Les candidats conservateurs s’attaquent… en français

Le Parti conservateur du Canada tenait son troisième débat à la chefferie, mardi 17 janvier, à Québec. Crédit photo: #ONfr

QUÉBEC – Seul débat organisé uniquement en français, la troisième des cinq confrontations prévues entre les candidats à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC) a permis de jauger le niveau de français de chacun des prétendants qui se sont livrés à quelques échanges tendus… en français.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Les candidats à la chefferie conservatrice se savaient surveillés sur leur capacité à parler en français, le mardi 17 janvier, à Québec. Dès le début de ce troisième débat, plusieurs en ont profité pour lancer un message clair sur l’importance du bilinguisme pour le futur chef de leur parti.

Le candidat ontarien Michael Chong s’est ainsi présenté comme un ami des francophones. « Un francophile qui croit dans le fait français et qui souhaite le défendre en Amérique du Nord », a-t-il souligné.

M. Chong fait partie des huit candidats sur treize qui peuvent être considérés comme bilingues avec Maxime Bernier, Steven Blaney, Chris Alexander, Andrew Scheer, Rick Peterson, Pierre Lemieux et Andrew Saxton.

Pour Erin O’Toole, comme pour Lisa Raitt, Brad Trost, Deepak Obhrai et Kellie Leitch, le défi s’annonçait de taille. Mais malgré leurs difficultés, cela ne les a pas empêchés de débattre en français, dans un langage souvent approximatif, parfois incompréhensible, en lisant leurs notes ou en renvoyant les militants à leur site internet, comme l’a fait à plusieurs reprises M. Obhrai.

Le candidat albertain a semblé à plusieurs reprises s’excuser pour son français laborieux.

« Je parle six langues. J’apprends, j’apprends, j’apprends… », a-t-il notamment lancé.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada n’a pas manqué de souligner les efforts des candidats à la chefferie conservatrice.

À l’issue du débat, le politologue au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), André Lamoureux, se montrait agréablement surpris.

« Même si Lisa Raitt ou Deepak Obhrai, par exemple, ont souvent dû coller à leur texte et que ça a été parfois difficile pour certains, ça s’est beaucoup mieux passé que je pensais. »

Le recours fréquent à leurs notes pour certains candidats semble toutefois confirmer l’inquiétude de certains militants, comme le rapportait le journal Le Devoir, qui craignaient que les candidats n’aient accès aux questions au préalable. Mais le débat de Québec a également démontré que les candidats à la chefferie du PCC ont bien compris l’importance du bilinguisme.

« C’est une condition obligatoire pour le prochain chef. On peut douter de la franchise de certains candidats qui disent appuyer le bilinguisme, comme le candidat Pierre Lemieux qui comme député s’était opposé au projet de loi sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada ou à l’affichage bilingue obligatoire à Russell. Mais je pense que tous savent qu’historiquement, depuis les années 50, il faut être bilingue pour gagner les élections au Canada. Et je ne pense pas que les candidats unilingues aient une chance de devenir chef du Parti conservateur du Canada. »

Accrochages

Si le débat était en français à Québec, la question des langues officielles et de la francophonie au Canada n’a pas été abordée. Le début et la fin de l’exercice ont simplement permis à plusieurs candidats de rappeler l’importance d’avoir un chef bilingue.

Il faut dire que les deux thèmes prévus portaient sur « gouvernement et fardeau fiscal » et « sécurité nationale et défense ».

Sur le thème de l’immigration, les candidats se sont notamment divisés sur la question du retrait de la citoyenneté aux personnes reconnues coupables de terrorisme. La gestion de l’offre a également fait l’objet de nombreux accrochages et Maxime Bernier a été la cible de nombreuses critiques pour sa volonté d’en finir avec ce système, notamment de la part de M. Blaney et de Mme Leitch.

La véhémence des échanges a conduit certains candidats à recadrer leurs collègues pour qu’ils concentrent davantage leurs salves sur le premier ministre Justin Trudeau et le gouvernement libéral.

Derrière son écran, celui qui devrait annoncer sa candidature dès demain, l’homme d’affaires Kevin O’Leary, a apostrophé les candidats sur Twitter.

Le prochain débat aura lieu le 28 février, à Edmonton. Les conservateurs désigneront leur nouveau chef le 27 mai 2017.