Ce soir, pour clôturer la saison, le CNA présentera à 17h30 le documentaire UN. DEUX. TROIS, nos identités franco-canadiennes. La projection sera suivie d’une discussion entre la réalisatrice Joanne Belluco et Mani Soleymanlou. Une présentation de la prochaine saison artistique clôturera l’événement.
Joanne Belluco a sélectionné des acteurs qui incarnaient, selon elle, des personnages forts de cette pièce de plus de quatre heures.
La réalisatrice explique qu’ils avaient « un gros symbolisme sur les épaules, ce qui me permettait de structurer le documentaire autour de leurs identités multiples. » Elle insiste sur le côté pancanadien et international de ces questions, même si ses intervenants sont franco-ontariens : « Utiliser le prisme de l’Ontario pour parler d’une problématique générale. »
La pièce Un. Deux. Trois. part de la quête identitaire personnelle de Mani Soleymanlou. La création a commencé avec le solo Un. Réalisant que ses questionnements trouvaient écho chez les autres, la suite logique était d’ajouter « l’autre » sur scène. Emmanuel Schwartz s’est donc joint à lui pour Deux. Dans la partie Trois, ce sont 36 comédiens de partout au pays qui sont réunis.
« Les interprètes sont mis à nu dans la pièce, et ils se mettent encore plus à nu dans le documentaire. C’est hyper généreux » – Joanne Belluco.
Les textes de la pièce découlent de réelles discussions entre eux. Ils ont été confrontés à leurs propres propos, tel qu’exprimé par Dillon Orr dans le documentaire d’ONFR+ : « Chaque fois qu’on questionnait une réplique, on revenait le lendemain avec une nouvelle version du texte, avec mot pour mot ce qu’on disait. Et c’était interdit [de nuancer] parce qu’il ne fallait pas corriger nos clichés. »
« Ils se trouvent confrontés à leurs propres points de vue. C’est le courage des interprètes, car ils sont coauteurs de la pièce. Ils sont mis à nu dans la pièce, et ils se mettent encore plus à nu dans le documentaire. C’est hyper généreux », indique Joanne Belluco.
Ainsi, au fil de ses propres participations, chaque acteur s’est vu attribuer un rôle qui vient simplement grossir ses propres traits. En jonglant avec sa francophonie et son autochtonie, Chloé Petit incarne ces parties d’identités qui ont été invisibilisées. Dillon Orr, « le nouveau Franco-Ontarien » se retrouve en opposition avec Jean Marc Dalpé, le « grumpy old man ». Dans Un. Deux. Trois, nos identités franco-canadiennes, ce dernier affirme : « Ça a été très confrontant de me retrouver placé dans le théâtre. J’ai complètement assumé qu’on me tape dessus. »
Joanne Belluco aimait ce côté intergénérationnel et le fait que la pièce aborde parfois de nouveaux angles à ce sujet maintes fois abordé. Elle profite de la présence des interprètes pour aller plus loin dans ces discussions. Par exemple, Lionel Lehouillier dresse un parallèle entre l’identité queer et l’identité francophone. Le rapport à la langue française chez les personnes trans et non binaires est devenu son cheval de bataille.
Pour sa part, Dillon Orr explique que son rapport à la culture est bien différent de celui d’un Québécois. « Je n’ai pas ce poids de perdre une culture. Moi, ça fait longtemps que cette culture-là est perdue chez moi, » avance celui qui revendique le droit de parler anglais sans perdre son identité francophone. Le rapport entre le Québécois et le Canadien francophone est délicat, confrontant et représente une partie importante des discussions dans la pièce et le documentaire. Joanne Belluco espère d’ailleurs que son film sera vu par des Québécois.
Avec la partie Trois, Mani Soleymanlou voulait reproduire chez d’autres la démarche qui l’habitait à l’époque d’Un, « cet espèce de jet émotif par rapport à ce qu’ils sont. » Dans le documentaire de Joanne Belluco, il explique ne pas chercher de réponses à ces questions. « C’est un truc qui évolue sans cesse. La seule réponse que je peux donner, c’est que c’est en mouvance perpétuelle. »
Un. Deux. Trois, nos identités franco-canadiennes alimentera certainement les discussions. Comme l’explique la réalisatrice, « C’est d’aller plus loin sur la thématique de l’identité, en écho avec ce spectacle monumental. »
Un avantage collatéral est aussi d’apprendre à mieux connaître ces artistes de la scène franco-ontarienne. Le documentaire met en vedette Jean Marc Dalpé, Ziad Ek, Lionel Lehouillier, Dillon Orr, Chloé Petit, Caroline Raynaud et Mani Soleymanlou.
Joanne Belluco tient également à saluer « le courage de Mani Soleymanlou de se lancer dans cette aventure en tournée pancanadienne [à la levée des restrictions pandémiques]. Il y a une transgression, l’art est plus fort que la covid. Les artistes reprennent le pouvoir. L’audace de recommencer sur scène avec un spectacle pareil, c’est très excitant ».
En plus de la projection à 17h30 au CNA, le documentaire d’ONFR+ sera diffusé sur les ondes de TFO ce soir à 20h30. Il restera accessible sur le site web de TFO par la suite.