L’immigration francophone en hausse, mais pas au niveau de la cible fédérale
Les plus récents chiffres de nouveaux arrivants francophones au Canada atteignent de nouveaux sommets en 2022, mais pas encore à l’objectif en immigration francophone établi par le fédéral.
En prenant en compte les chiffres du second trimestre de 2022, l’Ontario serait en mesure d’atteindre sa propre cible en immigration francophone de 5 %, mais de façon serrée à 5,01 %. Ce n’est toutefois pas le cas hors de la Belle Province. Pour les mois d’avril, mai et juin, c’est 4,10 % des immigrants qui sont francophones et qui ont choisi de s’établir à l’extérieur du Québec. Depuis 2003, le fédéral possède une cible de 4,4 %, mais ne l’a jamais atteint une seule fois depuis son implantation.
Pourcentage de l’immigration francophone :
Au Nouveau-Brunswick, on est encore très loin de la cible de 33% établi par le gouvernement provincial. Jusqu’à présent en 2022, 20,3% des immigrants francophones hors du Québec avaient choisi la province bilingue alors que ce chiffre monte à 23,75% pour le second trimestre.
Pour Luisa Veronis, titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes à l’Université d’Ottawa, la tendance de la pandémie des derniers mois n’est pas étrangère à cette augmentation.
« Durant le premier trimestre, les frontières et les vols, plus ou moins, ne fonctionnaient pas (…) Ça continue la tendance du mois de mars et au mois de mai et juin qu’on voit l’augmentation la plus importante surtout pour Entrée Express et la catégorie économique. Tout le ralentissement qu’il avait eu (durant la pandémie) aurait débloqué », estime la chercheuse.
Les chiffres sont encore toutefois très loin des niveaux de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), qui veut, dès 2024, une immigration francophone au-delà de 12 % par année. L’organisme porte-parole des francophones veut ensuite une augmentation de 2 % à chaque deux ans pour atteindre 20 % d’ici 2036. Le Commissariat aux langues officielles (CLO) avait évalué dans une étude que l’échec de ces cibles constituait un manque de 120 000 locuteurs francophones au Canada depuis 20 ans.
Ces chiffres surviennent quelques jours après la sortie des données du Recensement 2021 où des experts avertissent que sans un revirement migratoire, le poids de la francophonie canadienne et ontarienne continuerait de diluer.
Entrée Express
Le ministre de l’Immigration Sean Fraser avait promis en avril que la prochaine année serait fructueuse en nouveaux arrivants francophones en raison d’améliorations à Entrée Express qui donne plus de points aux francophones.
« Je pense qu’on va voir une augmentation cette année (2022) comparativement à il y a deux ans pour ensuite atteindre la cible de 4,4 % d’ici l’an prochain », avait-il dit.
Luisa Veronis souligne d’ailleurs que ce programme constitue la catégorie d’immigration la plus populaire du second trimestre.
« Entrée Express joue avec le seuil et ils peuvent les changer d’un mois à l’autre. S’il voit que peu de gens se qualifient, ils peuvent le baisser et si beaucoup se qualifient, ils peuvent le monter », explique-t-elle.
En juillet, le ministre Fraser avait annoncé rouvrir les candidatures pour les travailleurs qualifiés et de métiers spécialisés au programme Entrée Express.
« Ça peut avoir un impact (dans les prochains mois), mais ça va dépendre si les personnes qui veulent faire une demande vont être informées et vont le savoir. Mais encore une fois, il y a beaucoup moins de francophones donc l’impact est plus grand chez les immigrants d’expression anglaise. Les candidats des provinces semblaient être la voie la plus prometteuse, car ça donnait des points de plus. Bien sûr, il y a aussi les étudiants internationaux », fait remarquer la chercheuse.
Un nouveau test de langue
Par ailleurs, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a récemment approuvé un nouveau test de langue pour les immigrants, rapportent le média anglophone CICNews. En français, il existe deux tests provenant de deux organisations indépendantes différentes : Test d’évaluation de français (TEF Canada) et le Test de connaissance du français (TCF Canada). Il existe aussi deux tests en anglais.
Les candidats comme ceux de la catégorie économique ou encore les étudiants doivent passer ce test avant de pouvoir venir au Canada. Un résultat plus élevé en français donne notamment plus de points à un candidat pour pouvoir être accepté par le Canada.
Les changements permettront à un plus grand nombre d’organisations de postuler, explique IRCC dans une note obtenue par CICNews. Selon le ministère, il existe une demande de plus en plus grande pour des tests de langue notamment en raison du mandat de IRCC « d’implanter une stratégie nationale pour supporter l’immigration francophone à travers le pays ».
« Il y aura probablement plus de demandes de la part des organisations françaises désignées pour augmenter la capacité de test, et un plus grand intérêt de la part des nouvelles organisations francophones de test cherchant à obtenir une désignation », est-il écrit.
Cette nouveauté devrait être en place d’ici le milieu de l’année prochaine.