L’Université Laurentienne nomme une rectrice bilingue
SUDBURY – L’Université Laurentienne annonce avoir nommé la prochaine rectrice et vice-chancelière en la personne de Lynn Wells, laquelle entrera en fonction le 1er avril. Francophone, contrairement à Sheila Embeton qui assure l’intérim depuis janvier 2023, Mme Wells dit vouloir défendre la mission bilingue et trilingue de l’établissement.
« Je crois fermement à l’identité triculturelle de la Laurentienne et à son engagement à offrir un enseignement bilingue », déclare celle qui est originaire de Windsor dans le communiqué transmis par l’Université Laurentienne.
Celle qui est titulaire d’un doctorat en anglais de l’Université Western, d’une maîtrise en arts en anglais et d’un baccalauréat en arts spécialisé en études anglaises et françaises explique avoir à coeur le mandat bilingue de l’établissement : « Diplômée en littérature française, je suis défenseure de l’éducation francophone depuis nombre d’années et déterminée à faire progresser la mission bilingue de l’Université. »
Ayant occupé le rôle de vice-rectrice aux études à l’Université des Premières Nations du Canada (FNUniv), Mme Wells fait aussi valoir son attachement à l’identité triculturelle de la Laurentienne.
Les programmes en français et en études autochtones ont été sévèrement touchés par la crise financière de l’établissement en 2021, au cours de laquelle 70 programmes ont étés coupés dont 29 de langue française et qui a poussé la Laurentienne à se placer sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
« En tant que descendante de colons qui a eu l’occasion d’apprendre des Premières Nations et des Métis dans le cadre de mon travail à la FNUniv, j’ai une véritable passion pour les cultures francophones et autochtones, ce qui m’a aidé à me connecter avec la mission unique de la Laurentienne de répondre aux besoins des gens du Nord et des communautés servies par l’Université », ajoute-t-elle.
Concernant le retour des programmes en français, la nouvelle rectrice confie à ONFR qu’il est trop tôt pour en parler mais qu’elle compte mener des discussions avec la communauté afin de connaître les besoins.
« Évidemment, il s’agit d’une excellente nouvelle. Elle présente un profil aussi bien en tant que professeure qu’administratrice qui est exceptionnel », a fait savoir en entrevue Fabrice Colin, président de l’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne (APPUL) qui dit, néanmoins, afficher « un optimisme prudent. »
Et d’ajouter : « Il y a des beaucoup à faire afin que le processus de reconstruction de l’université puisse aller de l’avant et surtout rétablir l’ouverture, la transparence, la collaboration avec les partenaires syndicaux et la gestion collégiale qui ont fait tant défaut dans les dernières années. »
Vente des biens immobiliers, embauche de personnel, finalisation du plan stratégique : la rectrice assure qu’elle aborde avec optimisme les nombreux défis qui l’attendent à son entrée en fonction dans trois mois et dis être en contact avec la rectrice intérimaire afin d’être prête d’ici là.
L’ombre de l’Université de Sudbury
L’Université de Sudbury a reçu un refus de financement de la part du gouvernement provincial en juin dernier et plusieurs organismes et personnalités publiques demandent le transfert de la programmation en français de l’Université Laurentienne vers l’établissement.
Le regroupement des étudiants franco-ontariens (RÉFO) a félicité Mme Wells pour sa nomination via X, avant d’ajouter : « Toutefois, si Mme Well veut se positionner comme défenseure de la francophonie, elle doit s’asseoir avec l’Université de Sudbury et facilite la transition vers le par, pour, et avec la communauté. »
Dans un gazouilli adressé volontairement en anglais à la Laurentienne, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) écrit : « Se présentant comme une défenderesse de l’éducation francophone, nous nous attendons à ce qu’elle agisse selon les souhaits de la communauté franco-ontarienne en concluant un accord pour transférer les programmes de langue française vers l’Université de Sudbury », a réagi pour sa part l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
« À l’heure actuelle, c’est une université bilingue qui ne dispose ni de programme ni de département de français, alors que certaines universités anglophones ont à la fois des programmes et des départements d’études françaises. Donc c’est sûr que ce sera sûrement une des premières missions à laquelle devra s’atteler la nouvelle rectrice », juge de son côté M. Colin.
Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a lui aussi réagi en déclarant : « L’Université de Sudbury s’engage à poursuivre le travail avec vous pour réaliser la vision d’un environnement universitaire réellement bilingue et triculturel à Sudbury. »
Sans répondre directement à cette question, Mme Wells laisse savoir : « Pour moi, ce serait très important de faire un bon partenariat avec l’Université de Sudbury qui se trouve sur le même campus que la Laurentienne alors c’est un partenaire important. »
Depuis 2020, Mme Wells a été vice-rectrice principale aux études à l’Université Brock, Ste. Catharines, où pendant quinze mois elle a occupé simultanément le poste de rectrice intérimaire.
En plus d’avoir été enseignante, elle a été, tour à tour, doyenne intérimaire et doyenne associée à la recherche et aux études supérieures ainsi que vice-rectrice associée aux études à la Faculté des arts de l’Université de Régina ou encore la première vice-rectrice associée à la population étudiante et à l’enseignement à l’Université MacEwan à Edmonton.
Après le départ à la retraite du recteur Haché en juillet 2022, lequel était en fonction lors de la crise, Tammy Eger avait assuré son remplacement avant la nomination de Sheila Embeton, en décembre 2022.