Le sujet de l’avortement rebondit à Queen’s Park

Découvrez la vidéo du résumé de la semaine à Queen's Park par Jean-François Morissette.
Queen's Park. Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – Au lendemain du dépôt d’un projet de loi sur la création de zones sécuritaires autour des cliniques d’avortement, les libéraux et les progressistes-conservateurs se sont tous les deux accusés de faire de la politique sur cette question sociale.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Lisa MacLeod, députée du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario pour la circonscription de Nepean-Carleton, a déposé une motion en début de séance, le jeudi 5 octobre, dans le but d’accélérer l’adoption du projet de loi présenté la veille par le procureur général de l’Ontario, Yasir Naqvi.

Rapidement, la motion a été rejetée par les députés du gouvernement, stipulant que le projet de loi devait suivre son cours et passer dans les différents comités pour consultation. Toutefois, pour Mme MacLeod, le temps des consultations est déjà terminé.


« Ils ont consulté tout l’été, c’est un enjeu, nous devons aller de l’avant. » – Lisa MacLeod


« Il semble que ce n’est pas un enjeu prioritaire pour eux et ils font de la politique plutôt que d’aider les femmes », a insisté la députée du Parti PC.

Deb Matthews, vice-première ministre de l’Ontario, a affirmé que l’enjeu était primordial pour son parti, c’est pourquoi le gouvernement a proposé ce projet de loi. Mme Matthews ne s’est pas formalisée que son parti n’ait pas appuyé la motion présentée par Lisa MaCleod.


« Comme tous les projets de loi, nous croyons qu’il y a un processus qu’il faut respecter et les acteurs doivent avoir le droit de s’exprimer sur le sujet. » – Deb Matthews


Pour elle, l’enjeu ne pourrait pas être plus clair.

« Il y a des endroits où les femmes et du personnel qui travaille dans ces cliniques sont victimes de harcèlement et cela ne devrait pas être permis. Nous créons ces zones de protection pour empêcher que cela ne se produise », a martelé Mme Matthews.

Deb Matthews a assuré que le gouvernement ne faisait pas de la politique sur cette question sociale.

Indira Naidoo-Harris, ministre de la Condition féminine, a assuré que le projet de loi allait avancer le plus rapidement possible, mais n’a pas été en mesure de donner un échéancier avant qu’il ne reçoive la sanction royale.

Les valeurs de Patrick Brown attaquées

Le Parti libéral de l’Ontario n’a pas manqué l’occasion d’attaquer le chef du Parti PC, Patrick Brown, sur sa position sur l’avortement. Quelques minutes avant l’annonce du projet de loi, hier, Patrick Brown a publié une vidéo sur les médias sociaux pour déclarer qu’il était pro-choix.

Il a aussi accusé la première ministre Kathleen Wynne et son parti de vouloir « rouvrir les débats sur les enjeux sociaux ».

Deb Matthews n’a pas manqué l’occasion de rappeler que lorsqu’il était député du Parti conservateur du Canada, il avait voté en faveur d’une motion pro-vie.

« Il a une curieuse feuille de route et il est clair qu’il va devoir s’expliquer. Je crois qu’il doit aux Ontariens un peu de clarté », s’est-elle exclamée.

Sur Twitter, Patrick Brown a assuré soutenir la motion présentée par Lisa MacLeod et a relancé la balle du côté des libéraux.

Le NPD en faveur du projet

Jennifer French, députée d’Oshawa pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, s’est pour sa part dite en faveur de la motion de Mme MacLeod.

« Nous parlons de sécurité des femmes et d’en faire un enjeu politique, c’est décevant et embarrassant », a-t-elle déclaré.

Le mercredi 4 octobre, le procureur général, Yasir Naqvi, et la ministre Naidoo-Harris ont déposé un projet de loi pour « assurer l’accès sécuritaire aux services d’interruption volontaire de grossesse ».

S’il est adopté, des zones d’accès aux cliniques seront créées dans un rayon de 50 mètres du bâtiment où sont prodigués les soins. L’étendue pourrait être augmentée jusqu’à 150 mètres au besoin, a indiqué le ministre Naqvi.

La Colombie-Britannique, le Québec et Terre-Neuve et Labrador ont déjà adopté des lois similaires.