Les détails de la vente d’Ontera font rager l’opposition
TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario aurait non seulement essuyé une perte nette de 61 millions $ sur la vente de l’ancienne compagnie publique de télécommunications Ontera au secteur privé. Il aurait aussi payé plus cher pour des services d’experts-conseils pour cette transaction que la vente elle-même ne lui a rapporté.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Les détails de la vente d’Ontera au conglomérat Bell Aliant, divulgués dans le rapport annuel des comptes publics de la province, ont ulcéré les partis d’opposition à Queen’s Park, le mardi 29 septembre.
« Bell a mis la main sur une entreprise d’une valeur d’environ 70 millions $ pour seulement 6 millions $. Et ce sont les avocats, les comptables et les experts-conseils du gouvernement, payés à hauteur de 6,5 millions $, qui ont recommandé cette transaction », a pesté le progressiste-conservateur Victor Fedeli. « Ce sont des calculs dignes des libéraux. »
Avec de tels calculs, l’élu de North Bay a dit s’inquiéter encore davantage pour l’intérêt public dans la privatisation imminente de la société de distribution et de transmission d’électricité Hydro One.
« Si ce gouvernement est capable d’encaisser une perte de 61 millions $ sur la vente d’une petite société d’État comme Ontera, comment fera-t-il pour vendre un bien public encore plus gros comme Hydro One sans y perdre au change », a laissé tomber M. Fedeli. « Ce sont des ventes de feu. Ni plus, ni moins. »
« Tout le monde s’est fait avoir »
Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne s’est débarrassé d’Ontera, une ancienne filiale de la Commission de transport Ontario Northland (CTON) qui offre des services de téléphonie et d’Internet à quelque 30000 clients dans le Nord ontarien, pour concentrer ses efforts dans la relance du service de transport en 2014.
« Tout le monde s’est fait avoir », a déploré à son tour la néo-démocrate France Gélinas. « Nous avons perdu une société d’État qui nous servait très bien et, en plus, nous avons (perdu) des dizaines de millions de dollars dans sa vente », a ajouté l’élue de Nickel Belt, dans la région de Sudbury.
Les libéraux à Queen’s Park, eux, disent qu’ils ont fait le bon choix même s’ils ont dû encaisser une perte lors de la vente d’Ontera.
« Nous savions qu’il y aurait une perte à court terme lors de cette vente. Mais si nous n’avions pas pris cette décision (de vendre Ontera) pour nous concentrer sur les activités de transports de la CTON, nous aurions perdu encore plus d’argent sur le long terme », s’est défendu Michael Gravelle, ministre responsable du Nord et des Mines.