Les municipalités veulent parler de la police et Queen’s Park, du logement
LONDON – Pendant que les municipalités de l’Ontario demandent des engagements fermes de la province sur le contrôle des coûts de la police, la province, elle, demande l’appui des municipalités pour aller chercher à Ottawa plus d’argent pour le logement abordable.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
« Le financement fédéral pour le logement abordable continue à diminuer, d’une année à l’autre », a scandé Ted McMeekin, ministre provincial des Affaires municipales et du Logement, au congrès annuel de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), le lundi 18 août.
M. McMeekin a profité de sa tribune, devant près de 1500 représentants municipaux réunis à London, pour demander l’appui des 444 villes, villages et cantons de la province pour « maintenir la pression » sur le gouvernement conservateur de Stephen Harper à Ottawa.
« De plus en plus, nos jeunes familles constatent que le prix du logement est hors de leur portée. Ça ne peut pas continuer ainsi. Il faut trouver une solution. Le Canada doit changer la manière dont il aborde la question du logement », a déclaré M. McMeekin, lui-même un ancien élu municipal.
Le ministre n’a pas répondu aux questions des médias, après son allocution.
Les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont récemment conclu une entente de 800 millions $ sur cinq ans pour soutenir la construction et l’entretien de logement abordable dans la province.
L’éléphant dans la pièce
L’opposition à Queen’s Park croit, pour sa part, que le gouvernement libéral de Kathleen Wynne essaie d’ignorer l’éléphant dans la pièce.
« Le ministre n’a touché à aucun des grands enjeux des municipalités », a pesté le député Ernie Hardeman, critique du Parti progressiste-conservateur en matière d’Affaires municipales. « Je crois qu’il a passé beaucoup de temps à jeter le blâme sur le fédéral, parce qu’il n’avait lui-même aucune solution à mettre de l’avant ».
Une des principales doléances de l’AMO à la province est de mieux contrôler les coûts de la police, qui ont augmenté trois fois plus vite que l’inflation, au cours de la dernière décennie.
La Police provinciale de l’Ontario (PPO) a annoncé, le 14 août, une nouvelle formule de facturation qui a pour but de répartir « plus équitablement » ses coûts entre les 324 municipalités qu’elle dessert. Or, plus de la moitié de ces municipalités risquent de voir leur facture de services policiers augmenter, certaines de presque 100$ par année, par propriété, en raison de ce changement.
« Nous devons contenir les coûts de la police », a exhorté M. Hardeman, en entrevue avec #ONfr. « Mais, nous avons un gouvernement qui négocie des augmentations salariales de 8,5% avec la PPO. Ce n’est tout simplement pas rentable. Et maintenant, tous les services de police (régionaux et municipaux) qui vont en arbitrage vont pouvoir contempler des augmentations de l’ordre de 8,5% ».
Même son de cloche du côté de l’opposition néo-démocrate.
« Le (plus récent) budget provincial laisse entrevoir des coupes dans le Fonds de partenariat avec les municipalités de l’Ontario, et ce, alors que plus de 200 municipalités s’apprêtent à payer plus cher pour la PPO en vertu de sa nouvelle formule de facturation », a fustigé la députée Catherine Fife devant l’AMO, le 18 août.
L’élue de Kitchener-Waterloo et critique néo-démocrate en matière de Finances voit tout de même d’un bon œil la démarche de M. McMeekin pour aller chercher plus d’argent à Ottawa.
« Il y a des élections fédérales à l’horizon, après tout », a signalé Mme Fife. « C’est un bon moment pour mettre la pression sur tous les partis politiques fédéraux pour qu’ils disent clairement comment ils comptent soutenir les municipalités ».
L’AMO, à son tour, exhorte les gouvernements provincial et fédéral à garder leurs canaux de communication ouverts.
« Nous avons tous une responsabilité », a insisté Gary McNamara, maire de Tecumseh et nouveau président de l’AMO pour un mandat de deux ans. « Les trois ordres de gouvernement – fédéral, provincial et municipal – doivent certainement travailler ensemble. Il faut qu’il y ait un bon dialogue entre ces trois ordres de gouvernement. C’est très important ».