Le gouvernement critiqué à Queen’s Park sur sa gestion du blocus d’Ottawa

Blocage de la ville d'Ottawa en février 2022. Archives ONFR+
Blocage de la ville d'Ottawa en février 2022. Archives ONFR+

TORONTO – « Le gouvernement a tourné le dos à la Ville d’Ottawa », a fustigé, au premier jour de rentrée parlementaire, Lucille Collard. La députée libérale d’Ottawa-Vanier a épinglé, ce mardi en chambre, la gestion controversée du gouvernement au moment du siège d’Ottawa par les camionneurs en février dernier.

« Le gouvernement a manqué à l’appel », a déclaré l’élue ottavienne, à la lueur des conclusions du rapport Rouleau. « Quand les personnes d’Ottawa avaient besoin d’aide, M. Ford a décidé de ne rien faire. »

C’est le leader parlementaire et ministre des Affaires législatives Paul Calandra qui a défendu la position du gouvernement, estimant que le gouvernement avait rempli son rôle en prenant les mesures nécessaires. La province avait notamment déclenché en février son propre état d’urgence et délogé les manifestants qui entravaient l’accès au pont Ambassador à Windsor, point de passage névralgique des marchandises entre le Canada et les États-Unis.

Lucille Collard, députée libérale d’Ottawa-Vanier. Crédit image : Jackson Ho

Le rapport rendu public la semaine dernière souligne que « de nombreux témoins avaient l’impression que la province tentait d’éviter la responsabilité de répondre à une crise à l’intérieur de ses frontières. Il est difficile d’évaluer ces plaintes, car l’Ontario n’a pas participé pleinement à l’enquête. »

Le commissaire Rouleau y jugeait « troublante la réticence de la province de l’Ontario à s’engager pleinement dans des efforts visant à résoudre la situation à Ottawa ».

Manque de leadership selon l’opposition

« Ce n’est pas du leadership. C’est de l’inaction molle et les Ontariens méritent tellement mieux », avait réagi le camp néo-démocrate dans la foulée du rapport. Sa cheffe Marit Stiles a enfoncé le clou ce mardi, mettant en exergue le manque de responsabilité et de transparence du gouvernement dans cette crise.

Le rapport Rouleau a mis en lumière « l’absence d’engagement provincial au niveau politique », prenant pour exemple la chaise vide du gouvernement à la table politique d’une série de réunions tripartites entre le 3 et le 10 février.

Paul Calandra, leader parlementaire et ministre des Affaires législatives. Crédit image : Rudy Chabannes

« Il s’agissait de tentatives de réunir des responsables des gouvernements fédéral, provincial et municipal afin de coordonner une réponse intégrée aux manifestations », synthétise le document. Mais « le premier ministre Ford a dit au maire Watson qu’il ne pensait pas que ces réunions seraient productives ».

Même logique du côté de la solliciteure générale Jones qui était d’avis que « la réponse aux manifestations était une question d’application de la loi qui devait être traitée par le chef Sloly du SPO et le commissaire de la PPO, Thomas Carrique, et non par des responsables politiques ».

Lacunes dans les réponses à la crise

Le rapport Rouleau a par ailleurs expliqué que le ministère ontarien avait l’obligation légale de surveiller le rendement des commissions et de s’assurer de la prestation de services policiers adéquats et efficaces dans la municipalité. « J’estime que, compte tenu de ce que le ministère savait à l’époque, il aurait été préférable qu’il agisse », a conclu le juge Paul Rouleau.

« La décision du ministère de ne pas fournir à la Commission des services policiers d’Ottawa la formation qu’elle avait demandée pendant les manifestations – lui demandant plutôt de faire parvenir par écrit au ministère les questions qu’elle avait sur son rôle – est révélatrice d’une autre lacune dans ses réponses. »

Facteur aggravant que l’opposition n’a pas manqué de relever en cette rentrée parlementaire, le premier ministre avait également décliné la convocation du juge Rouleau à la tête de la commission chargée d’enquêter sur la légitimité du recours à la Loi sur les mesures d’urgence invoquée par Justin Trudeau. Doug Ford jugeait alors qu’il s’agissait d’une affaire policière plutôt que politique.

La province a certes produit un millier de documents, fourni le témoignage d’un sous-ministre et d’un sous-ministre adjoint, mais ni le premier ministre Doug Ford et ni la solliciteure générale (Sylvia Jones à ce moment-là) n’ont accepté de témoigner, invoquant le privilège parlementaire. Une fin de non-recevoir qui, selon la commission, a fait ombrage à « sa compréhension de la perspective de l’Ontario ».

« Le gouvernement n’a pas agi, notre privilège parlementaire ne doit pas être utilisé pour manquer de transparence », a répliqué en chambre la députée Collard.