L’ombudsman rappelle son indépendance face à Doug Ford

L'Ombudsman de l'Ontario, Paul Dubé. Crédit: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – L’Ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, a dévoilé son rapport annuel dans un contexte particulier : l’arrivée d’un nouveau gouvernement qui dit vouloir réduire la taille de l’État. Plusieurs recommandations concernent pourtant un manque de services et de ressources dans plusieurs sphères de la vie ontarienne.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Parfois oui, quand il y a des coupes les services sont affectés. On va voir ce qui va se passer », a confié Paul Dubé lorsqu’interrogé sur l’impact des réductions des dépenses déjà annoncées par le gouvernement élu.

Son rapport révèle que son bureau a reçu 21 154 plaintes du public en 2017-2018. C’est 174 de moins que l’an dernier. Quelque 912 plaintes concernent le Bureau des obligations familiales, organisme visé habituellement par le plus grand nombre de plaintes.

Face à un barrage de questions sur la relation qu’il s’attend à avoir avec le nouveau premier ministre, Paul Dubé s’est montré prudent. « Nous sommes là depuis 40 ans et travaillons avec n’importe quel gouvernement en place. On ne travaille pas directement avec l’exécutif, mais plutôt avec l’administration. Peu importe le gouvernement, on donne de la rétroaction et proposons des solutions », a-t-il insisté. « Il y a une méconnaissance de notre rôle, nous voulons collaborer avec les nouveaux joueurs et leur dire quel est notre rôle », a-t-il ajouté, en insistant sur l’indépendance de son organisation.

Alors qu’il affirme manquer lui-même de personnel, Paul Dubé dit ne pas craindre d’être touché par la recherche d’ « efficacité » du nouveau gouvernement. Le gel d’embauche ne le touche pas pour l’instant, a-t-il insisté.

Paul Dubé a proposé à Doug Ford de le rencontrer pour lui parler de son travail. Il n’a pas reçu d’indication de la part du premier ministre désigné sur la date d’un futur rendez-vous.

Encore des besoins dans plusieurs sphères de la vie

Paul Dubé s’est montré fier des actions de son organisme au cours des derniers mois, qui ont pu mener à des retombées tangibles auprès des Ontariens. Mais il note dans son rapport encore plusieurs failles dans le système.

En matière de soins de santé temporaires, il note un « manque de fonds pour les familles ». Concernant les enfants avec des besoins particuliers, l’Ombudsman note que « les plaintes les plus courantes portaient sur le manque de fonds et de soutien aux placements en établissement, ainsi que les problèmes d’accès aux services et aux traitements ». S’il affirme que le dernier budget vient en partie régler le problème, rien ne garantit que ces sommes soient renouvelées par le nouveau gouvernement.

Dans les prisons, les détenus ont multiplié les plaintes au cours de la dernière année. « La plupart ont trait à des problèmes ou à des retards dans l’obtention de médicaments ou de traitements, et au manque d’accès aux soins médicaux et dentaires », observe l’Ombudsman.

Des moyens pourraient aussi être nécessaires pour permettre à différents organismes gouvernementaux de mieux communiquer avec les Ontariens, qui se plaignent en grand nombre des « bureaucrates anonymes » qui ont « échoué dans leur rôle ».

Universités et conseils de Ville

Le rapport de l’Ombusdman note une augmentation des plaintes à l’endroit des établissements universitaires. Quelque 73 ont été déposées contre l’Université de Toronto, une vingtaine contre l’Université d’Ottawa et l’Université York. La plupart concernent les notes obtenues par les étudiants et des questions financières, a indiqué Paul Dubé.

L’Ombudsman souligne également des problèmes en matière de transparence dans plusieurs municipalités.

Plusieurs conseils municipaux mènent des réunions à huis clos, notamment le canton de Russell et Welland, mais rien ne permet ensuite de s’y référer, dénonce-t-il. Les conseils municipaux devraient faire « des enregistrements audio ou vidéo de leurs réunions à huis clos, afin d’en conserver des comptes rendus exacts. Durant cette année financière, il a aussi relevé un « manque de détails dans les procès-verbaux de réunions de municipalités, dont le Canton de Russell, le Canton de Tehkummah et la Ville de Welland », peut-on lire dans le rapport.