Le Salon du livre de Toronto fait son retour en mode présentiel

Salon du livre de Toronto se déroulera les 19 et 20 mars. Archives ONFR+

TORONTO La 29e édition Salon du livre de Toronto (SLT) se déroulera les 19 et 20 mars à l’Université de l’Ontario français. Les bibliophiles seront servis par une riche programmation qui inclue des auteurs tels que Michel Jean et Natasha Kanapé-Fontaine. L’événement se tiendra en personne, sans limites de participant, et l’entrée est gratuite.

« On a hâte de rencontrer les gens, de serrer des mains et de se regarder à nouveau sans l’intermédiaire d’un écran. On est vraiment heureux! », lance Valéry Vlad, président du SLT en entrevue avec ONFR+.

« On aurait dû l’organiser en février mais, vu qu’il y avait des restrictions sanitaires, on l’a repoussé et on a visé juste. Il n’y a plus de limitation quant au nombre de participants », ajoute-t-il.

Alors que le SLT se tenait habituellement à la Bibliothèque de Référence à Toronto pour y accueillir entre 6 et 7 000 élèves, il se fera à l’Université de l’Ontario français puisque les écoles ont jugé qu’il était encore sanitairement trop tôt pour organiser des sorties, rapporte M. Vlad.

Le président du Salon du livre de Toronto, Valéry Vlad. Gracieuseté

Le SLT permet annuellement aux amateurs de livres de rencontrer leurs auteurs préférés de la francophonie canadienne en plus de faire découvrir les nouveautés du milieu littéraire.

« Quand j’ai participé à mon premier SLT, ça ne faisait pas longtemps que je vivais à Toronto », raconte l’autrice Tassia Trifiatis-Tezgel. « En y exposant, c’est là que je me suis dit Bon ok, je vis à Toronto. Je peux dire que je suis une écrivaine basée à Toronto. Je ne peux pas dire que je suis une autrice d’ici, mais je peux dire que je suis une autrice ici! »

Des activités sont prévues pour faire plaisir à toutes les générations de francophiles. Par exemple, les enfants pourront découvrir la batterie (toum et kak), le kalimba (piano à pouce) et une harpe africaine appelée zaa koua dans le cadre d’un atelier donné par le musicien d’origine camerounaise Njacko Backo. « Souvent ici les enfants ne savent pas que le français se parle en Afrique alors qu’il y a 27 pays francophones! C’est une grande découverte pour eux de rencontrer des artistes comme moi », explique l’artiste.

Le musicien Njacko Backo. Crédit image : Rodrigo Castro

« Dans une ville anglophone comme Toronto, il faut vraiment donner le goût et un sens à la langue française pour que les enfants y voient un avenir. Plus on travaille fort là-dessus, plus le bilinguisme va s’agrandir et ce sera bénéfique pour tout le monde! », ajoute-t-il.

Un héritage en question

Le thème mis de l’avant cette année au SLT est celui de l’héritage commun dans la diversité de la francophonie ontarienne. À ce titre, Tassia Trifiatis-Tezgel participera à une table ronde le samedi 19 mars à 15h avec pour sujet « L’héritage littéraire, un avenir de notre passé? ».

L’autrice Tassia Trifiatis-Tezgel. Gracieuseté

« L’héritage a toujours été un des thèmes qui revient dans mon œuvre, celui des identités multiples. Quand on sent qu’on n’a plus rien, qu’est-ce qui nous reste encore? », se questionne l’autrice québéco-greco-torontoise.

« L’héritage c’est ce qu’on a dans le passé et qu’on aura un jour. Celui de la francophonie ontarienne se construit au jour le jour. Chacun vient avec son héritage et cet héritage mis en commun est à tous. Un auteur qui écrit un magnifique livre sur les Grands Lacs africains, c’est également mon héritage même s’il n’y a rien de sanguin. Il faut de la paix et de la tolérance pour réussir cette alchimie », commente Valéry Vlad.

Incontournable Ukraine

Le Salon du livre de Toronto n’échappe pas à l’actualité. Afin de montrer sa solidarité envers la situation tragique du peuple ukrainien, le SLT a décidé de nommer Anastasia Baczynskyj comme présidente d’honneur. Ancienne directrice exécutive de la Ukrainian National Federation (UNF) de Toronto, de 2016 à 2021, elle est actuellement directrice de UNF rare books and archive collection, une association qui se propose de sauver des livres ukrainiens rares. 

Alors que l’identité du peuple ukrainien se voit niée, le SLT considère le livre comme une arme redoutable de défense du patrimoine culturel. « Le Salon du livre de Toronto et la UNF rare books and archive collection ont convenu d’un partenariat pour soutenir cette initiative qui se révèle d’une importance capitale compte tenu de la tragique situation en Ukraine », peut-on lire dans le communiqué de presse. 

L’autrice Anastasia Baczynskyj. Gracieuseté

Dans le contexte où de nombreux artistes d’origine russe voient leurs spectacles annulés un peu partout dans le monde occidental, Valéry Vlad précise sa pensée à ce sujet : « Les auteurs francophones d’origine russe sont les bienvenus au salon dans la mesure où ils prouvent qu’ils ne sont pas du côté des assassins du peuple ukrainien. »