Lueur d’espoir pour un organisme francophone en alphabétisation
OTTAWA – Aux prises avec des difficultés financières, le Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC) a plaidé sa cause devant les députés du comité permanent des langues officielles, le lundi 5 février. Les députés libéraux semblent prêts à l’appuyer.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« J’ai entendu beaucoup de bons échos du travail fait par le RESDAC et l’alphabétisation est un problème dans nos communautés francophones. Il faut donc s’assurer d’y travailler et le RESDAC est un appui majeur sur le terrain », lance le député libéral néo-écossais Darrell Samson, qui a longtemps travaillé dans le milieu de l’éducation avant de faire le saut en politique.
M. Samson se dit favorable à la remise en place d’un financement de base pour permettre à l’organisme de faire son travail, soulignant sa mission déterminante, notamment pour lutter contre l’insécurité linguistique.
« Si une personne ne se sent pas à l’aise, n’a pas les compétences, pour parler, écrire ou lire, elle ne va pas contribuer à sa communauté et à son développement. » – Darrell Samson
Le RESDAC est en difficulté depuis 2014, lorsque le gouvernement conservateur avait décidé de privilégier une approche de financement par projet. Depuis, l’organisme a survécu sur ses réserves et par le biais de quelques subventions ponctuelles. Mais en novembre dernier, après plusieurs cris d’alarme, le couperet est tombé.
« Avant 2013, on était un organisme de 12 membres qui partageait de meilleures pratiques, qui mettait en place des projets d’études sur le développement des compétences essentielles », explique Michel Robillard, directeur général de la Coalition ontarienne de formation des adultes (COFA), un organisme membre, qui rappelle que le RESDAC est le seul organisme qui s’occupe du développement des compétences essentielles et de l’alphabétisme au niveau pancanadien.
Discussions sur l’avenir
Désormais, le RESDAC ne dispose plus d’aucun employé et survit grâce à son conseil d’administration qui est en pleine réflexion.
« On se demande comment évoluer à la lumière des priorités du gouvernement et de la réalité économique. On étudie les différents modèles pour s’assurer d’avoir un impact sur les citoyens dans nos communautés, car notre mission c’est de récupérer ceux que le système a échappés », précise M. Robillard.
Le RESDAC a reçu l’appui du Commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada qui avait jugé recevable la plainte formulée par l’organisme en 2015 contre la disparition de son financement et son impact sur les communautés francophones en contexte minoritaire.
Depuis, l’organisme travaille avec le ministère de l’Emploi et du Développement social.
« Il y a une écoute active et on a de l’espoir », glisse M. Robillard.
Sur le terrain
Car sur le terrain, la situation est critique pour les francophones. Selon les chiffres de la COFA, en Ontario, l’analphabétisme toucherait 48 % des francophones pour la littératie et 56 % pour la numératie.
« Des organismes comme le nôtre ont un impact significatif sur le terrain pour permettre aux francophones de se former, puis de trouver un emploi. »
Ce travail nécessite l’aide et l’expertise du RESDAC, argumente M. Robillard.
« La COFA est très orientée vers la pratique et l’opérationnel. Quand on a un organisme comme le RESDAC qui nous permet d’avoir accès à des recherches, à des modèles nouveaux qui ont été développés, on peut les utiliser et les mettre à l’essai pour voir si ça fonctionne. »
Il cite, par exemple, un projet de formation intégrée, développée par le RESDAC, que son organisme a utilisé sur le terrain, dans le secteur touristique, en ajoutant aux neuf semaines de formation technique initialement prévue, quatre semaines de formation en compétences essentielles, de la lecture à la rédaction en passant par le calcul et la communication orale.
Le temps est compté
Reste à voir si l’appui de M. Samson et des autres députés libéraux du comité suffira à sauver l’organisme, à moins de deux mois du dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles.
« On va avoir des discussions avec la ministre [Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien] et son équipe. Des rencontres comme aujourd’hui nous permettent de bien connaître les enjeux et de pouvoir en parler. Ça remet la question sur la table juste avant le budget, le timing est bon! », pense M. Samson.
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