Les francophones se mobilisent après les compressions à TFO
TORONTO – Les francophones réagissent vivement après les suppressions d’emplois faites à Groupe Média TFO. Selon les syndicats, quelque 37 employés ont perdu leur emploi ce mercredi. La direction parle de 19 postes, c’est-à-dire onze permanents et huit contractuels. Selon elle, deux de ces emplois concernent directement une réaffectation.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Ces compressions ciblent particulièrement les productions pour adultes. Trois des postes de journalistes à #ONfr ont été supprimés (l’un avec une réaffectation promise), dont celui de journaliste à Queen’s Park occupé par Jean-François Morissette.
« J’ai demandé au conseil d’administration du Groupe Média TFO de le rencontrer afin de discuter de la situation, des raisons qui ont mené à ces compressions budgétaires et des craintes de la communauté franco-ontarienne », a fait part le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, par voie de communiqué.
« #ONfr joue un rôle considérable d’information de qualité en français dans la province. Nous l’avons constaté lors des dernières élections. Nous avons peur qu’en supprimant, notamment, le poste de correspondant à Queen’s Park, les francophones de l’Ontario aient un accès limité à l’actualité politique provinciale. Nous demandons donc au Groupe Média TFO de reconsidérer les compressions touchant l’équipe d’#ONfr. »
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a aussi apporté son soutien au bulletin de nouvelles francophones de l’Ontario français. « TFO a beau être une chaîne éducative ontarienne, elle est diffusée également en Acadie et au Manitoba. Les journalistes de #ONfr couvrent l’actualité francophone non seulement en Ontario, mais partout au pays et leurs textes et vidéos sont accessibles partout au pays. Une fragilisation de l’équipe d’#ONfr, c’est une perte pour toute la francophonie canadienne », a déclaré le président de la FCFA, Jean Johnson.
Mercredi en fin de journée, une quinzaine d’universitaires ou de leaders francophones, incluant entre autres les politologues Martin Normand, Linda Cardinal, ou encore Stéphanie Chouinard, avaient écrit une lettre ouverte au président et chef de la direction, Glenn O’Farrell, pour dénoncer les compressions touchant #ONfr.
TFO s’explique
Jeudi après-midi, la haute-direction de TFO a rencontré les employés pour expliquer leurs décisions. D’abord Glenn O’Farrell, puis le vice-président du contenu et du numérique, Laurent Guérin.
En entrevue avec #ONfr quelque temps plus tard, M. Guérin s’est voulu rassurant sur le mandat des programmations pour les Franco-Ontariens. « Il (le mandat) va rester le même, c’est-à-dire du contenu à valeur éducative destiné aux francophones en milieu minoritaire. Les deux franchises #ONfr et 24.7 vont continuer d’exister. Il reste qu’il est difficile de prévoir en général pour les mois et années à venir. Personne ne peut nous dire quelles sont les attentions des gouvernements successifs. »
Arrivé à la barre de la direction des contenus de TFO en 2013, M. Guérin parle d’un marché en constante mutation. « Aujourd’hui, beaucoup d’enfants n’ont pas accès aux chaines TV, mais plutôt à des plateformes numériques. La concurrence y est énorme. Nos contenus vont donc exister dans un océan de contenus. »
Dans son communiqué publié la veille, la Guilde canadienne des médias (qui représente une partie des employés de TFO), mettait en avant les couacs dans la gestion des finances. « Plusieurs de ces motifs, comme la stagnation du montant de la subvention opérationnelle provenant du ministère de l’Éducation de l’Ontario, la baisse des revenus issus de la câblodistribution ou l’augmentation de la masse salariale auraient dû être considérés dans la planification budgétaire du Groupe Média TFO afin d’en amortir les effets. »
De son côté, le syndicat UNIFOR exhorte les élus à agir d’urgence en faveur de TFO. « Le gouvernement de l’Ontario doit revoir de toute urgence le financement accordé à TFO pour conserver une programmation canadienne culturelle, politique et sociale critique. »
Salaire de Glenn O’Farrell
Sur les médias sociaux, la polémique enfle depuis la veille. Glenn O’Farrell aurait perçu en 2017 un salaire de de 333 655,69 $ pour l’année 2017. L’équivalent d’une augmentation de 35 % par rapport à 2016.
« Il ne s’agit pas d’une augmentation », soutient Laurent Guérin. « En fait, c’est un cas inédit, mais on parle d’un remboursement des congés pris par M. O’Farrell depuis des années, ce qui explique cette hausse de 35 %. »
Le salaire du PDG devrait ainsi revenir à la normale pour 2018.
Mis en cause notamment sur les médias sociaux pour sa gestion financière, Groupe Média TFO se défend d’avoir mal utilisé les deniers publics. « L’argent a bien été géré dans l’ensemble des activités, que ce soit les acquisitions, les mises en marché, et les ressources humaines », fait part M. Guérin.