Les francophones de l’Ouest d’Ottawa ont enfin leur Maison

La coupe du ruban lors de l'inauguration de la Maison de la francophonie d'Ottawa. Crédit image Benjamin Vachet

OTTAWA – Les francophones de l’Ouest de la capitale nationale ont inauguré, ce jeudi soir, la Maison de la francophonie d’Ottawa. L’accomplissement d’un long projet qui leur permettra d’avoir accès à de multiples services.

Ils étaient près de 600 personnes, selon les organisateurs, à s’être inscrites pour venir assister à l’inauguration de cette nouvelle institution franco-ottavienne. Comme l’a résumé la conseillère municipale du quartier Bay, dans lequel se trouve la Maison de la francophonie d’Ottawa, Theresa Kavanagh, tous semblaient se dire : « Enfin! »

« Vous l’avez méritée! (…) Il y a eu des défis! (…) Mais la lutte et la persévérance font partie de l’ADN des Franco-Ontariens. (…) Mission accomplie! », a lancé Denis Chartrand, le président du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO).

En 2016, le conseil scolaire avait repris la gestion du projet qui a connu bien des embûches depuis les premières réunions évoquant sa création en 1989. D’abord envisagée pour 2012, l’ouverture de la Maison de la francophonie d’Ottawa avait dû être reportée à plusieurs reprises après la découverte d’amiante dans les murs et les plafonds de l’édifice, de problèmes de structures et d’infrastructures, puis de vandalisme.

Malgré une pelletée de terre symbolique en 2015, il avait fallu le partenariat entre la Coopérative multiservices francophone de l’Ouest d’Ottawa inc. (CMFO), l’organisme qui gère le projet depuis le début, et le CEPEO pour relancer les demandes de subvention, à l’automne 2016, afin de compléter les travaux de rénovation de l’ancienne école du 2720, chemin Richmond.

Un lieu pour se voir

Pour les plus de 30 000 francophones de l’Ouest d’Ottawa, soit près d’un quart des 126 840 Ottaviens qui ont déclaré le français comme leur seule langue maternelle selon le recensement de 2016, l’arrivée d’une telle institution suscite un grand enthousiasme.

« Ça m’excite beaucoup d’avoir un centre francophone dans l’Ouest d’Ottawa », se réjouit Céline Martin, résidente du quartier et employée à la bibliothèque publique d’Ottawa.

« À la bibliothèque, on aide les francophones à trouver des livres, mais c’est toujours bien de pouvoir aussi les diriger vers des services francophones qui sont plus près d’eux, qui ne sont pas nécessairement au centre-ville ou à Orléans. Ça fait des années que les gens ont le stéréotype qu’Ottawa se divise encore, comme dans les années 90, avec les francophones à l’Est et les anglophones à l’Ouest. Mais une décentralisation s’est faite, il y a des francophones de partout! »

Céline St-Martin, résidente et employée à la bibliothèque publique d’Ottawa. Crédit image : Benjamin Vachet

Pour elle, la Maison de la francophonie d’Ottawa va apporter une visibilité à la communauté francophone de cette partie de la ville.

« Ce qui nous manquait dans ce coin de la Ville, c’était la visibilité » – Céline St-Martin, résidente d’Ottawa

« C’est vraiment cool d’avoir un endroit où on peut se voir et se rencontrer et faire des liens communautaires », dit-elle

Le résident Richard Kashirahamwe (à gauche). Crédit image : Benjamin Vachet

Richard Kashirahamwe, qui habite dans le quartier Barrhaven, abonde dans le même sens.

« Nous nous sentons plus francophones avec un centre comme ça, car nous sommes dans un environnement très majoritairement anglophone. Avec un centre comme la Maison de la francophonie, on va se sentir mieux intégrés comme francophones dans la région. »

Une variété de services en français

Quelque 43 partenaires francophones seront regroupés sous le même toit dont La Cité, le Centre soleil d’Ottawa-Ouest, la Coopérative Ami Jeunesse, l’Université d’Ottawa ou encore, l’Hôpital Montfort.

La Maison de la francophonie d’Ottawa regroupe des services de santé, des cours de langue seconde, des activités sportives et culturelles, ainsi que des services d’accueil pour les nouveaux arrivants offerts par le Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC). Des services à l’enfance, juridiques, d’aide aux aînés ou encore en employabilité sont également disponibles dans l’édifice, qui fait également office de centre communautaire.

Venue avec sa maman, Sacha-Denis Thibault, 12 ans, prévoit déjà profiter des activités proposées, dont certaines débuteront dès ce vendredi.

« Il n’y a pas beaucoup de places francophones à l’Ouest de la ville », dit cet élève du Collège catholique Franco-Ouest qui compte profiter du gymnase pour « venir jouer au basket-ball ».

Sacha-Denis Thibault. Crédit image : Benjamin Vachet

Si elle n’a entendu parler du projet que récemment, Soukaina Samri, qui habite à Nepean, est particulièrement intéressée par les services de santé et à l’enfance.

« Je trouve ça fantastique comme projet. J’aime beaucoup comment ça regroupe la communauté francophone, on se sent soudés » – Soukaina Samri, résidente d’Ottawa

« J’ai des amis qui habitent autour, mais je compte venir ici juste pour aller à la Maison de la francophonie afin d’avoir accès aux services! Dans mon quartier, les services en français sont quasi inexistants. Je veux profiter des événements francophones qui seront offerts et donner l’occasion à mes enfants de venir pratiquer le français et d’apprendre de nouvelles choses. »

La résidente Soukaina Samri (à droite). Crédit image : Benjamin Vachet

Juste un début

Pour le président de la CMFO, Ronald Bisson, l’inauguration de ce jeudi n’est qu’un début.

« C’est un bon départ, mais ce n’est pas fini! On a l’édifice, maintenant on va le faire vivre et c’est très motivant », dit-il, impatient de voir les premiers utilisateurs prendre possession des lieux dans les prochains jours. 

Le président de la CMFO, Ronald Bisson. Crédit image : Benjamin Vachet

Si la Ville d’Ottawa et la province ont déjà contribué financièrement au projet, M. Bisson se tourne désormais également vers le fédéral pour continuer d’équiper la nouvelle institution.

Chronologie d’un projet à rebondissements

1989 : Premières réunions pour parler d’une Maison de la francophonie dans l’Ouest d’Ottawa

2004 : Publication d’une étude de faisabilité pour l’établissement d’un centre multiservice francophone dans l’Ouest de la Ville d’Ottawa

2010 : Présentation d’un Plan d’affaires à la Ville d’Ottawa. Le conseil municipal cède l’école Grant, construite en 1922, et son terrain pour « 1 $ symbolique »

2011 : Début des travaux. L’ouverture est espérée pour 2012

2015 : Pelletée de terre symbolique

2016 : Interruption des travaux faute de fonds. Le CEPEO reprend la gestion du projet

2017 : Une subvention provinciale de 8,95 millions de dollars permet de reprendre les travaux. Des actes de vandalisme ont lieu sur le site. L’ouverture est espérée pour 2018

2019 : Fin des travaux

2020 : Inauguration de la Maison de la francophonie d’Ottawa