Loi sur les services en français : la patience de l’Alberta

Le président de l'ACFA, Jean Johnson. Archives

EDMONTON – La loi sur les services en français donne quelques idées aux Franco-Albertains. Et pour cause, la province de l’or noir est la mieux placée pour obtenir à son tour une protection enchâssée légalement.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Aux côtés de l’Alberta, il ne reste plus que deux provinces à ne toujours pas bénéficier d’une loi ni même d’une politique : la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.

Avantage pour les 100000 Franco-Albertains : l’élection en mai 2015 de la néo-démocrate Rachel Notley a ravivé beaucoup d’espoirs. D’autant que l’actuelle première ministre a mis fin à 43 ans de règne sans partage des progressistes-conservateurs et s’est montrée ouverte à une politique sur les services en français.

Lors d’une rencontre avec les représentants de l’Assemblée canadienne-française de l’Alberta (ACFA), mercredi 30 mars, Mme Notley aurait discuté des premiers éléments d’une politique. De bon augure après l’épisode de l’échec de la cause Caron en Cour suprême du Canada.

Ce pas en avant avait provoqué l’enthousiasme, mais aussi la prudence pour l’organisme porte-parole des Franco-Albertains. « L’importance, c’est que l’ACFA s’assure de parler d’une seule et même voix avec le gouvernement », confiait alors son président Jean Johnson. Aux dernières nouvelles, l’ACFA a décidé de ne pas répondre aux questions de #ONfr, laissant entendre dans un échange de courriels, « être en plein travail avec le gouvernement ».

« Ça peut aller rapidement, comme lentement », analyse le politologue Rémi Léger, professeur en sciences politiques à l’Université Simon Fraser. « Certaines provinces ont des politiques qui ne sont jamais devenus lois. Tout est une question de volonté politique. En plus du désir du côté du gouvernement de l’Alberta, on sait que la communauté franco-albertaine est importante. »

Quel contenu le ministre des Affaires francophones, Ricardo Miranda, donnerait-il à une éventuelle politique? « Ce dernier a déjà évoqué l’idée d’une politique pour la communauté francophone. C’est quelque chose qui peut aller très loin. On parlerait dans cas d’un transfert de fonds et de responsabilités. »

L’exemple du Manitoba

Les provinces des Prairies sont souvent considérées à juste titre comme très en retard par rapport aux Maritimes et l’Ontario en terme de législation sur les services en français. Un pas important a été franchi en juin dernier quand le Manitoba est devenu la 6e province a adopté une loi du genre. Une initiative provenant du gouvernement progressiste-conservateur nouvellement élu de Brian Pallister.

« Les provinces s’inspirent bien souvent d’autres provinces pour écrire ces politiques et lois », croît M. Léger. « Il y a malgré tout de grandes différences entre les lois de l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, très ciblées, et celle du Manitoba, qui est beaucoup plus globale. »