Éducation : les enseignants francophones auront leur mot à dire
[EXCLUSIF]
TORONTO – Jusqu’à maintenant gardée secrète, une clause de la dernière entente entre le gouvernement de l’Ontario et l’Association des enseignants franco-ontariens (AEFO) fera naître un partenariat sans précédent qui pourrait bien transformer le paysage scolaire francophone dans la province à moyen terme, a appris #ONfr.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
La clause en question permettra à l’AEFO d’avoir son mot à dire sur la révision de l’ensemble des initiatives ministérielles en matière d’éducation en français. Le syndicat devient ainsi un partenaire important du ministère de l’Éducation pour la mise à jour et le développement des prochaines initiatives, selon Carol Jolin, président de l’AEFO qui a confirmé les informations obtenues par #ONfr.
« Dans mes souvenirs, c’est une première pour un syndicat de pouvoir participer au processus de révision des initiatives du gouvernement. Nos représentants vont pouvoir questionner le sérieux de certains projets ou encore dire si certaines initiatives ont des chances ou non de fonctionner, en plus de pouvoir être consulté sur ce qui doit être priorisé », explique M. Jolin.
Le président de l’AEFO révèle que bon nombre d’enseignants qu’il représente n’en peuvent tout simplement plus d’avoir à se faire imposer constamment de nouvelles initiatives. Celles-ci peuvent autant concerner la promotion de la culture francophone, la littératie ou la prévention des blessures chez les jeunes. « Lors des dernières négos, la priorité de mes membres n’était pas les salaires ou les avantages sociaux. C’était la charge de travail qui est associée à toutes ces initiatives imposées par le Ministère ou les conseils scolaires. Il est temps de faire le ménage. L’assiette déborde », lance-t-il.
« Collaborer davantage »
Une source gouvernementale, bien au fait du dossier, confirme la nature inédite de l’entente. « Ça n’a tout simplement jamais été fait. Dans le contexte actuel, il faut collaborer davantage. Le gouvernement ne peut plus seulement imposer ses directives. Il faut que tous les acteurs repensent leur rôle. Cette Table formalisera le processus de consultation qui se faisait seulement de façon occasionnelle auparavant », a-t-elle indiqué sous le couvert de l’anonymat.
Cette source gouvernementale ajoute que l’AEFO arrive à la table à point. Il est plus que jamais nécessaire que les enseignants en fassent davantage pour promouvoir la langue française, selon elle. « On sent qu’il y a du relâchement de la part des enseignants dans la valorisation et la promotion de la langue française. Ils doivent davantage jouer leur rôle de modèle », ajoute-t-elle.
Le président de l’AEFO n’est pas du tout d’accord avec cette opinion. « Je n’ai pas vu de relâchement, bien au contraire. Les enseignants travaillent énormément pour la promotion de notre langue, notamment grâce à des activités culturelles. Le français n’a pas été oublié », insiste M. Jolin.
Il souligne que la nouvelle Table de concertation à voir le jour devrait aussi permettre de se pencher sur la révision de la politique d’aménagement linguistique de l’Ontario (PAL). Cette véritable « bible » partage différentes directives pour l’enseignement de la langue française et de la culture francophone en Ontario. Elle date de 2004 et doit impérativement faire l’objet d’une refonte en profondeur, selon les intervenants interpellés par #ONfr.
Table à quatre
Deux autres acteurs de l’éducation siégeront aussi à la Table de concertation pour la révision des programmes, l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario et l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques.
La première rencontre de cette Table doit avoir lieu au cours des prochains mois, une fois que les négociations locales avec les conseils scolaires seront conclues.
L’AEFO semble avoir été le seul syndicat à faire de cette Table un sujet des négociations. Il demeure que le gouvernement a récemment offert au syndicat des éducateurs catholiques anglophones de l’Ontario de siéger à leur tour à une structure similaire. La Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEÉSO) et la Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEÉO) n’avaient pas donné suite à notre demande d’information, mercredi 9 décembre en fin de journée.