Les demandes explosent dans les banques alimentaires
Selon le nouveau rapport de Feed Ontario, le nombre de personnes ayant sollicité les services de banques alimentaires a augmenté de 10 à 12 % en 2021 comparativement à l’an dernier. Parmi les multiples causes de cette situation, l’instabilité économique créée par la COVID-19 a entrainé une augmentation des personnes en situation de précarité. Malgré l’aide gouvernementale, ce nombre semble s’accroître et affecter toutes les couches sociales.
Du 1er avril 2020 au 31 mars 2021, plus de 592 000 personnes ont utilisé les services de banques alimentaires selon le rapport de Feed Ontario. Durant cette période, on dénombre près de quatre millions de visites, soit une augmentation de 10 à 12 % en un an.
D’après l’organisme, plus des deux tiers des répondants à son sondage vivent avec moins de 100 $ par mois. Après avoir payé leur loyer, 61 % des personnes estiment être dans une situation financière pire qu’au début de la pandémie.
« Non seulement il s’agit d’une crise morale, mais cela reflète l’échec du Canada à respecter son obligation légale d’assurer le droit à l’alimentation. En tant que signataire du Pacte international garantissant les droits économiques, sociaux et culturels, le gouvernement canadien a la responsabilité de créer des conditions économiques dans lesquelles tout le monde peut avoir accès à un revenu de base », décrit le rapport.
Pour Emile Darling, promotrice du service de santé en français au centre communautaire Taibu, en banlieue torontoise, cette augmentation de l’achalandage dans les banques alimentaires qui se vérifie à nouveau cet hiver est due à l’augmentation du chômage et un coût de la vie de plus en plus élevé.
« Avant la pandémie, de nombreuses familles venaient d’arriver dans la région. Ces familles n’étant pas complètement installées, elles ont eu besoin d’assistance dès le début de la pandémie. À cela s’ajoutent ceux qui étaient déjà au chômage, ceux qui ont perdu leur travail et ceux vivant dans une situation précaire. Ces groupes de personnes sont ceux qui ont eu principalement besoin de notre aide », explique-t-elle.
De son côté, la banque alimentaire Samaritain Nord, basée à Hearst, a connu une légère augmentation de son achalandage au début de la pandémie, avant de revenir à la normale.
« Nous avons beaucoup de personnes qui bénéficient de l’aide sociale. Avec la pandémie, certaines personnes au chômage ont commencé à fréquenter notre centre. Néanmoins, se sont principalement les mêmes personnes qui continuent à utiliser nos services », ajoute Annie Rhéaume, sa présidente.
Une aide qui va au-delà de l’alimentation
En plus d’apporter de l’aide alimentaire, plus de 90 % des banques alimentaires fournissent des programmes et des services destinés aux familles nécessiteuses.
75 % des banques offrent des programmes diététiques spécifiques, 64 % proposent des paniers de vacances, 53 % offrent de la livraison à domicile, 51 % offrent des programmes pour les jeunes et les enfants, 33 % proposent des fournitures scolaires et 24 % d’entre elles proposent des services préparation de taxes.
Au centre communautaire Taibu, en plus de l’aide alimentaire, le centre offre un support sur le plan financier et émotionnel.
« On soutient les familles d’une manière plus digne, car les banques alimentaires peuvent parfois devenir un stigma. Bien que nous offrions un support en santé mentale et l’aide au logement, nous avons aussi offert des cartes d’épicerie et distribué des boîtes de nourriture, pour que les familles puissent avoir accès à des aliments culturels », ajoute Mme Darling.
Un soutien communautaire et gouvernemental qui semble à la hausse
Malgré la forte sollicitation des banques alimentaires depuis la pandémie, plusieurs centres ont pu compter sur la générosité de la population et de l’aide financière du gouvernement, pour répondre à la forte demande.
Dans le cas du centre Taibu, l’organisme a pu profiter de l’aide de plusieurs entreprises sociales pour la collecte de soins corporels et des matériaux sanitaires. Ils ont aussi pu compter sur l’appui financier gouvernemental pour la mise en place de projets d’aide à la communauté.
« Le gouvernement a dû mettre sur pied des programmes permettant le financement de plusieurs projets communautaires. Ce fut le cas de notre projet Plat Équité dont une partie du budget a été financé par la ville de Toronto », précise Emile Darling.
Même si l’organisme reconnaît qu’au début de la pandémie il n’était pas équipé pour répondre à l’achalandage au sein de leur centre, il se félicite d’avoir pu continuer à répondre aux besoins de la population.
Contrairement au centre Taibu, la banque alimentaire Samaritain Nord a joui de l’appui de la communauté dès le départ. Les habitants et les compagnies locales ont fourni des dons supplémentaires qui ont assuré la survie de l’organisme, avant la réception des aides gouvernementales.
« Au début de la pandémie, nous avons eu ce que l’on appelle le SAD ou l’aide sociale », relate Annie Rhéaume. « Ils nous ont fourni une somme convenable qui répondait à nos besoins. Ce montant varie d’une banque alimentaire à une autre, mais le montant reçu nous convenait amplement. En décembre, ils nous ont donné un peu plus de financement en raison de la charge de travail élevé. Ces financements et ces dons nous permettent de répondre aisément aux demandes que nous avons. »