Les francophones de Guelph « imaginent leur avenir »
GUELPH – L’absence d’organisation francophone pèse lourd à Guelph. Des citoyens veulent changer les choses pour se retrouver, s’entraider et partager leur fierté du français.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Même s’il y a plus de 1 600 citoyens avec le français comme langue maternelle, il n’y a rien qui rassemble les francophones. Il faut montrer à nos jeunes qu’on peut vivre en français à l’extérieur de l’école, sinon il y a un sérieux risque d’assimilation », lance Dominique O’Rourke.
La citoyenne, originaire d’Ottawa et établie à Guelph depuis 1997, a invité quelques personnes à un 5 à 7 francophone, au début de l’été. Une trentaine de citoyens se sont présentés confirmant, selon elle, l’intérêt naissant de la communauté pour des activités.
« On ne sait pas encore quel modèle il vaut mieux privilégier. Une association? On y réfléchit, mais on sait qu’on ne veut pas se lancer dans une compétition avec les autres organismes francophones », insiste-t-elle.
« On entend le français, mais c’est comme Pokémon Go, on doit chercher les francophones, les trouver, puis après les attirer pour les inviter à se joindre à notre groupe. » – Dominique O’Rourke.
Il reste qu’à terme, elle souhaite qu’un lieu physique voit le jour. « Ma vraie vision d’avenir, c’est d’avoir un centre socioculturel francophone. On sait que le tangible est important pour la fierté d’une communauté », affirme Mme O’Rourke.
Pré-conseil d’administration
Un « pré-conseil d’administration » a déjà été mis sur pied. L’ACFO d’Hamilton conseille le groupe, qui a aussi l’appui des écoles et conseils scolaires. « Mais on ne va pas favoriser une école ou un conseil scolaire plutôt qu’un autre. On n’est pas une énorme communauté, alors il faut s’unir », dit-elle.
Il y a déjà plusieurs années, la fermeture de l’usine Imperial-Tobbacco avait porté un coup dur à la communauté francophone. C’est que bon nombre de francophones étaient employés par la société et avaient formé le club de la Feuille d’érable. La fin des activités de l’usine a aussi marqué la fin du club, suite à l’exil de plusieurs travailleurs vers d’autres villes.
« Il ne reste que les écoles francophones et un club de français à l’université. Quand les élèves quittent les écoles, ces enfants et leurs parents se retrouvent sans activités sociales et culturelles en français. Pour moi, ça demeure ça la priorité pour notre future organisation », affirme Mme O’Rourke.
Mais elle ne ferme pas la porte à élargir le mandat de cette organisation en devenir. « Je veux ouvrir la discussion et que les francophones disent leurs besoins. Il y a certainement des besoins en matière de services en français. Peut-être même pour les aînés. Il faut se retrouver pour en parler », dit-elle.
Les retombées pourraient être nombreuses, selon elle. « Pensons à la possibilité de réseautage. Les gens d’affaires francophones pourraient collaborer et nos jeunes trouver des emplois en français ou au moins bilingues dans des camps d’été, des restaurants ou ailleurs », insiste la citoyenne.
Selon les données de Statistique Canada, Guelph compte 1 840 citoyens ayant le français comme langue maternelle et 11 620 citoyens avec une connaissance des deux langues officielles. « Un jour, on visera les élèves en immersion et les anglophones intéressés par le français, mais on veut y aller doucement, car ça demeure d’abord une initiative francophone et non bilingue », insiste l’instigatrice de ce petit mouvement francophone.
Le projet étant embryonnaire, elle invite les citoyens de la région à la contacter pour partager leurs idées et les problématiques qui les préoccupent, notamment par l’entremise du compte Facebook du Réseau franco Guelph. Des activités sont prévues au cours des prochains jours, notamment cette fin de semaine.
EN VIDÉO- La bibliothèque de Guelph a filmé un mini-documentaire sur les efforts de Dominique O’Rourke et de ses pairs pour relancer les activités communautaires francophones.