Les écoles échappent de justesse à la grève générale
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le Conseil des associations d’employeurs et le gouvernement ont conclu une entente de principe provinciale, ce dimanche, évitant la fermeture de nombreuses écoles, entre autres francophones.
Les quelque 55 000 concierges, éducateurs et agents administratifs des écoles de l’Ontario seront bien en poste, ce lundi. Les négociations collectives ont finalement abouti à un accord, seulement trois heures avant la fin de l’ultimatum fixé par le syndicat.
Deux conseils scolaires de langue française avaient annoncé la fermeture de leurs écoles et plusieurs autres prévoyaient de réduire les services parascolaires, en cas d’échec des négociations. Les parents étaient même invités à trouver des solutions de repli si les services de garde n’étaient pas assurés.
Cet accord enlève donc une grosse épine du pied aux parents, aux écoles mais aussi au gouvernement qui s’évite ainsi une paralysie dans les écoles ou un retour anticipée en chambre pour imposer la reprise du travail.
20 millions de dollars d’investissement
Engagés depuis une semaine dans un mouvement de grève du zèle pour faire valoir leur droit à de meilleures conditions de travail, les employés ont notamment obtenu un nouvel engagement provincial à hauteur de 20 millions de dollars.
« Ce nouvel investissement permettra d’augmenter les services aux élèves dans les écoles et de ramener des emplois perdus à cause des coupures du gouvernement », a déclaré Laura Walton à l’issue des négociations. La présidente du SCFP estime avoir obtenu une entente équitable qui assure des services aux élèves et qui traite les travailleurs avec respect.
Peu de détails ont filtré mais le système de congés maladie, un point d’achoppement important dans les discussions, semble avoir été maintenu en l’état, et des augmentations de salaires obtenues.
« En raison de cette entente de principe, les membres du syndicat SCFP seront en poste demain, le lundi 7 octobre, évitant ainsi la grève générale anticipée », a réagi l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO).
« Les détails de l’accord seront rendus publics après que les membres du syndicat et les conseils scolaires en auront ratifié les termes », précise le communiqué. « Si elle est acceptée, l’entente sera valide jusqu’aux prochaines négociations en 2022. »
« Nous sommes heureux d’avoir trouvé un terrain d’entente qui permettra à notre personnel de continuer à offrir le meilleur pour nos élèves », a déclaré Johanne Lacombe, la présidente de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). « Tous les employés de soutien sont importants à la réalisation de notre mission éducative. »
Encouragées par cette première ratification, les deux organisations porte-parole des conseils scolaires francophones espèrent aboutir à des ententes provinciales au cours des prochaines semaines avec tous les syndicats et associations œuvrant en éducation.
Recul du gouvernement
Après les compressions en éducation, la province fait donc machine arrière et redonne un peu de souffle au personnel d’encadrement éducatif et d’administration.
« Le gouvernement a mené des débats constructifs à la table des négociations, avec un seul objectif en tête : veiller à ce que les élèves restent dans un environnement d’apprentissage sécuritaire et positif », a expliqué le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce. « En procédant à des négociations de bonne foi, toutes les parties présentes ont montré qu’il était possible de conclure une entente préliminaire. »
« Tout au long de ce processus, notre objectif a été de conclure des ententes qui respectent le contribuable, les élèves et les familles, tout en reconnaissant l’importante contribution du personnel de première ligne de notre système d’éducation », a indiqué le premier ministre Doug Ford, dans un communiqué.
« Monsieur Ford se cache »
Le néo-démocrate Guy Bourgouin ne fait pas tout à fait la même lecture de l’événement.
« Ce n’est pas la première fois que le gouvernement fait des coupures draconiennes et revient sur sa décision », constate le porte-parole de l’opposition en matière d’affaires francophones. « Tout est improvisé. Ce n’est pas une bonne manière de gouverner. Ça crée du stress pour les parents et les élèves. »
S’il se réjouit d’une issue positive au conflit social, le député néo-démocrate prédit d’autres périodes intenses dans les semaines à venir. « On espère que les enseignants (également en négociations collectives) ne vont pas vivre la même situation. Toucher à l’éducation, ce n’est pas sérieux. »
M. Bourgouin regrette que les députés ne siègent toujours pas à l’Assemblée législative de l’Ontario après quatre mois d’interruption. « On sent qu’on est près d’une élection fédérale. M. Ford n’est pas populaire. On ne le voit même pas. On devrait être au travail mais il se cache. Quand on fait venir le premier ministre d’une autre province en Ontario (pour soutenir le candidat fédéral), ça veut dire beaucoup sur ce qu’on pense de lui. »