Les aînés, une population vulnérable au cœur du livre blanc de l’AFO
TORONTO – Dans son livre blanc sur le vieillissement des francophones, dévoilé ce lundi, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) incite à une meilleure implication gouvernementale et communautaire pour développer les services en français et sortir les aînés de l’isolement.
Le document d’une trentaine de pages, qui s’appuie sur des statistiques, les résultats d’un sondage en ligne et d’une concertation menée dans cinq régions, met en avant cinq recommandations majeures.
- Accroître l’accès à des données pertinentes et récentes
- Réduire la vulnérabilité des aînés francophones
- Améliorer l’offre de services communautaires
- Accroître l’offre de soins de longue durée
- Adopter une stratégie intégrée sur le vieillissement
L’AFO recommande notamment de lancer des études sur les communautés les plus vulnérables comme les nouveaux arrivants, les LGBTQ+, les premières nations et ceux vivant des défis socio-économiques. Les données recueillies permettraient de mieux cerner la réalité et de mieux répondre aux besoins des francophones dans leur diversité.
Afin d’accroître l’offre de services de soins de longue durée en français, l’AFO demande au gouvernement de concevoir une stratégie assurant que des soins de longue durée, des services de jour, des programmes d’aide aux aidants naturels et des services de santé en français soient disponibles partout en province.
Un comité provincial de surveillance
L’organisation porte-parole des Franco-Ontariens entend faire aussi pression au niveau municipal pour s’assurer que des services sociaux et communautaires soient disponibles dans toutes les régions. Et pas seulement dans le domaine de la santé. Le livre blanc souligne des besoins en matière de transport, de logement et de sécurité financière.
L’AFO et la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) vont à présent travailler ensemble à la mise sur pied d’un comité provincial de surveillance.
Cette gouvernance francophone sera chargée de suivre les dossiers liés au vieillissement et épaulera l’AFO dans ces activités de lobbying auprès des parlementaires et des ministres provinciaux.
« On cherche des gens innovateurs et qui ont un sens politique pour mettre en place des stratégies », disent les deux organismes.
Des aînés en grande demande
« Il n’y a pas beaucoup de services en français ni de résidences pour les francophones », estime Carmène Sangaraille. « On attend trop longtemps pour entrer dans un établissement. Je suis embarrassée quand on me parle en anglais. Je comprends mais j’ai des difficultés à répondre tranquillement. Il faut qu’on ait tout à portée de la main et au même endroit. »
Sylvie Lavoie trouve que l’accès à l’information est compliqué en Ontario.
« La province devrait s’inspirer du Québec », pense-t-elle. « Ils ont un site web qui centralise tous les hébergements et un logiciel qui permet de faire des recherches suivant le lieu et la spécialité demandée. »
« Les maisons bilingues, c’est mieux que rien mais vaut mieux des hébergements francophones au complet », confie Mireille Ouelète. « Les gens s’expriment en français au début mais finissent toujours par parler en anglais. En général, la langue majoritaire prend le dessus. »
Un gouvernement difficile à convaincre
« Il faut ramener ensemble les différents joueurs sur ce dossier pour mettre la pression sur le gouvernement, car c’est lui qui a la responsabilité d’offrir des services les plus équitables et les plus accessibles possibles en français partout en Ontario », estime Jean-Rock Boutin, le président de la FARFO.
L’affaire n’est pas simple depuis l’éclatement du ministère de la Santé en trois ministères : Santé, Soins de longue durée et Services aux aînés.
Raymond Cho, ministre des Services aux aînés, l’a rappelé lui-même, donnant un précieux conseil aux instigateurs du livre blanc.
« Assurez-vous que vous avez le support du ministère des Affaires francophones », comme préalable à toute démarche dans le domaine de la santé et des aînés.
Annoncée comme une priorité du gouvernement dans sa réforme de la santé, la réduction des listes d’attente dans les foyers de soins de longue durée ne s’est pas toujours traduite par l’annonce de la construction de nouvelles résidences francophones de longue durée ces derniers mois.
« Le timing est bon pour proposer de nouveaux modèles au gouvernement et aussi se faire entendre auprès des municipalités », juge Carol Jolin. « Le vieillissement de nos aînés est un enjeu primordial que l’on va suivre de très près. »