L’Ontario fait miroiter 1000 $ de congés de maladie payés par semaine

Des milliers de travailleurs tombent malades en Ontario sans bénéficier d'un système protecteur de congés payés. Crédit image: Justin Paget / DigitalVision via Getty Images

TORONTO – Après des mois de querelles et de désaccords politiques à l’Assemblée législative de l’Ontario, le gouvernement a tenté, ce mardi, de désamorcer le dossier ultrasensible des congés de maladie payés en proposant de doubler le programme mis en place par le palier fédéral, ce qui porterait l’aide combinée à 1 000 $ par semaine et par travailleur admissible. Levée de boucliers dans l’opposition, qui milite pour un programme ontarien complet et autonome.

Une nouvelle fois à l’offensive sur les congés de maladie payés, l’opposition a reçu une réponse claire en chambre. Le ministre du Travail, Monte McNaughton, a dévoilé les intentions du gouvernement : porter à 1 000 $ les indemnités hebdomadaires en cas de maladie, avec un maximum de quatre semaines et une rétroactivité de 60 jours.

« Nous demandons au gouvernement fédéral de doubler les paiements de 500 $ à 1 000 $ pour quatre semaines de congés de maladie payés », a déclaré M. McNaughton, incitant les autres provinces à emboiter le pas de l’Ontario pour peser dans la décision fédérale finale.

Le gouvernement fédéral ferme la porte

Seulement voilà, pour espérer concrétiser son projet, le gouvernement Ford doit s’entendre avec son homologue fédéral puisque la manœuvre consisterait à demander à Ottawa de financer le tout, via sa Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE), moyennant un remboursement provincial.

Sans attendre un tel mouvement, Ottawa a d’ores et déjà fermé la porte à un tel projet, arguant que sa prestation ne peut se substituer aux prérogatives provinciales en matière de travail, donnant des ailes en Ontario aux partisans d’un programme autonome, complet et simple d’accès.

La chef du NPD Andreah Horwath face au ministre du Travail Monte McNaughton. Capture d’écran ONFR+

« Lorsque l’Ontario sera prêt à mettre en place des congés de maladie pour les entreprises sous réglementation provinciale, comme nous l’avons fait pour les entreprises réglementées par le fédéral, nous serons là pour les aider », fait savoir Katherine Cuplinskas dans un échange de courriel avec ONFR+.

Pour l’attachée de presse de la ministre des Finances Chrystia Freeland, on ne mélange pas les choux et les carottes : « La Subvention salariale a été conçue pour fournir un soutien financier aux employeurs pour les salaires de leurs travailleurs qui se trouvent en congé de maladie. La Prestation canadienne de maladie pour la relance économique est là pour aider les Canadiens qui, autrement, passeraient entre les mailles du filet, soit parce qu’ils n’ont pas d’employeur régulier ou parce que leur province n’a pas encore exigé que les congés de maladie payés soient offerts. »

« Doubler un système défectueux » selon l’opposition

La province est donc priée de revoir sa copie, et par le palier fédéral, et par l’opposition.

« Pourquoi ce gouvernement injecterait-il de l’argent dans un programme fédéral qui a échoué, au lieu d’intensifier et de fournir des jours de maladie payés aux travailleurs de cette province et de leur sauver la vie? » a questionné en chambre Andrea Horwath. La chef de l’opposition officielle estime que cela reviendrait à « doubler un système défectueux. Un programme défectueux ne va pas aider les travailleurs de l’Ontario. (…) Combien de vies le gouvernement veut-il sacrifier? ».

« Nous avons été la toute première juridiction à mettre en place un congé avec protection de l’emploi pour que nos travailleurs se fassent vacciner », s’est défendu le ministre du Travail. « Mais nous demandons au gouvernement fédéral de s’assurer que les travailleurs de la province de l’Ontario ne sont pas payés en dessous du salaire minimum. »

L’aide fédérale pose plusieurs questions : elle n’est pas automatique et reste limitée aux travailleurs qui ont gagné au moins 5 000 $ au cours des 12 derniers mois. La table d’experts recommande la mise en place d’un programme provincial. Le premier ministre, les yeux humides, s’y est engagé la semaine dernière, promettant « le meilleur programme du genre en Amérique du Nord ».