Le rapport Clark déposé à une semaine du budget
TORONTO – Les libéraux de Kathleen Wynne auront entretenu jusqu’à la dernière heure le flou autour du rapport Clark, un document sur lequel le parti au pouvoir à Queen’s Park doit pourtant asseoir d’importants choix de trésorerie.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Après des mois d’attente et de spéculations, le rapport du panel d’experts avec à sa tête l’ex-banquier Ed Clark sera finalement rendu public le jeudi 16 avril, à une semaine seulement du dépôt du prochain budget de l’Ontario.
Le clan libéral a pourtant bien caché son jeu.
« Nous allons rendre publiques les recommandations (d’Ed Clark) avant le dépôt du budget », s’est borné à répondre jusqu’à la dernière minute le grand argentier Charles Sousa à la presse parlementaire, le 15 avril. « Nous aurons tous les détails d’ici quelques jours. »
On apprenait, une heure plus tard, que le rapport Clark allait être rendu public le lendemain matin à la suite d’un bref huis clos.
Contraste : un rapport d’une envergure comparable de l’économiste de renom Don Drummond qui a guidé d’importantes mesures d’assainissement des finances de l’Ontario, en 2012, avait été rendu public avec le même déploiement que le budget cette année-là.
Dossiers épineux
Le rapport Clark doit permettre aux libéraux de s’attaquer à deux dossiers épineux : celui de la privatisation partielle de la société de distribution et de transmission d’électricité Hydro One, et celui de la libéralisation de la vente d’alcool.
Le gouvernement Wynne pense dégager jusqu’à 16 milliards $ de la vente d’Hydro One et réinvestir cet argent dans l’infrastructure. Il pense aussi casser le quasi-monopole vieux de neuf décennies du Beer Store sur la vente de bière, afin de donner plus de points d’accès aux consommateurs.
Pour l’opposition à Queen’s Park, le dépôt du rapport Clark mettra fin à une longue attente. Mais il pourrait lancer de nouvelles hostilités.
Les progressistes-conservateurs ont d’ailleurs mis en garde le parti au pouvoir contre une clause qui pourrait, selon eux, rendre illégale ou tout simplement inutile la vente d’Hydro One à des intérêts privés. Il serait impossible, aux dires de l’opposition officielle, de privatiser la société d’État avant d’avoir fini d’éponger une dette du réseau d’électricité estimée à plus de 20 milliards $.
« Hydro One a une valeur sur le marché d’environ 16 milliards $. Ça veut dire que la société d’État dans son ensemble est hypothéquée. Je ne sais pas quel tour de magie (M. Sousa) va essayer de nous jouer », a pesté le chef progressiste-conservateur par intérim, Jim Wilson, à sa sortie de la Législature, le 15 avril. « Au final, peu importe la solution, ça va faire augmenter les tarifs d’électricité. »
« Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je sais que (M. Clark) a reçu des directives claires quant à la vente de biens publics, comme Hydro One. Il faut que le gouvernement pense aux effets de ces mesures sur le long terme. Pas seulement à court terme », a exhorté la chef néo-démocrate Andrea Horwath. « Assurons-nous de ne pas donner tout plein d’argent à Walmart », a-t-elle ajouté au sujet de la libéralisation de la vente de bière.
« Nous allons faire les choses de manière prudente et appropriée et dans le respect de la loi », a relancé le ministre Charles Sousa.