Doug Ford, premier ministre de l'Ontario, demandera la dissolution de l'assemblée législative mardi prochain. Photo : La Presse canadienne

TORONTO – Le premier ministre ontarien a déclaré, ce vendredi matin, qu’il convoquera des élections mercredi prochain. Un super-caucus mobilisera les troupes progressistes-conservatrices ce samedi, à l’aube d’une campagne électorale qui s’achèvera sur un scrutin le 27 février.

« Nous allons convoquer des élections mercredi, a déclaré Doug Ford, en déplacement à Brampton. Je vais rencontrer la lieutenante-gouverneure mardi (pour lui demander la dissolution l’assemblée législative). Il faut un mandat de la population pour lutter contre les droits de douane de Donald Trump et son attaque contre nos familles, nos entreprises et nos communautés. »

La veille, le premier ministre avait encore fait allusion à de possibles élections, sans les confirmer clairement. « Quand vous avez un mandat clair des gens, peu importe que vous soyez confronté à des tarifs ou que Trump veuille détruire notre économie. Je demande un mandat des Ontariens pour être sûr qu’on les protège », plaidait-il déjà, en marge d’un déplacement à Mississauga.

Des sources anonymes au sein du parti évoquaient aussi la date du 27 février auprès de CBC, Global News et La Presse canadienne, dès jeudi.

« Il manquait un prétexte à M. Ford pour aller en élections et il l’a trouvé en Donald Trump, entrevoit la politologue Geneviève Tellier, professeure à la faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa. Il peut convaincre les électeurs avec cette crise, sans trop montrer une autre menace pour lui : Pierre Poilievre, dont l’élection (au fédéral) pourrait abîmer son image. »

Après son investiture, le président américain a affirmé son intention d’imposer des droits de douane à la hauteur de 25 % sur les produits canadiens, dès le 1er février. Le premier ministre Ford a évoqué un impact dévastateur sur 500 000 emplois en Ontario.

« Trump a donné une belle carte à Ford, un enjeu économique qui le démarque des autres partis comme le NPD, estime Mme Tellier. Il aura plus de légitimité à offrir de l’aide publique à ceux qui vont subir les conséquences (des tarifs douaniers) s’il remporte une élection après l’avoir clairement dit dans sa campagne. »

« Relancer la fougue électorale »

« Doug Ford n’a pas besoin d’un mandat du peuple pour faire ce qu’il veut faire, mais c’est une bonne occasion pour relancer son programme, voire relancer son caucus, croit Patrice Dutil, professeur au Département de politique et d’administration publique de l’Université métropolitaine de Toronto. Son programme est à sec. Il est à la recherche de nouvelles idées, de nouvelles têtes, et rien dans son programme n’est intéressant en dehors du défi posé par Donald Trump. »

Selon le politologue torontois, de telles élections avant le terme du mandat prévu dans un peu plus d’un an et demi sont de nature à « relancer la fougue électorale » à l’avantage du premier ministre sortant, « d’autant que les libéraux sont toujours à la dérive, que les Ontariens sont assez indifférents aux élections et que l’économie pourrait commencer à piquer du nez en fin 2025, si Donald Trump applique ses tarifs douaniers. »

M. Dutil invoque une autre raison : « Ça s’annonce mal au niveau de la gestion du gouvernement. Toutes sortes de questions sont soulevées sur la santé, l’éducation, le postsecondaire… Toutes ces questions auraient continué de pourrir si M. Ford attendait trop. »

La cheffe libérale Bonnie Crombie affirme dans un communiqué que Doug Ford « ne tiendra pas tête à Trump. L’Ontario n’a pas besoin d’élections anticipées, il a besoin d’un premier ministre qui a un plan. »

Marit Stiles, cheffe du NPD, pense qu’avec ce scrutin anticipé, les Ontariens ont « le pouvoir de riposter contre Trump, de tourner la page de Doug Ford et d’élire un premier ministre qui soit de votre côté. »

« Face aux menaces de tarifs douaniers qui se profilent à l’horizon, l’Ontario a besoin de stabilité, pas d’élections, assure Mike Schreiner, chef du Parti vert. Nous devons faire preuve de force en nous unissant pour défendre les travailleurs canadiens, les emplois canadiens et les entreprises canadiennes. »