Les Congolais de Toronto en deuil après un drame familial
TORONTO – Près d’une centaine de personnes se sont rassemblées ce samedi, dans le quartier de Regent Park, pour une veillée à la mémoire des victimes d’une fusillade intervenue un peu plus tôt cette semaine.
Visage fermé, en larmes, une membre de la communauté congolaise de Toronto dépose une gerbe de fleurs devant la petite clôture en bois à l’angle de l’avenue Dundas Est et de la rue Regent. Tout comme elle, de nombreux Torontois, encore sous le choc, sont venus témoigner leur sympathie à la famille Kongolo, endeuillée.
Un peu plus tôt cette semaine, mardi, deux membres de cette famille, un père et son fils ont perdu la vie dans une fusillade, dans une résidence à proximité de la rue Parliament. Blessée à la tête, la mère de famille a quant à elle survécu.
« Nous sommes unis dans cette indescriptible tragédie, a déclaré Walied Khogali au nom de l’Association des résidents de Regent Park. Nous honorons ensemble deux vies perdues et partageons nos condoléances. John Kongolo était gentil et généreux, dédié à sa famille et à sa communauté. Denzel Kongolo était un fils plein de promesses (…) qui apportait naturellement la joie autour de lui, avec des aspirations et des rêves. »
Le président de la Communauté congolaise du Grand Toronto (COCOT), Jean-Paul Idikay, a pour sa part appelé chacun à ne pas spéculer sur les réseaux sociaux tant que toute la lumière n’était pas faite sur ce drame, alors qu’une enquête policière en cours.
Identifié par la police de Toronto comme étant Benedict Johnson Kongolo, le suspect âgé de 23 ans a été interpellé après une course-poursuite au cours de laquelle deux policiers ont été blessés, l’un au bras, l’autre grièvement à la jambe, toujours selon les services de police.
Placé en détention provisoire en attendant une comparution devant le tribunal mercredi prochain, l’auteur présumé de la fusillade fait face à deux chefs d’accusation pour meurtre au premier degré.
« Nous nous battons tous les jours pour nos enfants, a déclaré à travers un mégaphone M. Idikay. Ce n’est pas facile dans ce pays d’éduquer un enfant. Nous faisons de notre mieux pour encadrer nos jeunes. Peu importe la nature des actes déviants, nous sommes une communauté non violente, comme le démontrent les statistiques. Voilà pourquoi il faut maintenant comprendre ce qui s’est passé. »
Aux côtés des frères d’une des victimes ainsi que de la mère de famille rescapée, dans un climat pesant, le porte-parole de la communauté congolaise a souligné le talent sportif du fils décédé : « Nous avons perdu un jeune garçon qui avait l’ambition de devenir joueur professionnel. Il est même allé en Europe pour cela. Nous sommes très affectés. »
« Chaque femme dans sa maison a un enfant en difficulté. Ce n’est pas le moment du jugement. Prions pour nos enfants », a ajouté une membre de la famille.
« Nous sommes tous touchés par cette catastrophe, a confié à ONFR Emily après avoir fredonné une chanson reprise par le cortège massé au bord de la chaussée. Nous sommes là pour soutenir la famille et surtout la maman qui est restée avec ses autres enfants. On va passer beaucoup de moments avec elle durant les prochains jours. On sera toujours là pour elle. »
Après une minute de silence et une prière, chacun est venu déposer des fleurs et une bougie, avant de gagner le Centre communautaire Regent Park à quelques pas du lieu de rassemblement.