Les Franco-Ontariens du Sud se préparent aux manifestations
À la veille des grandes manifestations franco-ontariennes, les militants du Sud de l’Ontario sont sur le pied de guerre. De Windsor, à Hamilton, en passant par Sarnia ou London, il s’agit de rassembler les troupes dans ces dernières heures de préparatifs. Une motivation aussi puisée par l’annulation du projet de l’Université de l’Ontario français, le 15 novembre.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Au téléphone, Julie Léger, coordonnatrice à L’Association Canadienne-Française de l’Ontario – Régionale Hamilton (ACFO Régionale Hamilton) est formelle. « Le postsecondaire en français? Il n’y a rien dans la région! Que des institutions anglophones. Certains programmes sont offerts au Collège Boréal [Le Collège Boréal possède un centre d’accès à Hamilton], mais ce sont des programmes collégiaux. Les programmes postsecondaires les plus proches sont à Glendon. »
Un sentiment de désolation au regard de l’exode des jeunes francophones. « On entend de nos jeunes, ou bien des conseils des conseils scolaires, qu’ils doivent quitter le cursus francophone. Certains vont aux universités bilingues d’Ottawa ou La Laurentienne, mais la plupart se dirigent vers des institutions anglophones. On les perd! Je n’ai jamais entendu quelqu’un qui allait à l’Université de Hearst! »
Pour l’ACFO Régionale Hamilton, le travail des derniers jours en vue de la manifestation de samedi est immense. D’autant que le territoire desservi par l’organisme s’étend jusqu’au comté de Brant ou encore Waterloo. Ils sont pour l’instant plus de 130 [Le chiffre a été actualisé ce vendredi à 11h30] à être inscrits pour l’événement entre 13h et 15h devant le bureau de la députée progressiste-conservatrice Donna Skelly.
À savoir, si la chef néo-démocrate Andrea Horwath, également députée d’Hamilton-Centre, sera présente, Mme Léger ne le sait pas encore. « Nous lui avons envoyé une invitation, mais n’avons pas encore reçu de réponse. »
À Sarnia, la parade du Père Noël s’en mêle
À plus de deux heures de route de là, à Sarnia, on prépare aussi d’arrache-pied la manifestation de samedi en face du bureau du député progressiste-conservateur, Bob Bailey. Tanya Tamilio est l’une des membres du comité Résistance qui s’est rapidement mis sur pied pour préparer le rassemblement.
« Ce jeudi, nous avons fait un petit atelier et invité la communauté à faire des pancartes, c’est un bon début. On est prêt pour samedi, mais il n’y aura pas d’élus. Ils sont tous occupés, car l’événement coïncide avec la parade du Père Noël à Sarnia. »
Quand on demande à Mme Tamilio, les conséquences des décisions du gouvernement de Doug Ford à Sarnia, là encore, c’est le sujet universitaire qui revient. « Ce dossier nous impacte énormément, ici à Sarnia, car le programme d’immersion francophone ne cesse de grandir. Est-ce que la prochaine coupe du gouvernement sera pour ces programmes d’immersion? On encourage avec l’immersion d’avoir une éducation bilingue. Le décision du gouvernement est donc un message mêlant pour les jeunes… »
Et d’ajouter : « J’aime voir la motivation des jeunes ici à Sarnia pour la manifestation. J’ai l’impression que les coupes ont eu un impact plus sur les jeunes que sur les adultes. »
À Windsor, la Résistance… devant le bureau néo-démocrate
À l’extrême-sud de l’Ontario, du côté de Windsor, on n’est également pas en reste. Ici pas de députés progressistes-conservateurs. L’histoire industrielle et ouvrière de la ville peut expliquer cela en partie. Les manifestants seront donc à 13h devant le bureau du député néo-démocrate d’Essex, Taras Natyshak.
« On attend plus de 100 personnes probablement », explique Gisèle Dionne, directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Windsor-Essex et Chatham-Kent. « En ce moment, on a tous nos pancartes prêtes, différents objets qu’on va se servir, des sifflets. Il y aura aussi de la musique et des chants. »
Résident de Windsor, Gérard Malo est aussi membre du conseil d’administration de l’AFO à titre de représentant du Sud de la province. Les derniers jours ont forcément été très occupés pour l’ex-journaliste. « La réaction des Franco-Ontariens du Sud ne me surprend pas beaucoup. L’Université existe sur papier, mais elle n’est pas construite, n’a pas encore de cohorte. Au niveau universitaire, l’Université de Windsor a un petit département en français, mais il n’y a pas de programmes bilingues. Les seuls programmes sont au Collège Boréal… »
La représensation du Sud dans la Résistance
Après l’émission Tout le monde en parle diffusée dimanche dernier, quelques commentaires sur la représentativité des leaders étaient apparus sur les médias sociaux. L’enjeu? La soi-disant surreprésentation de l’Est de la province parmi les leaders du mouvement la Résistance.
« Je ne suis pas convaincu, la mobilisation est là dans le Sud », tranche M. Malo, d’un revers de bras. « À Ottawa, c’est une masse critique, la vie est comme ça…. Il n’y a vraiment pas anguille sous roche. »
M. Tamilio de Sarnia abonde dans le même sens. « La pensée de l’AFO est très inclusive. On est constamment en communication avec eux. N’oublions pas que c’est la langue qui nous unit, du Nord, au Sud et à Ottawa. Nous sommes toute une province dans cette lutte. »