L’Ontario veut renforcer sa loi anti-tabac
TORONTO – L’Ontario veut donner encore plus de mordant à sa loi anti-tabac. La province souhaite interdire la vente de cigarettes aromatisées et restreindre l’accès aux cigarettes électroniques, deux produits largement perçus par les experts comme des précurseurs au tabagisme chez les jeunes.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne veut faire disparaître des tablettes les produits du tabac aromatisés, y compris les cigarettes au menthol. Il veut, du même souffle, interdire la cigarette électronique aux moins de 19 ans et bannir son utilisation dans les endroits publics où il est déjà interdit de fumer.
« Le tabac aromatisé est le dernier outil de marketing qu’ont trouvé les compagnies de tabac pour accrocher les jeunes, pour créer cette prochaine génération de fumeurs », a déclaré Dipika Damerla, ministre associée à la Santé et aux Soins de longue durée, lors d’un point de presse, le lundi 24 novembre.
Queen’s Park souhaite aussi augmenter les amendes maximales pour la vente de tabac aux jeunes.
Le projet de loi de Mme Darmela s’attaquerait, par ailleurs, à la malbouffe. Il exigerait l’affichage des calories pour les boissons et les aliments sur les menus et les tableaux d’affichage dans les restaurants, les dépanneurs, les épiceries et les autres établissements de service alimentaire ayant 20 succursale ou plus dans la province.
Les libéraux avaient déjà déposé un projet de loi sur l’affichage calorique, mais celui-ci est mort au feuilleton lors du déclenchement des dernières élections.
Tout récemment, le gouvernement Wynne a annoncé qu’il ne serait plus possible de fumer sur les terrasses des bars et des restaurants, de même que sur certaines propriétés provinciales, comme les hôpitaux, et que le tabac ne serait plus vendu sur les campus des collèges et des universités, à compter de 2015.
Cigarette électronique
Les règles plus strictes entourant le tabac aromatisé et la cigarette électronique entreraient en vigueur en 2016.
L’Ontario deviendrait la deuxième province canadienne à étendre sa loi anti-tabac à la cigarette électronique, un produit qui ne contient pourtant pas de tabac. À l’heure actuelle, il n’y a que la Nouvelle-Écosse qui règlemente l’utilisation de ce substitut qui reproduit l’effet de la cigarette.
C’est que la cigarette électronique, bien qu’elle soit souvent commercialisée comme un appui au sevrage, aurait tendance paradoxalement à réveiller une envie de fumer chez les plus jeunes, selon les experts.
« Si un jeune voit un individu en train de fumer une cigarette électronique, ça augmente les chances qu’il devienne lui-même un fumeur », a insisté le Dr Scott Wooder, un ancien président de l’Association médicale de l’Ontario. « Cette loi va sauver des vies ».
La néo-démocrate France Gélinas, qui milite depuis des années pour bannir le tabac aromatisé, accueille favorablement le projet de loi libéral mais déplore qu’il n’aille pas assez vite.
« Moi, des conférences de presse, ça fait six ans que j’en vois. Puis, rien ne se passe. Ce que je veux, c’est de l’action », a fustigé Mme Gélinas. « Quand j’entends que les cigarettes au menthol ne seront pas bannies avant encore deux ans, alors qu’un jeune sur quatre en fume déjà, c’est trop tard. La moitié de ces jeunes vont devenir des fumeurs pour le restant de leur vie », a ajouté la députée de Nickel Belt, dans la région de Sudbury.
La Société canadienne du cancer abonde dans le même sens que Mme Gélinas. Si l’organisation salue l’initiative de Queen’s Park, elle exhorte également la province à bannir plus rapidement le tabac aromatisé, en particulier le menthol.
La Coalition nationale contre la contrebande de tabac, au contraire, croit que le projet de loi anti-tabac plus musclé de l’Ontario ne fera que mousser les affaires des contrebandiers de cigarettes. L’organisme rappelle que la province est déjà aux prises avec le pire problème de contrebande dans tout le Canada, alors que 30% des cigarettes qui y sont vendues proviennent du marché noir.