Les libéraux à Queen’s Park visés par une autre enquête
TORONTO – La chef néo-démocrate Andrea Horwath réclame à son tour la tenue d’une enquête indépendante sur l’octroi des contrats publics par le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, alors que la Police provinciale de l’Ontario (PPO) enquête sur ce qui semble être une autre affaire de destruction illégale de documents.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
La PPO enquête sur la possible destruction de documents du gouvernement dans une affaire de projet avorté de parc éolien dans les eaux littorales des Grands Lacs, selon ce que rapporte l’Ottawa Citizen, citant des sources policières.
Les allégations remontent à l’époque où Dalton McGuinty était premier ministre de l’Ontario.
La firme Trillium Power Energy (TPE) allègue que le gouvernement libéral à Queen’s Park a mis fin abruptement à un important projet de parc éolien sur les Grands Lacs par le décret d’un moratoire en 2011 pour des raisons électoralistes semblables à celles qui ont mené à l’annulation de deux projets de centrales électriques au gaz naturel à Mississauga et à Oakville, à peu près au même moment.
La firme d’énergie éolienne a intenté une poursuite de 2,25 milliards $ contre le gouvernement et a demandé à la partie défenderesse de lui fournir des documents contractuels pour étoffer sa requête. Or, l’avocat de la poursuite Me Morris Cooper a dit à l’Ottawa Citizen avoir trouvé « un trou dans les archives » là où les documents auraient dû être.
TPE souhaitait ériger des éoliennes dans les eaux littorales du lac Ontario près de Kingston et de Toronto, à proximité de circonscriptions libérales où de tels projets étaient impopulaires.
La Cour supérieure de l’Ontario a rejeté la requête initiale de TPE pour manque de preuves, mais la firme poursuit toujours le gouvernement pour 500 millions $ pour « prévarication » pour avoir décidé d’imposer son moratoire sur l’énergie éolienne dans les eaux littorales à la veille de la ratification d’un important contrat.
Dans une déclaration aux médias, le ministère de l’Énergie a dit « ne pas être au courant » d’une enquête de la PPO dans cette affaire.
« Cette affaire est devant les tribunaux », a botté en touche Bob Chiarelli, ministre de l’Énergie, à sa sortie d’une période de questions particulièrement agitée à Queen’s Park, mercredi 4 mai. « Nous n’avons pas été contactés par la PPO », a-t-il ajouté. « La PPO est une organisation indépendante. Elle fait ce qu’elle doit faire. Si elle demande notre coopération, nous allons lui donner à 100%. »
Centrales au gaz
L’annulation des projets de centrales au gaz à Mississauga et à Oakville, de l’aveu même du Kathleen Wynne pour sauver une poignée de sièges libéraux aux élections de 2011, aurait coûté plus de 1 milliard $ à la province, soit quatre fois plus cher que prévu, d’après un rapport du bureau du Vérificateur général.
À la mi-décembre, deux proches de Dalton McGuinty ont été formellement accusés par la PPO d’avoir supprimé des correspondances potentiellement incriminantes dans l’affaire des centrales au gaz.
Il s’agit à présent de la cinquième enquête de la police dans les affaires du gouvernement libéral ontarien.
« C’est clair que ce gouvernement a pris des décisions dans le dossier de l’énergie qui sont plus profitables aux libéraux qu’à nous tous », a dénoncé la chef néo-démocrate Andrea Horwath à sa sortie de la Législature, le 4 mai. « Plus rien ne me surprend de ce gouvernement », a-t-elle ajouté à propos de la destruction possible de documents. « Nous avons besoin d’une commission d’enquête. »
La chef de la deuxième opposition à Queen’s Park rejoint ainsi son homologue progressiste-conservateur, qui réclame depuis quelques semaines la mise sur pied d’une commission d’enquête publique sur l’octroi des contrats du gouvernement, semblable à la commission Charbonneau au Québec.
« C’était un enjeu important (pour les libéraux) de conserver leurs sièges à Kingston et à Scarborough », s’est insurgé le chef progressiste-conservateur Patrick Brown. « Si c’est un autre (scandale) des centrales au gaz, c’est déplorable », a-t-il fustigé. « Si (TPE) remporte sa poursuite de 500 millions $, nous allons encore tous payer pour les libéraux qui ne cherchaient qu’à protéger leurs sièges. »