Les propositions du Bloc Québécois pour les francophones

Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet de passage à Casselman, dans l'Est ontarien. Crédit image: Benjamin Vachet

CASSELMAN – Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet a profité de son déplacement à Gatineau, ce mardi, pour s’arrêter à Casselman y présenter les engagements de son parti envers les Acadiens et les francophones en situation minoritaire.

Dans un message de solidarité, le chef du Bloc a insisté sur l’amitié qui unit les Québécois avec les communautés francophones à travers le Canada.

« Il est important pour nous d’exprimer une solidarité sans nuance et sans condition à l’endroit des communautés francophones et acadiennes. On s’est toujours sentis solidaires de ce que vivent les communautés. Même si nous croyons que pour le Québec, la voie d’avenir, c’est la souveraineté, ça ne se fait jamais dans l’esprit de renoncer à la pérennité des communautés francophones et acadiennes à l’extérieur du Québec », a-t-il dit.

Sur les médias sociaux, sa visite à Casselman a suscité plusieurs réactions. Olivier Nadon, du groupe franco-ontarien Improtéine, s’interroge : « Nous apprécions toujours l’appui de quiconque veut se battre pour la francophonie… Le hic, c’est qu’un Québec qui ne fait plus partie de la confédération serait au mieux, un allié symbolique (comme la France) et au pire, un dernier clou dans le cercueil des francophones hors Québec. »

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, se montre tout aussi dubitatif.

« On dit aux francophones, « On est là pour vous soutenir », mais dans le même temps on veut les abandonner. »  

Mais M. Blanchet l’assure, une fois l’indépendance acquise, les liens demeureront.

« Lors de l’indépendance, nous proposerons des ententes, des principes de réciprocité, que les francophones et les Acadiens soient aussi bien traités que le sont les anglophones du Québec. »

Pour lui, l’indépendance du Québec pourrait même profiter aux communautés francophones en contexte minoritaire.

« La meilleure garantie de communauté franco-canadienne forte, c’est une communauté franco-québécoise forte. Et la meilleure garantie de cette communauté franco-québécoise forte, c’est la souveraineté. »

Propositions électorales

Entouré de ses candidats Jonathan Carreiro-Benoit, dans Pontiac, Yves Destroismaisons, dans Argenteuil-La Petite Nation et Noémie Rouillard, dans Vaudreuil-Soulanges, M. Blanchet avait choisi le monument de la francophonie de Casselman, dans l’Est ontarien, en cette veille du Jour des Franco-Ontariens, pour détailler les mesures que son parti poussera à la Chambre des communes pour les francophones, après le 21 octobre prochain.

Le Bloc Québécois appuiera notamment l’obligation de bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada. Il proposera également de confier au Commissariat aux langues officielles le mandat de tenir toutes les institutions fédérales responsables de l’application de la Loi sur les langues officielles pour protéger les minorités francophones. Le parti souhaite aussi que le Commissariat informe les parlementaires quand une organisation tarde à répondre à ses recommandations afin que les élus puissent intervenir pour régler la situation.

Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet , devant le monument de la francophonie, à Casselman. Crédit image : Benjamin Vachet

M. Blanchet a aussi expliqué vouloir que soit élargie la liste des régions hors Québec où les fonctionnaires fédéraux peuvent travailler dans la langue officielle de leur choix et s’est prononcé en faveur d’une stimulation de l’immigration francophone hors Québec.

« Nous sommes très contents d’entendre le chef d’un parti fédéral parler de comment il s’y prendrait pour moderniser la Loi sur les langues officielles en détaillant les éléments importants pour son parti », s’enthousiasme le président de la FCFA qui espère que la sortie de M. Blanchet inspirera d’autres partis.

Lundi, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh avait réitéré son engagement à moderniser la Loi sur les langues officielles, ce que tous les partis fédéraux ont eux aussi déjà fait.

« On veut aller plus loin et savoir quels éléments les partis veulent changer », dit M. Johnson, qui souligne avoir apprécié que le Bloc Québécois souligne l’importance de l’immigration francophone hors Québec.

Les francophones moins bien lotis, pour le Bloc

Le Bloc Québécois voudrait également que la différence entre la situation des minorités francophones et celle des anglophones au Québec soit inscrite dans la Loi sur les langues officielles.

« Les anglophones du Québec sont traités de façon exemplaire par l’État québécois. On pense que la même chose pourrait se produire au bénéfice des communautés francophones du Canada », précise-t-il.

Dans cette optique, il voit d’ailleurs d’un bon œil le rapprochement entre le Quebec Community Groups Network, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.

« Si les Franco-Canadiens réussissent à montrer aux Anglo-Québécois à quel point ils sont exceptionnellement bien traités au Québec avec des universités, des médias, des systèmes scolaire et de santé, ce dont je suis très fier, et à quel point il y a du rattrapage à faire pour les francophones, peut-être que cela va permettre que les Anglo-Québécois se gardent une petite gêne au moment de critiquer l’État québécois. »

Critique contre Ford

M. Blanchet ne s’est quant à lui pas gêné pour adresser une critique à peine masquée à l’encontre du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford, lorsqu’interrogé sur la crise qui a secoué l’Ontario français, l’automne dernier.

« Je pense que l’étroitesse d’esprit de certains gouvernements peut nuire à la pérennité de la langue française. On est content de voir qu’il y a des reculs liés au poids politique qui ont obligé Doug Ford à reculer. »