Les municipalités de l’Est ontarien et Ottawa se préparent aux inondations

Les dernières inondations en 2019 ont laissé un souvenir très fort dans la mémoire du maire de Clarence-Rockland. Archives ONFR+

OTTAWA – Selon les prévisions météorologiques de Conservation de la Nation Sud, la crue maximale due à la fonte des neiges sera atteinte ce week-end. Toutefois, dans de nombreuses municipalités de l’Est ontarien, l’alerte ne sera pas levée, car des précipitations sont prévues tout au long de la semaine prochaine. Bien que ces inondations ne devraient pas être aussi importantes que celles de 2017 et 2019, les préparatifs sont en cours pour éviter des dommages potentiels, mais les moyens de se protéger restent limités. 

À Ottawa, selon les dernières informations, le niveau d’eau de la rivière des Outaouais devrait rester inférieur au niveau d’inondation. Toutefois, la Ville d’Ottawa a décidé de renforcer son niveau d’intervention « aussi longtemps que nécessaire », a-t-il été annoncé dans un communiqué de presse.

Pour les quartiers présentant un haut risque d’inondation, les services des incendies d’Ottawa ont commencé à effectuer des visites de porte-à-porte dans certaines maisons de Cumberland, ByWard et Fitzroy Harbour. 

Des stations pour récupérer du sable ont été mises à disposition, notamment pour les résidents vulnérables et dans les zones qui dans le passé étaient les plus exposées aux inondations.

C’est aussi le cas dans le Canton d’Alfred et Plantagenet où plusieurs sacs de sable sont fournis aux résidents. Sur les sept villages du canton, trois longent la rivière des Outaouais : Wendover, une partie de Treadwell et Lefaivre. 

« Wendover et Treadwell ne sont pas à risque d’inondation », selon le directeur général, Michel Potvin. « Mais à Lefaivre, une dizaine de propriétés ont été identifiées comme à risque compte tenu des précédentes inondations de 2017 et 2019. Les propriétaires ont tous été avisés. »

Les municipalités s’arrangent comme elles peuvent

« On fait du monitoring sur une base quotidienne avec des patrouilles », raconte le directeur général d’Alfred et Plantagenet, « que ce soit notre chef pompier, notre officier à la réglementation ou les travaux publics ».

« On a espoir qu’il n’y aura pas de véritable inondation », a-t-il exprimé. 

« C’est tout ce qu’on peut faire pour une municipalité de notre grosseur  » – Michel Potvin, directeur général du Canton d’Alfred et Plantagenet. 

Pour ces villes et villages, il est impossible de prédire ce qui va se passer. Pour M. Potvin, « Il est évident qu’on est plus aux aguets depuis les inondations de 2017 et 2019. Avec les changements climatiques, on ne peut plus rien prévoir ».

« On peut juste se préparer un peu plus adéquatement avec des plans d’urgence, puis aviser nos citoyens et transmettre l’information le plus rapidement possible une fois qu’elle est validée. » 

« C’est tout ce qu’on peut faire pour une municipalité de notre grosseur », admet-il au micro d’ONFR+. 

À Clarence-Rockland, la ville a mis à disposition des résidents, des conteneurs avec des poches de sable et des pelles ainsi que des instructions pour monter un solide mur de sable.

Pour le maire, la situation ce vendredi reste stable, mais « l’eau monte dans différentes parties de la ville ». 

La maire de Clarence-Rockland, Mario Zanth et le service des pompiers face à la rivière. Source : Facebook/ Cité de Clarence-Rockland

À Hawkesbury, Robert Lefebvre, maire de la municipalité, se dit chanceux. Il ne devrait pas y avoir d’inondation. « Ce qu’on peut faire, c’est aider les autres municipalités », déclare-t-il. 

En effet, le maire de la ville la plus à l’est de la province, a proposé de fournir en main-d’œuvre et en ressources les municipalités inondées. Il mettra à leur service des camions, pompes, grues et autres équipements au besoin. 

« On voudrait être un peu plus proactif pour être en mesure d’aider. Nous avons mobilisé nos départements et demandé à la police provinciale de l’Ontario (PPO), qui fait partie de notre comité d’urgence, d’être attentif », a expliqué le maire d’Hawkesbury à ONFR+.

Des résidents habitués, mais impuissants

« On sait que chaque année, à cette période, il y a des risques d’inondation dans notre région », ajoute le directeur général d’Alfred et Plantagenet. « Quand on est allé voir les résidents, ils nous ont dit qu’au final ils étaient habitués, puisqu’ils restent à côté de la rivière. C’est vrai. »

À Clarence-Rockland, le maire de la Ville, Mario Zanth, indique que « des chalets sur le bord de l’eau sont déjà inondés et l’eau commence à frapper un peu plus sur le bord de quelques maisons ».

Pour autant, la montée se fait tranquillement, constate l’élu. « La Conservation de la Nation Sud avait dit que l’eau était censée monter d’un mètre, pour l’instant elle est montée de deux pieds. »

« Par contre, il y a cinq jours de pluie la semaine prochaine, alors ça ne va pas aider la situation. »

« C’est malheureux à dire, mais on devient habitué » – Mario Zanth, maire de Clarence Rockland. 

M. Zanth affirme qu’il est d’ailleurs impossible de prévoir la situation. « On ne sait pas combien de neige et de glace va fondre en plus de la pluie. »

Le maire explique que l’eau de la rivière vient d’un grand bassin au Nord du Québec. « C’est un bassin énorme, à peu près de la grosseur de l’État du Maine. Il y a une centaine de lacs là-dedans et tout ça va fondre. »

Du sable à disposition des résidents à Alfred et Plantagenet. Source : Facebook : Canton d’Alfred et Plantagenet

Pour M. Potvin, il faut continuer d’être attentif, puisque même dans le nord de l’Ontario, les lacs ne sont pas dégelés. « On sait que ça va créer une deuxième crue éventuellement », pense-t-il. 

Catégorisée comme inondation de dix ans, cette classification signifie qu’il y a une probabilité de 1 sur 10 qu’une inondation de cette ampleur se produise chaque année dans cette zone.

Cependant, avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes dans la région, cela ne garantit pas qu’une inondation se produira exactement tous les dix ans.

« On s’engage à ce que tous les résidents aient accès à ce dont ils ont besoin », explique Mario Zanth. « La municipalité communique avec les personnes affectées et les gens savent quoi faire. C’est malheureux à dire, mais on devient habitués. »