Les Franco-Ontariens prêts pour le changement à Queen’s Park
OTTAWA – Les organismes franco-ontariens se tiennent prêts au changement politique décidé par les électeurs, jeudi 7 juin, à Queen’s Park.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« Les résultats ne sont pas vraiment surprenants, les sondages allaient dans ce sens », souligne le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, en entrevue avec #ONfr. « Dans les prochains mois, nous aurons du pain sur la planche pour rencontrer le nouveau parti au pouvoir, dont on connaît déjà plusieurs membres, et les nouveaux élus de tous les partis. Il va falloir se faire connaître et faire connaître nos dossiers. »
Du côté de l’organisme porte-parole des 622 340 Franco-Ontariens, comme du côté du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ou de la Société Économique de l’Ontario (SÉO), le message reste le même : l’ouverture.
« Nous nous engageons à travailler avec le nouveau gouvernement, et avec tous les parlementaires, dans l’esprit de collaboration et d’ouverture qui a toujours été celui préconisé lors de notre positionnement stratégique. Nous avons hâte de continuer le travail déjà entrepris avec le gouvernement précédent sur les enjeux liés au développement économique, à l’employabilité et l’immigration et attendons la nomination des futurs ministres notamment le portefeuille des Affaires francophones, du Développement économique, de l’Immigration et du Tourisme », souligne ainsi le président de la SÉO, Denis Laframboise, dans un communiqué.
Tous se disent prêts à travailler avec le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, comme avec tous les partis à Queen’s Park.
« La FESFO, comme ses organismes partenaires, a construit des liens avec les trois principaux partis ces dernières années. Il y a des alliés au sein du Parti progressiste-conservateur. Nous avons eu des assurances qu’ils vont continuer à travailler sur les dossiers importants de la francophonie ontarienne », assure Pablo Mhanna-Sandoval, président de l’organisme jeunesse.
Plusieurs dossiers à pousser
Parmi ces dossiers, il y a bien évidemment celui de l’Université de l’Ontario français, un projet sur lequel les organismes ont concentré beaucoup d’efforts ces dernières années, notamment du côté du RÉFO.
« On ne va pas changer nos priorités parce qu’il y a un nouveau gouvernement. Nous sommes d’ailleurs heureux que le Parti progressiste-conservateur se soit engagé, durant la campagne, sur le dossier de l’université de langue française », promet la co-présidente du RÉFO, Marie-Pierre Héroux.
La modernisation de la Loi sur les services en français et la désignation de toute la province en vertu de cette loi sont également des dossiers déjà bien connus des partis, insiste M. Jolin, qui souligne qu’il faudra aussi travailler à faire connaître les autres dossiers.
« Il y a toutes les recommandations qui se trouvent dans nos livres blancs qui visent à améliorer la situation des Franco-Ontariens. »
Le déroulement des dernières élections donne également l’occasion à la FESFO de pousser un autre dossier qui lui est cher.
« Le vote à 16 ans et l’éducation civique peuvent aider à améliorer le taux de participation. Cela peut permettre de créer une habitude de vote et une meilleure compréhension de notre système électoral. »
Inquiétude?
Après 15 années de règne libéral, les organismes franco-ontariens font face à l’incertitude de la nouveauté.
« C’est sûr qu’à chaque élection, il y a de l’incertitude. On se poserait beaucoup moins de questions si on avait eu une plateforme détaillée du Parti progressiste-conservateur. Ça nous aurait permis de nous préparer, mais on a eu des assurances », insiste M. Mhanna-Sandoval.
De son côté, la coprésidente du RÉFO préfère voir dans ce changement de possibles opportunités, même si elle reconnaît s’inquiéter du manque d’engagements chiffrés pour le projet d’université franco-ontarienne.
« Il y a une relation à bâtir avec le nouveau gouvernement. Il pourrait en sortir des choses nouvelles, notamment par rapport à notre demande de provincialisation du projet d’université de langue française ou de rapatrier les programmes en français des universités bilingues dans une gestion par et pour les francophones. »
Hommage
Pendant la campagne, la première ministre sortante, Kathleen Wynne, n’avait pas hésité à mettre en garde les Franco-Ontariens contre les économies voulues par M. Ford qui pourraient, selon elle, les affecter directement.
« Je ne veux pas spéculer. Il y a eu des engagements de trois chefs pendant la campagne. On verra au fur et à mesure que les choses vont se préciser », réagit M. Jolin.
Le président de l’AFO souligne le travail qui a été accompli au cours des dernières années.
« Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Beaucoup de dossiers ont avancé sous le gouvernement libéral. Nous espérons continuer dans cette voie avec le nouveau gouvernement. »