Libéraux et conservateurs contre un projet de loi sur la protection du français
OTTAWA – Libéraux et conservateurs ont voté contre un projet de loi sur la protection du français, le premier vote de ce type sous l’ère Poilievre. Les libéraux accusent le Bloc québécois, avec leur mouture, de ne pas prendre en compte la réalité des francophones hors Québec et en n’appuyant pas leur projet de loi C-13.
Le projet de loi C-238 marrainé par la députée Claude DeBellefeuille propose des mesures qui touchent principalement au Québec. La formation souverainiste voulait notamment assujettir à la Charte de la langue française les entreprises de compétence fédérale au Québec et obliger la connaissance du français comme prérequis pour un immigrant (entre 18 et 64 ans) vivant au Québec qui souhaite obtenir la citoyenneté canadienne. Plusieurs autres mesures étaient contenues dans ce projet de loi qui en regroupe deux anciens de la dernière législature et morts au feuilleton, le C-254 et C-223.
Il s’agit d’un changement pour les conservateurs qui avaient voté en faveur des deux projets de loi lors du dernier parlement. Le député conservateur Joël Godin explique qu’ils avaient été déposés avant que le gouvernement dépose C-13 en mars dernier, visant à moderniser la Loi sur les langues officielles.
« À l’époque, c’était peut-être pertinent… On veut travailler avec C-13 en comité pour faire en sorte de l’améliorer et d’avoir plus de mordant pour cette loi-là… Un projet de loi émanant d’un député est beaucoup moins fort qu’un du gouvernement », selon M. Godin sur le point de faire son entrée à la période des questions.
Il s’agissait d’un premier vote concernant la langue française pour les conservateurs depuis l’élection de Pierre Poilievre comme chef alors que le parti avait voté en faveur sous Erin O’Toole. Le porte-parole en Langues officielles dans l’opposition rejette toutefois du revers de la main un quelconque lien.
« C’est une association très facile. Je peux dire que notre nouveau chef est un défenseur du fait français », a souligné M. Godin.
« Il y a un virage là », pense le député du Bloc Mario Beaulieu après le vote. « On va voir si M. Poilievre va continuer son recul ou se rallier », a ajouté le porte-parole en Langues officielles. Il souligne que certains aspects du projet de loi seront apportés en amendements en comité sur C-13.
Les conservateurs affirment attendre que les amendements soient proposés avant de prendre position.
Pas sans les francophones hors Québec, dit Ottawa
Les libéraux ont dénoncé que le Bloc ne porte pas attention à la réalité des francophones hors du Québec avec cette tentative d’adoption.
« Le Bloc québécois prétend que le vote sur C-238 est un test, mais le véritable test pour la pérennité du français au pays, y compris au Québec, c’est l’adoption d’une nouvelle Loi sur les langues officielles renforcées qui répond à la fois aux défis auxquels fait face le français d’un bout à l’autre du pays et aux préoccupations des communautés de langue officielle en situation minoritaire », a indiqué dans une déclaration la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, refuse l’étiquette collée par le gouvernement.
« Les meilleurs amis que les francophones hors Québec peuvent avoir, c’est le Bloc québécois. C’est nous qui sommes toujours prêts à prendre leur défense », a-t-il dit, réitérant son souhait que la Loi sur les langues officielles s’applique seulement aux francophones en situation minoritaire.
Les libéraux avancent qu’avec C-13 « c’est l’avenir du français et de la francophonie canadienne qui est en jeu et qui va contribuer à l’épanouissement du français au Québec et partout au Canada ».
« Nous sommes d’accord que les belles paroles ne suffisent plus et c’est pourquoi nous espérons avoir la collaboration de tous les partis de l’opposition pour faire adopter C-13 dans les plus brefs délais », renchérit la ministre Petitpas Taylor
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a voté en faveur du projet de loi.