Source: Postes Canada

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, place à l’histoire avec Diego Elizondo.

[CHRONIQUE]

Si on vous demandait d’énumérer des Franco-Ontariens ou Franco-Ontariennes qui se trouvent sur des timbres du Canada, seriez-vous capable de le faire?

Prenez un instant pour y songer.

La réponse vous étonnera peut-être en raison de la faiblesse du nombre.

Jusqu’en 1978, les francophones peu présents

Le premier timbre-poste émis au Canada remonte à 1851. Sans surprise, les personnes à avoir figuré le plus souvent sur les timbres-poste du Canada sont les membres de la famille royale (particulièrement le souverain régnant).

Or, en 1978, un article publié dans le magazine L’Actualité a fait grand bruit et a contribué à diversifier les représentations. L’article soulignait le peu de place qui avait été faite aux Québécois dans les timbres émis par la poste canadienne.

Si le gouvernement du Canada s’était abstenu de réagir publiquement à la suite de la controverse qu’avait suscitée la publication de l’article de L’Actualité, la polémique avait été telle qu’elle attira l’attention du premier ministre du Canada, qui mandata son ministre des Postes de créer un comité pour se pencher sur la question. Rappelons que ce ministre, à l’époque, n’était nul autre que le Franco-Ontarien Jean-Jacques Blais, député de Nipissing.

Depuis les années 1980, un effort a visiblement été entrepris pour rectifier le tir et la tendance n’a fait que s’accentuer depuis le début du XXIe siècle.

Plusieurs séries thématiques de timbres ont commémorée à la fois des icônes de la musique québécoise, des leaders autochtones ou encore des personnalités canadiennes-anglaises.

Néanmoins, entre les Canadiens anglais, les Autochtones et les Québécois, les Franco-Ontariens restent en plan.

Les Franco-Ontariens, sur les doigts d’une main

En parcourant la liste des timbres-poste émis par Postes Canada, un constat s’impose rapidement : le faible nombre de Franco-Ontariens qui s’y trouvent. Les compter sur les doigts d’une main suffit, largement.

Le premier Franco-Ontarien à être immortalisé sur un timbre-poste de Postes Canada fut Lionel Chevrier. Né en 1903 à Cornwall, Chevrier fut député fédéral et ministre dans les cabinets des premiers ministres William Lyon Mackenzie King, Louis St-Laurent et Lester B. Pearson, avant de devenir diplomate.

Le timbre sur Chevrier fut émis en 1997 dans une série commémorant aussi les anciens députés fédéraux Martha Black, Réal Couette et Judy LaMarsh.

Source : Postes Canada

Le deuxième Franco-Ontarien à avoir été commémoré sur un timbre-poste fut un sportif, le hockeyeur Denis Potvin, en 2001. Originaire de Vanier, il fut capitaine de l’équipe de hockey des Islanders de New York lorsqu’elle rafla quatre coupe Stanley d’affilé, de 1980 à 1983.

Comme pour Chevrier, Denis Potvin se trouvait au sein d’une série de timbres commémoratifs, soit celle des étoiles canadiennes de la Ligue nationale de hockey.

Source : Postes Canada

Des événements, des lieux

En 2001, toujours dans le domaine sportif, c’est un événement plutôt qu’une personnalité qui est honoré sur un timbre-poste. Il s’agit des IV Jeux de la Francophonie, tenus du 14 au 24 juillet 2001 à Ottawa-Hull.

Créés en 1989, ces « Jeux olympiques » de la Francophonie avaient été les premiers à se tenir au Canada et le premier événement sportif mondial majeur dans l’histoire de la région de la capitale nationale du pays. C’est l’entrepreneur franco-ontarien Rhéal Leroux qui fut chargé de les organiser.

Ce timbre avait été précédé par deux autres dignes de mentions liés à l’histoire franco-ontarienne : celui émis en 1998 pour souligner le 150e anniversaire de fondation de l’Université d’Ottawa ainsi que celui émis en 1983 pour commémorer le centenaire de la découverte du nickel à Sudbury (et la fondation de la ville).

Les timbres commémorant l’histoire de la Nouvelle-France

Si on extrapole pour chercher d’autres timbres ayant un quelconque lien avec l’Ontario français et son histoire, c’est du côté des personnages historiques de l’époque de la Nouvelle-France qu’on en trouvera.

L’époque de la Nouvelle-France a souvent été commémorée par les timbres au Canada. L’un de ces premiers personnages ayant vécu à l’époque du Régime français à avoir été commémoré par un timbre-poste du Canada fut Étienne Brûlé.

Considéré aujourd’hui dans la tradition populaire et une certaine historiographie comme le « premier Franco-Ontarien » de l’histoire, il n’en demeure pas moins qu’officiellement, de son vivant, Brûlé était Français.

Source : Postes Canada

Tout comme Samuel de Champlain, dont le 400e anniversaire de passage et séjour sur le territoire actuel de l’Ontario en 2013 et 2015 avait fait l’objet de grandes commémorations. Champlain a eu plusieurs timbres émis à son effigie, mais surtout liés à son rôle dans la fondation de Québec.

D’autres personnages qui ont marqué l’histoire de la Nouvelle-France et qui ont foulé l’actuel sol ontarien ont également été commémorés dans l’histoire canadienne des timbres-poste. C’est le cas des explorateurs René-Robert Cavelier de La Salle, Frontenac ou La Vérendrye.

Dollard des Ormeaux, mort en martyre en 1660 pour la Nouvelle-France dans les environs de l’actuel village de Chute-à-Blondeau, en Ontario, a eu droit à son timbre 300 ans plus tard, en 1960.

Mentionnons aussi que la rivière des Outaouais, à titre de rivière patrimoniale, a été commémorée par un timbre en 1992 dans une série comprenant quatre autres rivières historiques du Canada. La Rivière-des-Français, dans le Nord de l’Ontario, le fut à son tour deux ans plus tard dans une deuxième série commémorant cinq rivières patrimoniales liées à l’histoire du commerce des fourrures.

Les personnalités canadiennes ayant eu un lien avec l’Ontario français

Outre les personnages de la Nouvelle-France, si on continue d’extrapoler à la recherche de timbres ayant un lien avec l’Ontario français, on pourrait inclure quatre autres personnages, dont trois qui se sont illustrés sur la scène politique canadienne.

En premier lieu, l’homme fort Jos Montferrand a été immortalisé sur un timbre émis en 1992.

Source : Postes Canada

Ensuite, un timbre en 1927 pour Sir Robert Baldwin et Sir Louis-Hyppolite Lafontaine, alliés, amis, réformistes et co-premiers ministres, Lafontaine se fait élire lors d’une élection partielle à York (aujourd’hui Toronto), bien qu’originaire du Bas-Canada, une première. L’événement contribuera grandement à rapprocher les deux cultures linguistiques.

Quelques décennies après Baldwin-Lafontaine, Sir Wilfrid Laurier devient le premier francophone à accéder à la fonction de premier ministre du Canada, en 1896. Il reste en poste jusqu’en 1911 mais continua de siéger jusqu’à sa mort en 1919. Ami entre autres des Franco-Ontariens Napoléon-Antoine Belcourt et Ascanio-J. Major, Laurier sera même député de la Cité d’Ottawa de 1908 à 1910. Résident d’Ottawa, décédé dans la capitale et inhumé au cimetière Notre-Dame d’Ottawa, l’essayiste Paul-François Sylvestre a inclut Laurier en 1986 dans son livre sur les parlementaires franco-ontariens.

Enfin, un timbre commémorant Jeanne Sauvé, première (et seule en date d’aujourd’hui) présidente de la Chambre des communes du Canada et première femme à devenir gouverneure générale, a été émis l’année de son décès, en 1993.

Bien qu’élue au Québec toute sa vie politique durant et s’identifiant une fois adulte comme Québécoise et Canadienne, Jeanne Sauvé a grandi dans une famille franco-ontarienne à Ottawa et a effectué toute sa scolarité, de l’école élémentaire jusqu’au premier cycle universitaire (à l’Université d’Ottawa), en Ontario.

Source : Postes Canada

Les Franco-Ontariennes, complètement absentes

Soulignons qu’aucune Franco-Ontarienne n’a été commémoré sur un timbre émis au Canada, plus de 150 ans après la confédération!

Ce constat est peu reluisant, mais le fait est que l’Ontario français est très peu présent en général dans les timbres-poste émis au Canada, depuis le premier émis en 1851.

Pourtant, avec son histoire plus de quatre fois centenaire, l’Ontario français a des personnages dignes d’être commémorés sur des timbres-poste canadiens.