La plateforme électorale du Parti progressiste-conservateur « Protéger l’Ontario » a été dévoilée aujourd’hui, en anglais seulement. Photo : Plateforme électorale du PC

Dernier parti à publier sa plateforme de campagne ce lundi, à trois jours du scrutin, le Parti progressiste-conservateur y martèle que la protection de l’économie et des travailleurs est sa priorité face à la menace tarifaire américaine. Autre volet important pour le parti : des projets colossaux en infrastructures, dont les coûts sont peu ou pas chiffrés. Une place plus mince y est faite à la santé et la crise du logement n’est quant à elle pas mentionnée.

Sans grande surprise, le programme électoral du gouvernement sortant se concentre presque intégralement sur l’économie, s’appuyant sur l’argument d’une réponse forte face à la menace tarifaire pour protéger les emplois.

Une approche qui, dès la mi-campagne, a fait polémique avec une vidéo promotionnelle du chef progressiste-conservateur à Washington. La chef du NPD Marit Stiles a demandé au commissaire à l’intégrité d’enquêter, accusant Doug Ford de l’utiliser à des fins partisanes pendant la campagne électorale provinciale, ce qui est contraire à la loi.

Le Parti libéral a quant à lui dénoncé « une violation flagrante des règles que vous avez décrites pour profiter des ressources gouvernementales et les transformer à un avantage partisan ».

« Face aux menaces du président Trump envers l’économie de l’Ontario, notre plan pour protéger l’Ontario comprend un soutien immédiat aux travailleurs touchés par les tarifs imposés par le président Trump, comme ainsi que des investissements importants pour recycler les travailleurs et aider les entreprises ontariennes à réorganiser leurs opérations et relocaliser les chaînes d’approvisionnement », y déclare le chef du parti Doug Ford.

Pour ce faire, le PC promet des allègements fiscaux et un soutien financier aux entreprises et travailleurs impactés par l’imposition de 25% de tarifs américains.

Celui-ci propose notamment de mobiliser 5 milliards en soutien aux secteurs touchés via un nouveau programme lié aux tarifs, 10 milliards en « soutien immédiat » à la trésorerie pour les créateurs d’emploi sur six mois, ainsi que 3 milliards en allègement d’impôts et de cotisations salariales pour les employeurs et les petites entreprises.

Il est également question d’investir 120 millions de dollars pour soutenir bars et restaurants éligibles en augmentant leur rabais de gros de la LCBO de 10 à 15%.

La formation professionnelle dans les métiers spécialisés reste une priorité avec l’annonce d’un milliard de dollars supplémentaire dans le Fonds de développement des compétences ou encore

705 millions de dollars pour former des milliers d’étudiants supplémentaires dans les centres de formation.

Projets d’infrastructure colossaux non chiffrés, dont le « tunnel »

Parmi les secteurs de focus du parti : désigner le Cercle de feu et d’autres gisements minéraux critiques majeurs en tant que régions d’importance stratégique, l’énergie, en développant la production d’énergie nucléaire, en interdisant les composants chinois d’approvisionnements futurs, la croissance dans les secteurs de l’automobile et de la fabrication de pointe de l’Ontario, et de nouveaux investissements dans la construction navale et la défense en Ontario.

Large partie de la plateforme, les infrastructures, routières notamment : « Le PC est le seul parti qui s’attaquera aux embouteillages en construisant de nouvelles autoroutes et en supprimant les pistes cyclables des rues où elles n’ont pas leur place et investissant près de 70 milliards de dollars dans la plus grande expansion des transports en commun en Amérique du Nord. »

Tous les projets y sont listés sans que le coût y soit chiffré, incluant la création du tunnel sous l’autoroute 401, pour lequel il n’est fait mention d’aucune estimation. Pas de coût ou de délais pour les transports en commun.

Exemples côté routes :

  • Construction de l’autoroute 413, traversant Halton et Peel et les régions de York.
  • Livrer un tunnel de transport en commun sous l’autoroute 401
  • Terminer la construction du Bradford Bypass, quatre voies reliant l’autoroute 400 dans le comté de Simcoe et l’autoroute 404 à York Région.
  • Construire des autoroutes dans le nord de l’Ontario, y compris l’autoroute 11/17 entre Thunder Bay et Nipigon et l’autoroute 17 entre Kenora et la frontière du Manitoba.
  • Construction de la nouvelle autoroute 7 à quatre voies à partir de Kitchener à Guelph.
  • 73 millions de dollars pour accélérer la construction l’autoroute Gardiner d’un an.
  • Construction d’un nouvel échangeur à l’autoroute 416 et Barnsdale Road à Ottawa, modernisation et transfert de l’autoroute 174 d’Ottawa à la province.
  • Suppression des pistes cyclables des rues les plus fréquentées de la province, « en commençant par Bloor Street West, Yonge Street et University Avenue à Toronto et leur remplacement sur les routes secondaires. La province opposera son veto et bloquera toute future décision municipale des pistes cyclables qui élimineraient une voie de circulation automobile ».

Côté réseau de transport en commun :

  • Ramener le Northlander avec 16 arrêts entre Cochrane et Toronto.
  • Des constructions plus fréquentes et service de train GO connecté à travers l’ensemble du réseau, avec bidirectionnel, Service GO de 15 minutes toute la journée vers Kitchener et Niagara.
  • Construire et agrandir quatre projets de métro prioritaires, dont la ligne Ontario, la ligne à trois arrêts Métro de Scarborough, l’Eglinton Extension de Crosstown Ouest avec connexion prévue à Pearson l’aéroport international et le Prolongement du métro Yonge Nord.
  • Construire et étendre la ligne Hazel McCallion, le TLR Finch West, le TLR Eglinton Crosstown, le Hamilton LRT et agrandissement du TLR d’Ottawa vers des communautés comme Kanata et Barhaven.

Logement, santé : des priorités secondaires  

Si la mention « crise du logement » est absente du document, le PC mentionne brièvement « 2 milliards de dollars de plus pour aider à construire des millions de nouvelles maisons », dont 1 milliard de dollars dans le Programme d’infrastructures de logement municipal et 1 milliard de dollars dans le Fonds pour les systèmes d’approvisionnement en eau favorables au logement ».

Contrairement aux néo-démocrates et libéraux, dont c’est un point central, la question de la santé prend une place plus secondaire chez les progressistes-conservateurs.

Ils affichent toutefois un objectif ambitieux, 2 millions de personnes supplémentaires connectées à des soins primaires d’ici 2029 via un investissement de 1,8 milliard de dollars.

Pour ce faire l’emphase est mise sur l’augmentation des places dans les facultés de médecine, une expansion souhaitée de 50% de résidence d’ici 2028, et sur l’augmentation des places dans les écoles d’infirmières, par 2 000 infirmiers autorisés et 1 000 infirmiers.

Le PC « continuera d’investir 743 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats en personnel de santé avec jusqu’à 5 590 opportunités de formation pratique pour les étudiants en soins de santé dans les hôpitaux, dans les services d’urgence ».

Le plan précise qu’ils feront passer « les résultats avant l’idéologie (une référence au service public) avec 66 millions de dollars pour davantage de chirurgies et de soins communautaires pour réduire les temps d’attente et augmenter les volumes de chirurgies dans des centres de diagnostic à la pointe de la technologie ».

Un coût ambitieux de 50 milliards de dollars est cité pour construire ou moderniser 50 hôpitaux, toutefois sans détails ni échéanciers. Ils promettent également d’injecter 6,4 milliards de dollars dans les soins de long terme avec la construction de 58 000 lits d’ici à 2028.