Le marché du travail au beau fixe en Ontario, sauf dans le Nord
TORONTO – Sudbury, Thunder Bay et Brantford demeurent sous le niveau d’emploi prépandémique de 2019, selon un rapport du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF) publié ce mardi matin. Le reste de l’Ontario connaît, lui, une croissance au niveau de l’emploi, un taux de chômage en baisse et un taux d’emploi sans précédent chez les femmes.
C’est dans le Nord de l’Ontario que l’emploi est resté inférieur aux niveaux prépandémiques. Le rapport du Bureau de la responsabilité financière (BRF) déclare un taux inférieur à 2,2 % (le taux en 2019) pour le Grand Sudbury. De même pour Thunder Bay sous le niveau de 2019 avec un taux d’emploi de 2,1 %. Brantford reste sous la barre des 1,3 %, là aussi, sous le niveau prépandémie.
Peter Weltman, directeur de la responsabilité financière, a expliqué en conférence de presse, suite au dépôt de son rapport, que Sudbury et ces autres villes « ont toujours eu une croissance plus faible ».
« D’abord, les emplois prédominants dans ces régions n’arrivent pas à recruter, comme la santé. Peut-être parce que c’est difficile d’y aller, mais on constate aussi la perte d’intérêt pour les métiers de la foresterie, qui se trouvent en grande partie dans cette région », a-t-il précisé.
Paul Lewis, économiste en chef au sein du BRF, explique aussi que « certaines villes sont touchées par des développements lents dans l’industrie ».
« L’agriculture et les entreprises ont également perdu des employés », a-t-il ajouté.
Les régions du Nord ont toujours des difficultés d’embauches par rapport aux centres de pouvoirs, mais ces grandes villes remontent doucement la pente, puisqu’elles enregistrent tout de même une baisse du chômage.
Par exemple, dans le Grand Sudbury, le taux de chômage en 2021 était de 7,5 %, alors qu’en 2022, il est tombé à 4,3 %. Thunder Bay est passé de 7,3 % à 4,9 % et Brantford de 7,1 % à 5,1 %.
Une année vigoureuse pour l’Ontario
C’est la bonne et la mauvaise nouvelle à la fois. Bien qu’en 2021, l’Ontario observait déjà une hausse au niveau de l’emploi, selon le BRF, l’Ontario aurait eu la plus forte augmentation sur deux ans jamais enregistrée.
La création d’emplois s’est d’ailleurs poursuivie avec 338 300 nouveaux emplois, soit une augmentation de 4,6% par rapport à l’an passé.
À Vaughan ce matin, le premier ministre Ford et le ministre du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences, Monte McNaughton, ont été questionnés sur la pénurie de main-d’œuvre et sur ces nouveaux emplois à remplir.
« Le fédéral va faire venir du monde et 60% des immigrants vont atterrir dans le GTA, à Kitchener et partout en Ontario. Nous devons être prêts, nous avons les emplois, maintenant, nous avons besoin des logements », a déclaré le premier ministre.
« Grâce au gouvernement fédéral, nous avons un nouveau contrat d’immigration, ce sont 18 500 immigrants qualifiés qui vont venir pallier notre pénurie », s’est ravi le ministre de l’Immigration.
L’enquête classe trois grands groupes démographiques. Les jeunes de 15 à 24 ans, le groupe principal de 25 à 54 ans et le groupe âgé de 55 ans et plus. Cette création d’emplois a été surtout bénéfique chez les plus jeunes (15 à 24 ans), même si toutes les grandes catégories démographiques connaissent le plein emploi.
D’après le rapport, le taux d’emploi du groupe principal – soit la proportion de personnes qui disposent d’un emploi – a atteint le niveau record de 83,9 %. Les 25 ans 54 ans travaillent donc presque tous dans la province. Le taux de femme à l’emploi aurait quant à lui « grimpé à un sommet jamais atteint auparavant ».
Pour les plus de 55 ans, la croissance aura été plus lente avec seulement 2,2 % de travailleurs et de travailleuses en plus sur le marché. Une grande partie de cette population est aussi partie à la retraite (41,8 % en 2022). Ce niveau reste similaire à celui de 2019, indique le rapport.
« Mais il faut surveiller cette tendance puisqu’on entre dans une phase, où les baby-boomers, vont prendre leur retraite et ça a déjà commencé », a alerté le directeur du Bureau.
Ajoutons à cela que le chômage aurait baissé dans tous ses groupes démographiques.
Même si la pénurie de main-d’œuvre est toujours bien installée, le taux de chômage est au plus bas dans la province (5,6 %). Ce chiffre, qui indique la santé du marché de l’emploi, est identique à celui d’avant la pandémie.
Pour les jeunes, le chômage est passé de 22,1 % en 2020 à 11,5 % en 2022 (15,5 % en 2021).
Les grands secteurs industriels ont connu des gains d’emploi
Parmi les 16 principaux secteurs industriels de l’Ontario, il y en a 15 qui ont connu une croissance de l’emploi en 2022. Par exemple, le secteur de la construction qui a enregistré une croissance de l’emploi avec 49 300 nouveaux postes et occupations, soit une hausse de 9,2 %.
Plusieurs facteurs expliqueraient cette hausse du nombre d’employés salariés dans le domaine. La multiplication des contrats de constructions pour pallier la crise du logement, mais aussi le plan pour bâtir l’Ontario du gouvernement Ford, pourrait avoir généré cette augmentation.
Le secteur privé, les emplois permanents et à temps pleins sont au beau fixe.
Le salaire inférieur au taux de l’inflation
Pour la deuxième année consécutive, le taux de croissance du salaire horaire moyen est inférieur au taux d’inflation (6,8 % au moment de la rédaction du rapport).
Pourtant, les salaires ont augmenté en 2022 (4,2 %). Le rapport du BRF démontre que seulement deux secteurs parmi les 16 principaux groupes industriels ont vu leur salaire horaire moyen croître plus rapidement que l’inflation.
Le secteur scientifique et technique a enregistré la plus forte hausse de salaire sur un an, soit 9 %, suivie de très près par les services de l’hôtellerie et de la restauration avec une augmentation de salaire de près de 8,9 %.
Le secteur de la santé a également vu une augmentation de salaire de 4,3 %.
Par contre, la foresterie, les mines et le domaine de l’extraction du gaz et du pétrole ont enregistré une perte de salaire.
À noter que les augmentations de salaire pourraient déplaire à la Banque du Canada. L’inflation ne pourra retourner à la cible de 2 % en 2024 si la croissance des salaires persiste entre 4 % à 5 %. La Banque du Canada pourrait vouloir augmenter à nouveau son taux directeur, ce qui augmentera encore les taux d’intérêt.
Toujours trop d’emplois disponibles
D’après le rapport : « Les problèmes de recrutement se sont poursuivis en 2022. »
L’analyse montre que parmi la totalité des emplois offerts en Ontario, 36,3 % des postes vacants n’ont pas trouvé preneur après plus de 90 jours sur le marché. Ce serait « un record ».
Enfin, l’année 2022 aurait atteint un autre record : 5,2 %.
Ce serait le nombre d’employés qui se serait absenté pour des raisons de maladie ou d’invalidité pendant une semaine ou un peu moins.