Le Salon du livre de l’Outaouais lance sa programmation
GATINEAU – Le Salon du livre de l’Outaouais (SLO) a lancé la programmation de sa 45e édition ce jeudi à la brasserie artisanale À la dérive, à Gatineau. Cette année, c’est une trentaine d’auteurs franco-ontariens qui seront au rendez-vous du 22 au 25 février. Jean Marc Dalpé jouera le rôle d’invité d’honneur pour l’Ontario français et Émilie Monnet recevra le prix littéraire Jacques-Poirier-Outaouais (PLJPO).
Le SLO explorera le thème À voix hautes, qui exprime l’envie de prendre la parole sans compromis, et de donner la parole à une pluralité de voix, dont certaines ont parfois été marginalisées. On retrouvera entre autres le cinq à sept Voix autochtones jumelé au vernissage de l’exposition 500 ans de résistance autochtone, basée sur le livre du même nom de Gord Hill, traduit par Marie C Sholl Dimanche et publié en français aux éditions Prise de parole (PDP).
La présidente d’honneur, Léa Clermont-Dion, rencontrera sur scène l’invitée d’honneur pour l’Outaouais, Michelle Lapierre Dallaire. La directrice générale de la Corporation du SLO, Mélanie Rivet, a commenté l’idée de cette rencontre au micro d’ONFR. « Toutes les deux, dans leurs œuvres, il y a une partie très personnelle, mais aussi une partie qui montre qu’il faut prendre la parole pour dire les choses telles qu’elles sont. »
Mélanie Rivet peine à nommer une seule activité coup de cœur parmi toutes celles proposées. Il y a l’accord vins-livres avec la sommelière Véronique Rivet et les auteurs Jean Marc Dalpé, Alexandre Jardin, Louise Portal et Ian Shaw, parrainé par l’Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français (AAOF). Il y a la nouvelle radio web parrainée par le Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC). Il y a les auteurs franco-ontariens Éric Mathieu, Mishka Lavigne et David Ménard qui agissent comme mentors pour un projet avec des jeunes et les éditions David.
Il est possible de consulter l’ensemble des activités proposées et de remplir son carnet de programmation dès maintenant sur le site du SLO.
Des dizaines de milliers de lecteurs
Plus de 500 auteurs et autrices seront présents pour des séances de dédicaces du 22 au 25 février. Plusieurs risquent d’attirer les foules, comme Catherine Girard-Audet, Patrick Sénécal ou Vincent Vallières.
Le jeune public aura la chance de rencontrer des écrivains en classe lors des tournées jeunesse, qui s’arrêteront dans près de 35% des cas dans des écoles franco-ontariennes. Près de 10 000 élèves de la région se rendent chaque année au Palais des congrès de Gatineau pour les visites scolaires.
Des caravanes littéraires sont aussi organisées afin de rejoindre des communautés hors des grands centres. Cette année, le SLO permettra également à des auteurs comme Michel Jean, Zachary Richard et Yves Beauchemin de visiter des résidences pour personnes âgées.
Bon an mal an, ce sont de 35 000 à 40 000 personnes qui profitent des activités du SLO. En 2023, ils étaient 42 000, selon Mélanie Rivet.
Un invité d’honneur tout désigné
C’est Jean Marc Dalpé qui porte le titre d’invité d’honneur pour l’Ontario français. Celui qui a écrit le mégaprojet théâtral Rome, dont le texte est publié chez PDP, se trouve un point commun avec le SLO dans l’idée de bâtir des ponts culturels entre Ottawa et Gatineau. Il s’exprime à ONFR : « Il devrait avoir une fluidité dans les échanges, certainement au niveau artistique, mais aussi au niveau des organismes et des organisations. »
Quand on lui demande ce qui définit un auteur franco-ontarien, il répond : « C’est celui ou celle qui veut bien l’être. C’est une identité qui est éminemment ouverte, inclusive. Il y a juste une chose qui fait qu’il y a un nous, c’est que nous avons envie de nous nommer ‘nous’. »
Celui qui est reconnu comme l’une des voix fortes ayant contribué à l’émancipation culturelle franco-ontarienne ne compte pas lâcher le combat identitaire. S’il voit la pluralité des voix et la variation des thèmes abordés comme des signes d’une littérature plus mature, il met en garde ses compatriotes contre une certaine « haine de soi ».
« Ceux qui connaissent un peu l’histoire savent que c’est tellement un vieux discours au sein de la réalité canadienne-française. Il y a toujours eu une élite qui ne voulait pas être canayenne (…) L’ouverture au monde, les différentes voix, ne pas toujours être dans la défense de la langue française, je l’accueille énormément. C’est juste que, des fois, ça glisse faire quelque chose d’autre que j’ai l’intention de combattre. »
C’est donc un thème auquel Jean Marc Dalpé réfléchira cette année, lui qui prévoit de se faire discret pour élaborer de nombreux projets qui pourraient aboutir en 2025.
Les honneurs pour Émilie Monnet
Le panel d’honneur complet du SLO 2024 compte une dizaine d’auteurs, comme la professeure en théories politiques et féministes à l’Université d’Ottawa, Dalie Giroux, et les autrices natives d’Ottawa, Marie Hélène Poitras, gagnante du Prix littéraire du Gouverneur général 2023 et Émilie Monnet, qui recevra au SLO le PLJPO pour sa pièce de théâtre Marguerite : le feu, publiée aux Herbes rouges.
Mélanie Rivet explique ce qui a séduit le jury. « Son œuvre est extraordinaire, fracassante, très forte. Émilie Monnet est une autrice de la région, d’origine anichinabée et française, que les gens de la région connaissent peut-être un peu moins. Et pourtant, dans le monde, elle rayonne fortement comme dramaturge et comédienne. »
Marguerite : le feu expose l’histoire de Marguerite Duplessis et, plus largement, celle des esclaves autochtones en Nouvelle-France. Le jury a aussi tenu à souligner le travail d’une autre dramaturge de la région, Mishka Lavigne, à qui ils accordent un prix coup de cœur pour la pièce Murs.
Si Mélanie Rivet et l’équipe du SLO assurent que c’est surtout la programmation particulièrement riche qui souligne le 45e anniversaire, ils marquent quand même le coup avec le lancement de la Bière de salon, un partenariat avec la brasserie artisanale À la dérive.
Le SLO aura lieu du 22 au 25 février au Palais des congrès de Gatineau.