Les médias francophones ont été entendus
OTTAWA – Plusieurs des mesures proposées par le comité permanent du patrimoine canadien, dans son rapport final sur les médias et les communautés locales, répondent aux attentes des médias francophones de l’extérieur du Québec, qui souhaitent toutefois quelques précisions.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Après plus d’un an de travail et 131 témoignages, le comité du patrimoine canadien a finalement remis son rapport, le jeudi 15 juin. Le volumineux document de quelque 90 pages propose 20 recommandations pour répondre aux bouleversements du paysage médiatique canadien.
Parmi elles, certaines résonnent positivement auprès de l’ARC du Canada.
« Il y a au moins sept mesures qui nous concernent de plus ou moins près et nous avons le sentiment que notre message a été entendu », commente le directeur général, François Côté, qui cite notamment la proposition d’un nouveau modèle de financement pour toutes les plateformes de contenu canadien, celle sur les déductions d’impôt pour la publicité numérique dans les médias canadiens ou encore, celle qui préconise que les revenus générés par la vente aux enchères de la bande 600 MHz soient réservés pour soutenir la programmation locale.
Bien qu’il souhaite prendre le temps de regarder le rapport plus en détail, le président de l’APF, Francis Sonier, se montre lui aussi a priori satisfait, partageant son appréciation de certaines mesures identifiées par l’ARC du Canada.
« Je pense que globalement, nous avons été entendus. Il y a de bonnes mesures pour les journaux de manière générale et d’autres qui concernent particulièrement nos membres, comme celle qui recommande que les institutions fédérales diffusent davantage d’information dans les communautés de langues officielles. Nous allons maintenant avoir des discussions avec Patrimoine canadien pour nous assurer de ce que cela veut dire, car ce n’est pas assez précis. »
La proposition d’augmenter le budget du Fonds du Canada pour les périodiques et de l’étendre aux quotidiens et aux journaux communautaires distribués gratuitement trouve également un écho favorable auprès de l’APF.
L’ARC du Canada regrette toutefois l’absence de certaines mesures ou termes plus précis.
« On aurait aimé que soit inscrite noir sur blanc notre proposition d’un programme d’appui pour les médias communautaires de 40 000 à 60 000 dollars par média, sur la base de ce qui se fait au Québec. Il y a aussi plusieurs termes vagues dans ce rapport qui témoignent que le comité a essayé de ménager la chèvre et le chou sans entrer trop dans les détails. »
Joly dit non à une taxe de 5 % sur internet
Pour financer les mesures proposées, le rapport préconise d’étendre l’actuel prélèvement de 5 % des entreprises de distribution et de radiodiffusion pour la production de contenu canadien afin qu’il s’applique également à la distribution à large bande. Une proposition qui va dans le sens de ce que souhaitait l’APF.
« C’est une recommandation que nous appuyons depuis le départ et qui est vraiment intéressante, tout comme celle qui recommande d’assujettir les agrégateurs de nouvelles étrangers [comme Facebook et Google] aux mêmes obligations fiscales que les fournisseurs canadiens », juge M. Sonier.
Les mesures proposées ne font pas l’unanimité au sein du comité. Le Parti conservateur du Canada (PCC) rejette les recommandations au motif qu’elles entraîneraient des hausses fiscales et un contrôle des nouvelles de la part du gouvernement.
Un argument rejeté par la présidente libérale du comité, Hedy Fry, mais aussi par son collègue, le député franco-manitobain, Dan Vandal.
« Aujourd’hui, nous avons donné les grandes lignes et les grands principes, ce sera au bureau de la ministre [du Patrimoine canadien] de déterminer si ce sont de bonnes idées. On essaie de trouver plus de ressources pour les médias, y compris ceux de nos communautés francophones en situation minoritaire, afin de les aider, notamment à faire le virage numérique. On parle de 5 % pour financer tout le contenu canadien à travers le pays. Je suis pour subventionner notre contenu canadien. »
Toutefois, à peine l’idée d’une taxe de 5 % sur les services internet à haut débit émise, celle-ci a été rejetée, dans la foulée de la présentation du rapport, par la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly.