L’Ontario et les foyers de soins de longue durée mal « préparés et équipés » face à la COVID-19
TORONTO – « Faiblesses systémiques », « manque d’intégration »… Dans un rapport explosif, la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, énumère les manquements qui ont conduit à l’hécatombe dans les soins de longue durée, au cours de la pandémie de COVID-19. Elle émet 16 recommandations pour relever un secteur « pas suffisamment positionné, préparé ou outillé » et « largement déconnecté du reste du système de santé ».
« À la fin de mars 2020, lorsque la COVID-19 a commencé à ravager les foyers de soins de longue durée, il est devenu évident que des mesures agressives de prévention des infections, de détection et de soins aux patients étaient nécessaires — immédiatement — pour éviter que les taux de mortalité effarants ne deviennent la norme dans toute la communauté des soins de longue durée de l’Ontario. Malheureusement, ni le ministère des Soins de longue durée, ni le secteur des soins de longue durée n’étaient en mesure de régler efficacement et rapidement les problèmes engendrés par la pandémie. »
Le constat de Mme Lysyk est implacable. Dans un document de 115 pages, la vérificatrice générale met le doigt sur trois problèmes majeurs qui ont aggravé la situation : des mesures insuffisantes, des faiblesses systémiques dans la prestation de soin et un manque d’intégration du secteur.
« Les foyers de soins de longue durée sont mal outillés pour prévenir ou réduire les éclosions » – Bonnie Lysyk
« Les foyers de soins de longue durée sont mal outillés pour prévenir ou réduire les éclosions, en raison de problèmes de longue date liés aux installations, à la dotation ainsi qu’à la prévention et au contrôle des infections », conclut-elle, étayant ses observations par plusieurs facteurs aggravants.
Principaux facteurs aux répercussions négatives au départ
– Des chambres comptant trois ou quatre occupants
– Pas suffisamment de personnel et de formation
– Les foyers pas associés aux hôpitaux ou bureaux de santé publique
– Prévention et contrôle des infections pas pratiqués de façon uniforme
– Interventions anti-COVID-19 initialement confiées aux exploitants de foyers
– Manque de collaboration structurée entre organismes gouvernementaux
Prévention, contrôles, formation et collaboration
La vérificatrice générale préconise 16 changements. Elle recommande, entre autres, une réévaluation du processus d’agrément des foyers afin qu’ils se rénovent se conforment aux normes. Elle demande aussi au gouvernement de revoir sa copie en matière de création de nouveaux lits, d’élaborer une stratégie de dotation en personnel et un plan de formation à long terme de préposés aux services de soutien à la personne (PSSP).
Elle plaide pour une collaboration plus étroite entre les deux ministères des Soins de longue durée et de la Santé pour examiner et réviser le programme d’inspection et le Protocole de prévention et de contrôle des infections.
Une de ses principales recommandations est l’élaboration d’un plan en cas de pandémie qui tienne compte des problématiques de capacité de lits et établisse les effectifs d’urgence.
Pour éviter les dangers d’une communication ambigüe, Mme Lysyk demande au Groupe de coordination pour le secteur de la santé, au médecin hygiéniste en chef et au ministère des Soins de longue durée de clarifier dès que possible la portée de leurs exigences et restrictions, et de respecter le principe de précaution lorsqu’ils déterminent si les mesures de confinement contre les maladies infectieuses devraient être volontaires ou obligatoires.
Interpellée par l’opposition à Queen’s park sur sa gestion de la pandémie dans les foyers ontariens, la ministre des Soins de longue durée, Merrilee Fullerton, a défendu l’action du gouvernement, mettant en avant l’augmentation du temps moyen de soins directs par résident et du nombre des de lits disponibles.
« C’est notre gouvernement qui fait le travail », a déclaré Mme Fullerton. « C’est notre gouvernement qui a pris un engagement monumental à quatre heures de soins directs par résident, à l’embauche de 27 000 professionnels dans les soins de longue durée sur quatre ans, à 4,9 milliards de dollars d’investissement, sans parler des 8 600 embauches avec la paie de la pandémie. On a aussi investi 1,75 milliard de dollars, plus un autre milliard, dans 80 projets. »
« Notre gouvernement a travaillé 24 heures sur 24 pour réparer des années de négligence et faire face à la pandémie », a-t-elle contre-attaqué en chambre.